Un rapport du Sénat pointe la baisse de niveau des enseignants en mathématiques

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Gérard Longuet est l’auteur d’un rapport du Sénat sur la perte d’attractivité du métier de professeur de mathématiques. Entre 2010 et 2020, le nombre de postes non pourvus au CAPES externe de mathématiques a crû de 153 places et, en 2019, 19 % des places offertes à ce concours n’ont pas trouvé preneur, faute de candidats d’un niveau suffisant. Or, il court de nombreuses légendes sur les erreurs graves commises par les derniers reçus à ce concours, ce qui signifie sans doute qu’on ouvre le métier de professeur de mathématiques à des étudiants qui n’auraient sans doute pas été admis si le nombre de candidats était suffisant. Qu’on me permette une anecdote personnelle : il y a une vingtaine d’années, j’ai donné un cours de remise à niveau à des professeurs de collège. Je me suis aperçu avec effarement qu’ils ne savaient pas tracer des droites, ce qui pourtant fait partie des compétences de base des élèves ! La situation a dû encore empirer depuis.

Une des causes de la faiblesse de recrutement en mathématiques tient aux rémunérations peu attractives des enseignants en début de carrière. Avant la récente revalorisation salariale des premiers échelons, les professeurs débutants gagnaient à peine plus que le SMIC. Les étudiants compétents en maths choisissent d’autres métiers plus rémunérateurs. En outre, le vivier des étudiants est peu important, puisque seulement 30 % des étudiants suivent un cursus scientifique.

Le résultat est un effondrement du niveau de mathématiques des élèves français mesuré par le classement PISA et par les autres enquêtes internationales : nous sommes derniers, ou presque, en Europe ou dans l’OCDE. Plus grave : les conditions d’enseignement sont peu favorables, en France (nous sommes l’avant-dernier pays au monde pour le bruit en classe, juste au-dessus de la Tunisie) et le nombre d’heures de cours de mathématiques a baissé, depuis trente ans. On estime à une année d’enseignement l’équivalent du volume horaire disparu pendant cette période. La réforme du lycée va encore accentuer ce recul, puisqu’en première et en terminale les élèves peuvent désormais choisir de ne plus faire de mathématiques. Déjà, les professeurs des écoles qui sont chargés des mathématiques dans le primaire et qui, pour la majorité, sont recrutés parmi les étudiants littéraires ont une formation très insuffisante dans cette matière que, pour l’instant, ne corrige pas la formation reçue après le concours. Comment enseigner correctement une matière qu’on ne maîtrise que superficiellement ? Le rapport Torossian-Villani écrit après le choc du classement PISA, préconise de développer la formation continue en mathématiques des anciens professeurs des écoles, ce qui a commencé à avoir un début de réalisation, mais le chemin sera encore long avant de redresser la barre.

Dans le secondaire, la formation continue en mathématiques est encore dans les limbes. Il faudrait la mettre en place et, surtout, qu’elle soit efficace. Trop souvent, on s’attache à développer, lors de ces séances, la pédagogie au détriment du contenu qui devrait seul primer puisque, comme je l’ai déjà souligné, il est défaillant chez un trop grand nombre de professeurs. L’idéologie « pédagogique » n’aide pas à résoudre la crise.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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