Vague de terreur en tout genre dans les universités

stock

Elle a décidé de jeter définitivement l'éponge. Elle démissionne. Les insultes, les menaces, les manifestations, les accusations de « transphobie » ont eu raison de sa résistance. Kathleen Stock ne partage pas l'idéologie des théoriciens du genre. Pour elle, « le sexe n’est pas juste quelque chose dans votre tête, c’est une réalité biologique, avec des implications médicales ou sportives ». Dans cette université du Sussex en Angleterre, cela faisait maintenant trois ans que sa tête était mise à prix.

Kathleen Stock n'est pas un cas isolé. J.K Rowling, pour avoir dit que « les femmes ont des règles », est elle aussi clouée au pilori des déconstructeurs. Selina Todd, une autre universitaire anglaise, est contrainte de s'entourer d'agents de sécurité lorsqu'elle prononce une conférence. Elle milite pour que les prisons réservent des espaces intimes pour les femmes. Alors ses collègues l'ont bannie des réseaux de recherches et sa direction « n'a rien fait pour la protéger du harcèlement ».

Leurs adversaires les nomment les TERF : « Trans-exclusionary radical feminist » (féministes radicales excluant les trans). C'est le nouveau combat du siècle : celui des féministes contre les transgenres. Il est ultra violent : J.K. Rowling évoque ces menaces de mort qui pourraient « recouvrir la façade de ma maison ». Les loups se mangent entre eux...

Des hommes aussi sont pourchassés par la meute : Jo Phoenix, pour avoir voulu traiter du sujet des transgenres en prison lors d'une conférence à l'université de l'Essex, s'est vu signifier la fin de sa carrière. Définitivement blacklisté par sa direction.

Ulcérés par ce totalitarisme intellectuel d'un nouveau genre, certains tentent de réagir. En signant des tribunes dans la presse, en récoltant des témoignages pour la plupart anonymes comme cet étudiant : « J’ai sincèrement peur de parler en faveur de ces courageuses femmes qui risquent tant à aborder ce sujet toxique et compliqué [du genre], j’ai peur d’être harcelé, de perdre des amis et de passer à côté d’un bon emploi. » D'autres sont plus téméraires : Lisa Keogh, coupable d'avoir dit que « les femmes ont un vagin », a décidé de porter plainte contre son université qui la menaçait de sanctions disciplinaires.

En France, la théorie du genre progresse. Propulsée à l'école par le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui oblige désormais professeurs et instituteurs à se soumettre aux délires des changements de sexe des enfants dès le CP.

Si la question des transgenres n'occupe pas encore tout l'espace à l'université, d'autres idéologies règnent en maîtres. Mêmes méthodes, mêmes trahisons et mêmes couardises des responsables hiérarchiques qu'outre-Manche et bienvenue dans le monde du « wokisme » ! Klaus Kinzler, enseignant à Sciences Po Grenoble, peut en témoigner. Ce professeur d'allemand a été, avec un collègue, la cible d'étudiants islamo-gauchistes. Son crime ? Avoir contesté le titre d'une journée de débats dans lequel « racisme, antisémitisme et islamophobie » étaient mis sur le même plan. Le top départ d'un lynchage en règle avec inscriptions sur les murs de l'établissement : « Des fascistes dans nos amphis. L’islamophobie tue. »

Mais Grenoble n'a pas le monopole du terrorisme woke. Sylviane Agacinski, pourtant philosophe de gauche, n'a jamais pu tenir une conférence à l'université de Bordeaux, en 2019, car opposée à la GPA. Alors que des réunions ultra discriminantes non mixtes ou de networking réservées aux personnes LGBT sont monnaie courante sur les campus...

En Angleterre, Boris Johnson soutient un projet de loi pour lutter contre le « wokisme » qui vise à faciliter les recours d’étudiants ou d’enseignants contre les universités s’ils estiment que leur liberté de parole n’a pas été respectée. Kathleen Stock a décidé de migrer aux États-Unis pour une université privée. À Grenoble, l’inspection générale de l’éducation et de l’enseignement supérieur a, un temps, réclamé mollement des sanctions contre les agitateurs de troubles. La commission de discipline a tranché : relaxe pour la dizaine d'agitateurs. Klaus Kinzler n'a plus besoin de protection policière, il n'est jamais retourné dans cette école « inapte » qui l'a « sacrifié comme un pion » (L'Opinion). Il a écrit un livre pour raconter. À paraître au mois de mars prochain. Pour ceux qui veulent comprendre ce qui nous arrive...

 

Illustration : Kathleen Stock

 

 

 

 

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

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