Un dimanche après-midi à l’Élysée : Emmanuel Macron joue au petit train

macron rer

C’est bien connu, les dimanches après-midi sont interminables, une fois passé le déjeuner, le café et les cerises à l’eau de vie. L’Élysée ne doit pas échapper au phénomène. « Du coup », Emmanuel Macron s’est offert une petite séance sur les RS (pardon, les réseaux sociaux). Un direct live qu’on dit, je crois. Le chef de l’État était rasé du matin, portait la cravate et avait laissé le sweat à capuche au vestiaire. Il avait tombé la veste mais, bon, Kennedy faisait bien pareil. Sujet : l’écologie, l’environnement, la planète et tout ça. La cible ? Les jeunes, on imagine.

Et là, prenant tout le monde de court (gouvernement, élus et tout le reste), Emmanuel Macron nous annonce qu’il a pour projet de mettre des RER tout partout en France. Enfin, presque : dans dix métropoles. Pourquoi dix ? Parce que c’est un chiffre rond, j’imagine. La France entière envie Paris et sa grande banlieue : son RER bondé aux heures de pointe et interdit de fait aux femmes aux heures creuses, passé certaines stations, alors le président de la République s’est dit : « Tiens, et si on offrait à la province un RER, histoire de leur faire plaisir ! » Alphonse Allais rêvait de construire les villes à la campagne, Emmanuel Macron, lui, veut transférer Paris et sa banlieue en province. Blanche-Neige voyait des nains partout, Macron, c’est des trains qu’il voit partout. Ça lui a pris comme ça. L’esprit d’escalier, peut-être, avec un Castex qui prenait, ce lundi, ses fonctions de PDG de la RATP, accueilli comme il se doit par des agents en grève.

L’idée, au fond, n’est pas idiote, quand on y pense. Qui dit RER dit moins de gens prenant leur voiture pour aller bosser à l’autre bout de la métropole ou dans les hyper-centres. Ce qui, en revanche, est plutôt rigolo, c’est qu’au début du mois de novembre, à l’Assemblée, les oppositions LFI, PS et LR avaient fait voiture commune pour accorder trois milliards d’euros supplémentaires au ferroviaire. Mais cet amendement avait été retiré par le gouvernement du texte voté sous 49-3. Alors, que s’est-il donc passé, entre-temps, dans la tête du Président ? A-t-il eu une révélation, genre Claudel, caché derrière des lunettes de soleil et un pilier métallique de la station Saint-Michel ? Vous n’y comprenez rien. Ces trois milliards, c’était pour demain, 2023, du pousse-mégot à la petite semaine. Macron, lui, voit loin, beaucoup plus loin, se projette à dix ans, trace des perspectives, sculpte la fumée de l’avenir. Un mélange de Louis XIV perçant des allées dans le parc de Versailles et de Ferdinand de Lesseps un canal dans le désert. « Pour tenir notre ambition écologique, je veux qu’on se dote d’une grande ambition nationale », s’exalte tout seul Emmanuel Macron, dans son grand bureau, face à un public d’internautes qu'on imagine emballé. Neuf mois après sa non-campagne présidentielle et son projet torché à la va-vite pour les cinq prochaines années, Emmanuel Macron nous invente le train électrique. Il est vrai qu’il est petit-fils de cheminot, comme il a tenu à le rappeler, une nouvelle fois. Dans l’imagerie d’Épinal de notre pays, ça fait toujours bien, genre Jean Gabin mettant du charbon dans la chaudière de la loco.

Au fait, il a parlé de choses qui fâchent, notre mécano des temps nouveaux ? C’est-à-dire ? De ce qu’il faut pour alimenter la chaudière : les sous. Ah non ! Il n’allait pas gâcher ce joli dimanche après-midi à l'Élysée placé sous le signe du sauvetage de la planète. François Durovray, président LR de l’Essonne et, par ailleurs, membre du Conseil d’orientation des infrastructures, calme un peu ce bel enthousiasme, rapporte Le Monde. Certes, cet élu dit « Chiche ! » mais rappelle que « pour faire ces RER dans dix agglomérations, il faut plus de 30 milliards d’euros sur les cinq prochaines années, c’est le double de ce qui est prévu ». Vous me direz qu'un train de mesures peut en cacher un autre...

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

62 commentaires

  1. Au lycée il jouait au théâtre où il y avait des accessoires vestimentaires. Rien n’a changé il joue au président multicartes à l’Elysée et inventé des nouveautés pour marquer l’histoire. Or, il l’a déjà marqué par son incompétence destructrice de notre nation. Quand il sera plus grand il pourra rendre le train tout seul…

  2. Et le col roulé???? visiblement on est bien chauffé à l’Elysée!…….. en même temps: faites ce que je dit, pas ce que je fais!

  3. mais en même temps, il y a quelques annees il etait pour les bus entre les grandes villes…….et a fait fermer le train de nuit perpignan rungis pour amener le maraîchage du sud de la france à Paris! Il a l’écologie ferroviaire de fraîche date!

  4. Il est bien connu dans un certain domaine que lorsque certains sont dans l’incapacité de gérer le présent ils s’acharnent à gérer l’improbable futur ! Dommage que cela n’est pas été fait pour le nucléaire !

    • Il gère aussi SON futur, car l’enrichissement personnel pour un tel projet est somptueux, alors il y pense le 1er corrompu de France.

  5. Tenue de cheminot confectionnée chez Hermes le voici à nouveau sur les écrans le directeur de supermarché en faillite. Un bilan catastrophique, un endettement surréaliste, un pays auquel on a arraché son âme. Ne sachant plus quoi dire, ne sachant plus quoi inventer, le patron de centre de pertes s’imagine en Charles de Gaulle décidant des grandes infrastructures pour la France.

  6. Un grand projet de plus pour un pays qui décidément a de l’argent en trop. Il est vrai que cela permet de donner du boulot aux copains, toujours prêts à renvoyer l’ascenseur.

  7. Qu’il nous soit permis d’en rire… c’est tout ce qui nous restera bientôt en bien propre. Merci pour cet article excellent

  8. Qui ose encore écouter, croire en ce bonimenteur ! Il n’est même plus crédible auprès des chefs d’Etat étrangers !

    • Tout le monde rigole, sauf les Français qui commencent à en avoir assez de ce guignol. Mais je plains celui ou celle qui lui succédera et sera critiqué(e) pour ne pas réussir à réparer assez vite tous les dégâts, ce champs de ruine qu’est devenue la France dans tous les secteurs.

  9. À sa très grande collection de costumes professionnels, manquait celui de cheminot.
    D’ici à ce qu’il nous fasse un remake de « la bête humaine », il n’y a qu’un pas qu’il n’hésitera pas à franchir, dusse-t-il traverser la rue en courant.
    Il paraît même qu’il aimerait (rêverait) recevoir le Prix Nobel de la Paix.
    Sa folie n’a d’égale que sa ressemblance avec Ceaușescu, toujours plus !

  10. Macron conjugue tous les verbes au futur : à chaque visite d’un territoire, c’est « nous le ferons », « nous allons débloquer des moyens », « nous allons réindustrialiser le pays »…
    Nous avons le programme de tout ce qu’il fera quand il ne sera plus là…

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