Venezuela : du sang et des larmes

FT-Maduro-revocatorio

Dans un pays classé parmi les dix premiers plus grands producteurs de pétrole et dont les réserves seraient parmi les premières du monde, mais qui est ruiné par une gestion politique, économique et sociale catastrophique, le président Maduro continue de s’arc-bouter sur son pouvoir puisqu’il aura réussi à éviter le référendum révocatoire pourtant inscrit dans la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela. Au prix du sang et des larmes de son peuple, dont il n’a visiblement que faire, malgré l’amplification de la contestation populaire depuis plusieurs semaines et les manifestations monstres à Caracas mais aussi dans tout le pays aux cris de « No a la dictadura » et « Eleccionnes ».

Des manifestations toujours plus violentes : onze morts dans des affrontements avec les forces de l’ordre et une dizaine de personnes ont également perdu la vie au cours des nombreux pillages…

Selon le dernier sondage de l’institut Venebarómetro, 68 % des Vénézuéliens souhaitent le départ de Nicolás Maduro… Dans un pays non seulement frappé par la pénurie mais aussi la criminalité sous toutes ses formes : plus de 28.000 morts violentes en 2016, selon l’ONG Observatorio Venezolano de Violencia, dans un pays de 30 millions d’habitants qui souligne
le délitement de la société vénézuélienne !

Enfermé dans une stratégie de fuite en avant, Maduro cherche — par des manœuvres multiples et dilatoires (appel à la tenue des élections régionales qui avaient été annulées en décembre, déclarations ambiguës sur la reprise du dialogue avec l’opposition, demande d’une nouvelle intercession papale dans ce conflit), et fort de la confiance de l’armée et des principaux cadres chávistes — à gagner du temps et faire face à la fronde populaire (rappelons qu’il avait remporté de justesse l’élection présidentielle en 2013 : 50,62 % des suffrages contre 49,38 % pour Henrique Capriles Radonski, l’un des principaux leaders de l’opposition, qui vient d’être déclaré inéligible pour quinze ans !).

Une stratégie qui repose sur une éventuelle et significative remontée des cours du pétrole qui serait inespérée sur le plan économique et/ou une éventuelle intervention « extérieure » qui serait, elle, inespérée sur le plan politique…

Ceci explique la position très prudente des pays leaders de l’OEA (Organisation des États américains) — Argentine, Brésil et Colombie —, qui « incite » à une élection présidentielle anticipée. Quant aux États-Unis, après la confiscation, la semaine dernière, de l’usine de Valencia du groupe américain General Motors et la multiplication des manifestations, le secrétaire d'État américain Rex Wayne Tillerson a déclaré "suivre les événements avec préoccupation"

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:55.
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Jean-Marie Beuzelin
Écrivain et journaliste

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