Vandalisme et puritanisme : sale temps pour l’art !

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En 2022, Roselyne Bachelot affirmait que Marine Le Pen « représent[ait] une menace pour la culture ». Dans les faits, les menaces viennent d’ailleurs. Un tableau peut être aspergé de soupe par un militant écologiste, censuré par des élèves musulmans ou décroché des cimaises sous pression wokiste. Et il peut être tagué à la bombe et découpé au cutter par une militante pro-palestinienne. C’est ce qui est arrivé, ce 8 mars, au grand portrait de Lord Balfour (1848-1930), à l’université de Cambridge.

L’acte a été filmé et revendiqué par le collectif « Palestine Action », qui se présente comme « le réseau d’action directe qui veut abolir la complicité britannique avec l’apartheid israélien ». Mettons en regard la devise de Cambridge : « Hinc lucem et pocula sacra », c’est-à-dire « [Trouve] ici trouve la lumière et les nourritures célestes » - on voit la différence de perspectives. Gageons que la destruction de l’œuvre n’aura pas choqué grand monde dans une université gangrenée par le wokisme qui, en octobre dernier, « décolonisait » sa bibliothèque et annulait une représentation de Saül, oratorio de Haendel consacré à Saül et David. Deux rois juifs ! Shocking, après les attentats du Hamas.

Ce n’est pas en tant que chancelier de Cambridge que Lord Balfour a été attaqué, mais comme auteur de la Déclaration Balfour (1917). Adressée à Lionel Walter Rothschild, le financier du sionisme, elle l’assurait que le Royaume-Uni était favorable à la création d’un foyer national pour le peuple juif en Palestine. Le collectif « Palestine Action » s’en était déjà pris à une statue de Lord Balfour. En novembre 2022, il avait aspergé de peinture une statue de l’homme politique dans la Chambre des communes. La statue aura été nettoyée. Les restaurateurs pourront-ils remettre en état le tableau sacrifié sur l'autel du vandalisme ?

Quand Google juge Rubens

Autre menace pour l’art, plus sournoise, quasi insaisissable : les GAFAM. On apprend par Ouest-France que l’application de visite du Musée d’arts de Nantes est classée « orange », avec « accord parental » préalable. En cause, une grande toile de Rubens, Judas Macchabée priant pour les défunts (1635). La toile célèbre la victoire juive sur Nicanor, général séleucide. Sa tête est brandie au bout d’une pique, et c’est cela qui contriste Google. Chef-d'œuvre dangereux pour la jeunesse !

La classification se fait en fonction de facteurs tels que sexe, violence, drogue, jeux d’argent, langage grossier. Or, Rubens est resté en deça de la « violence » du texte biblique (II Macc., chap. XV). Le tableau ne montre pas le bras de Nicanor tranché ni sa langue donnée aux oiseaux. Mais peu importe, pour Google : l’application de visite est interdite aux moins de 12 ans.

Le nécessaire "Accord parental" pour l'application sur Play Stor. (Capture d'écran BV.)

Directrice du musée de Nantes, Sophie Lévy commente, auprès du Figaro : « On remplace le Beau par le Bien ; et, par ce jugement moral, on retire quelque chose aux œuvres. » Et encore n’est-ce pas à un Bien transcendantal qu'on se réfère : c’est le Bien selon Google, une entreprise technologique dont on n’attend pas qu’elle légifère ou qu’elle innove en la matière. Comme l’écrit Jean-Frédéric Poisson, sur X : « Google s’émeut de l’éducation des jeunes et censure un tableau de Rubens. Ces mêmes jeunes, abreuvés (grâce à qui ?), par les jeux, séries et images d’actualité sans retenue, d’images autrement plus traumatisantes. Hypocrisie du totalitarisme puritain ! » Une suggestion que nous faisons au musée de Nantes : en revenir au bon vieux guide imprimé sur papier, dont il n’aura de compte à rendre à personne. La saine liberté, quoi.

Le tableau de Rubens jugé dangereux pour la jeunesse. © Wikipedia

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Certains individus dont le QI est au niveau des égouts, ont la fâcheuse tendance à saccager, briser, brûler, anéantir, détruire, casser, souiller tout ce qu’ils ne pourront jamais comprendre ? A une époque pas très lointaine, ils étaient cloués au pilori ou jetés aux oubliettes, ne pourrait-on pas remettre à l’ordre du jour ces fondamentaux afin d’alléger et embellir l’existence du genre humain ?

  2. Il y a toujours des gens prêts à filmer ceux qui s’attaquent à des oeuvres d’art. Mais il n’y a jamais personne pour intervenir et flanquer une bonne rossée à ces abrutis !
    Signe des temps sans doute, et c’est bien triste.

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