[TRIBUNE] Loi agricole : « Green Deal » ? Non « Green Dead »
L’agriculture française s’effondre, les paysans manifestent sur tout le territoire, toutes régions et productions confondues, et le gouvernement a le cynisme de leur proposer une « loi de préservation de la souveraineté agricole et alimentaire » alors qu’il ne cesse de livrer leurs marchés à la concurrence étrangère : interne à l’Europe par défaut d’harmonisation fiscale et sociale des États membres, externe sous l’effet des concessions commerciales à des pays tiers, l’agroalimentaire importé servant de monnaie d’échange aux exportations industrielles allemandes. En conséquence, l’excédent commercial agricole de la France se réduit comme peau de chagrin, malgré la bonne tenue des ventes de céréales et, surtout, de vins et spiritueux à forte valeur ajoutée. À tel point que le solde de sa balance commerciale dépasse à peine celui du Groupe LVMH ! On comprendra, alors, le mutisme du projet gouvernemental sur le revenu agricole en berne, conséquence de sa politique délibérée en faveur de la nébuleuse « Environnement ». C’est pourquoi il nous propose de parler d’autre chose : d’avenir plutôt que de présent.
Revoir les formations, c'est enfoncer des portes ouvertes
Ainsi, le ministre de l’Agriculture et… de la Souveraineté alimentaire, qu’on découvre tant il s’est fait discret jusqu’ici, veut « donner du souffle à la politique d’installation et de transmission entre générations » par une loi traitant de la formation qui aura cet avantage de faire l’unanimité sur son exigence sinon sur son contenu ; elle vise un relèvement de la formation des candidats à l’installation par la création d’un Bachelor Bac+3 ou +5.
️✅L’@AssembleeNat a adopté ce jour la loi d’orientation agricole ! Nous agissons pour préserver la souveraineté agricole et alimentaire du pays, former une nouvelle génération d’agriculteurs et donner un nouveau souffle à notre politique d’installation et de transmission. pic.twitter.com/75FhnbJZJU
— STEPHANE TRAVERT Avec Vous (@StTRAVERT) May 28, 2024
Très bien, Monsieur le Ministre, mais vous enfoncez des portes ouvertes ; d’autres sont passés bien avant vous. La grande loi agricole de 1960 a créé des lycées agricoles publics, à raison d’un par département, qui seraient en sous-effectif s’ils ne s’étaient pas réorientés vers l’écologie ; cinq grandes Écoles supérieures privées et publiques (les « Agro ») diplôment, chaque année, des promotions d’ingénieurs en agriculture qui, installés, gèrent bien et courageusement leurs exploitations. Des centres de formation et de perfectionnement pour adultes ont été créés. Les services des chambres d’agriculture, des centres de gestion agricoles et des coopératives renseignent et conseillent quotidiennement les producteurs alors que vos directeurs départementaux, raides dans leurs bottes, le missel européen en poche, les surveillent par satellite, leur lourde machinerie informatique les assistant pour sanctionner la moindre défaillance.
Maîtriser le foncier ?
Même observation pour l’intérêt porté par le ministère à la maîtrise du foncier agricole et la charge que représente, pour un jeune paysan, l’acquisition de terres à travailler. Toute une panoplie d’outils (SAFER, GAEC, GFA, EARL…) existe pour assurer une meilleure répartition des terres disponibles et solliciter des capitaux extérieurs sans nuire à leur exploitation par d’authentiques paysans. En revanche, on attend du ministre qu’il porte remède à la disparition des terres agricoles par artificialisation et reforestation à raison de 55.000 hectares chaque année et qu’il fasse voter une loi pour interdire aux étrangers d’acheter les terres de France, comme le font les Chinois par milliers d’hectares.
Mieux fliquer ?
