Quand les « vegans » nous prennent pour des dindes
La bêtise est décidément incommensurable et intarissable. Ainsi voit-on pousser, depuis une semaine, une dizaine de panneaux d’affichages dispersés dans Paris, montrant une tête de chien rôtie sur un plateau de Noël, avec le slogan "Si vous ne pourriez pas manger un chien, pourquoi manger une dinde ? Changez de tradition : devenez végan."
D’abord, parce qu’elle sonne atrocement à l’oreille – et que, partant, pour cette seule raison, cette campagne de sensibilisation devrait être aussitôt doublée d’une tout aussi impérative campagne de défense de la langue française –, on relèvera cette impardonnable faute d’orthographe qui consiste à associer la conjonction « si » avec le conditionnel. Qui ne sait que, lorsqu’on emploie celle-là, qui exprime déjà une condition, il est redondant et inutile de la doublonner d’un verbe conjugué au conditionnel et exprimant, comme son nom l’indique… la condition.
Cette campagne a été mise en œuvre par PETA France (People for the Ethical Treatment of Animals), association fondée en 1980, spécialisée dans la défense des droits des animaux, dont la maison mère est basée dans l’État de Virginie. Ceci expliquant, sans doute, cela, les affiches ayant vraisemblablement été conçues et rédigées par des Américains.
Voilà pour la forme, laquelle, pour un Français soucieux de ne pas laisser maltraiter la langue de Du Bellay, occulterait volontiers le fond. En l’espèce, celui-ci est d’une rare stupidité démontrant, à l’occasion, l’aveuglement, jusqu’au délire, des zélateurs « antispécistes » de la cause animale. Ainsi, opposer, par le mot et l’image, deux « traditions » alimentaires ou coutumes culinaires, au nom d’une soi-disant autre tradition végétarienne (foin de cet affreux anglicisme "vegan" si répandu), relève de l’escroquerie intellectuelle. La consommation d’un aliment carné (le porc, dans un premier temps, remplacé ensuite par la dinde) à Noël est une coutume européenne ancienne, de la même façon que la cynophagie a cours au Vietnam, en Corée, en Chine, en Indonésie, voire dans certaines contrées africaines.
L’homme est omnivore. Il ne s’agit pas d’un fait de culture mais de nature, ce qui signifie que si la nécessité de s’alimenter est physiologiquement objective, le choix d’ingérer tel ou tel aliment ressortit à la subjectivité la plus intégrale. Chercher à imposer le végétarisme à coups de 4x3 publicitaires, outre son présupposé « progressiste », implicite et trompeur, s’inscrit dans une démarche totalitaire.
Or, le vrai problème n’est pas la consommation de viande mais sa méga-industrialisation planétaire et toutes les conséquences sanitaires et écologiques qu’elle engendre au mépris de toutes les lois phylogénétiques et écosystémiques régissant le vivant depuis l’aube de l’humanité. Il s’ensuit inévitablement un processus de rentabilité turbo-capitalistique qui ne peut faire l’économie de la maltraitance animale qui, en dépit des normes sanitaires existantes, est une indéniable réalité.
En outre, l’on ne signalera jamais assez que la prolifération de pratiques alimentaires exotiques, du fait de la présence massive, sur le sol européen, de mahométans d’importation, ne plaide guère non plus en faveur du bien-être animal. Une fois de plus, la nature n’a plus rien à voir quand nous sommes en présence de faits foncièrement culturels ravalant nos amis les bêtes à la froide conscience cartésienne de l’animal-machine.
Finalement, en nos sombres temps postmodernes, les animaux sont pris en tenaille entre l’option libérale-capitaliste de l’Occident et le rigorisme halal-musulman, tous deux abondamment encouragés par les deux dogmes irréfragables du libéralisme et de la laïcité.
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