Mais la consigne élyséenne est tout autre : il faut donner des gages aux écolos et aux antispécistes. À cette fin électorale, le flicage des exploitants agricoles est promis : on fermera les grands ateliers de poules pondeuses en ouvrant ainsi une brèche aux importations ; les épandages agricoles seront contrôlés et, pour certains, interdits ; la vidéosurveillance sera installée dans les abattoirs (en commençant par ceux qui pratiquent l’abattage rituel ?) ; les plaintes des particuliers seront mieux reçues, les infractions seront sanctionnées par des amendes doublées, des préposés zélés seront embauchés pour ce faire.
À nouveau, la France scie la branche sur laquelle elle est assise en s’installant au rang de meilleur élève de l’Europe pour promouvoir les règles suicidaires édictées par la Commission européenne et inscrites dans son projet « Green Deal » qui condamne l’agriculture française à mourir en vert sous Green Dead !
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6 commentaires
100% d’accord avec votre tribune M Guillaume : cependant la FNSEA a toujours été de connivence avec ceux que vous dénoncez et elle continue encore à organiser des manif pour faire baisser la tension du monde agricole tout en acquiesçant aux plans gouvernementaux . La marxisation des esprits ne date pas d’aujourd’hui et le bon sens paysan est trop souvent relégué derrière des préoccupations pas toutes honorables . Malgré votre bonne volonté , votre intelligence et votre courage vous avez été , vous aussi ,utilisé ou berné par le système.
Mais il reste encore beaucoup à sauver ne serait-ce que « le pain de ce jour ». Que tous les écolos et autres donneurs de leçons n’oublient jamais qu’ils mangent tous les jours et qu’ils vivent sur le dos de la bête pas si immonde que ça . Si vous voulez que ça change , ne vous gênez pas pour mettre la main à la pâte : bienvenue dans le monde des courbatures , de la terre au ras du sol et de l’exposition permanente aux aléas climatiques . Pour nous , paysans , le mauvais temps est celui qui dure…
Mais il me semble qu’un certain agriculteur à l’origine des manifestations des agriculteurs a dit qu’il était satisfait à titre personnel des promesses du gouvernement et qu’il stoppait donc son action,et hop le revoilà. Mais combien d’entre eux ont voté à gauche et Macron ? Un sur deux je présume.
Que l’on me cite le nom d’un seul de ces élus qui possède la moindre connaissance du monde agricole .
Très vrai.
Tout est dit , nous avions peut-être la meilleure agriculture du monde et à force de destruction de tout ce qui faisait notre force nous allons bientôt importer tout ce que nous mangerons. Il est primordiale de conserver ce qui est nos savoir faire comme un patrimoine transmis de générations en générations de paysans , avec évidemment l’apport des nouvelles techniques enseignées de toute façon dans nos lycées agricoles. Mais il faut arrêter de prendre les agriculteurs pour des girouettes comme le fait l’UE . Parce qu’il n’y a pas si longtemps on leur imposait des rendements et de l’intensif , maintenant on les restreint à coup de normes écolos . Il faut arrêter de prendre les gens pour des pantins. Et tout cela pour nous trouver dans la situation d’importer des produits agro alimentaires de pays qui ne respecteront pas les normes qui sont imposées à nos agriculteurs .Il faut laisser faire les professionnels , parce que les meilleurs élèves d’aujourd’hui ne le seront plus demain mais entre temps nous auront massacré notre agriculture.
il n’est qu’à constater la déconnection totale de ce gouvernement, révolte des agriculteurs, mis sur la table 400 millions d’euros, qu’ils n’ont pas encore vu depuis 4 mois, mais le pire est là, 1.4 milliard d’euros pour que madame Hidalgo puisse se baigner dans la Seine, voilà ou vont les priorités de ce gouvernement, dimanche rappelez vous un seul tour votre bulletin de vote est essentiel pas de voix pour la liste de la macronie, en France on avait le 49-3, macron vient d’introduire dans la politique française le zelensky, nouvelle arme pour saboter les élections en France, ce dernier sera à l’assemblée, le 7 juin 2024, autre farce le vote sur la fin de vie est programmé le 18 juin 2024, 80 ans après l’appel de De Gaulle, lui appelait à la résistance, macron appelle à l’enterrement.