Monsieur Macron vient d’annoncer un projet de loi « relatif à l’asile et donc à l’immigration dans la République ». La réalité est que le sujet n’a jamais été réellement traité par les gouvernements successifs de droite et de gauche, paralysés par l’activisme d’associations militantes et la crainte de se faire accuser de racisme. La réalité, c'est aussi que les lois et les décisions administratives et de justice sont rarement exécutées, notamment en matière d’obligation de quitter le territoire français (selon le rapport du Sénat sur la loi de finances pour 2022, le nombre d’obligations de quitter le territoire effectives n’a cessé de diminuer depuis 2012 pour atteindre seulement 5,6 % en 2021).

Il est intéressant de s’arrêter sur les termes employés par le Président : « l’immigration dans la République ». Celle-ci n’est même pas qualifiée de française. On répondra que cela va de soi. En fait, l’omission n’est nullement anodine. La république est d’abord un système constitutionnel, ensuite, pour certains, un concept idéologique plus ou moins fantasmé. Nous sommes là dans le domaine juridique ou idéologique. Donc sans référence historique ou culturelle donnée. La France, c’est autre chose : une nation fruit d’une histoire, porteuse d’une culture, appartenant à une civilisation et vivante grâce à un peuple particulier. Ce n’est pas un agrégat d’individus sans liens spécifiques.

On peut enregistrer des individus en errance dans un système juridique et idéologique désincarné en espérant qu’ils deviendront des « citoyens » (mais de quoi ?). Il en va autrement lorsqu’il s’agit de créer un sentiment d’appartenance à une communauté qui « possède en commun un riche legs de souvenirs » et manifeste un « consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis », ce qui était pour Renan le propre d’une nation (conférence à la Sorbonne en 1882). Nous sommes là aux antipodes de certains jeunes gens de banlieues qui se déclarent eux-mêmes « Français de papiers ».

À travers les mots transparaît l’idéologie présidentielle : un mondialisme où le pseudo-« citoyen du monde » est un individu interchangeable que l’on déplace ou gré des politiques économiques ou des nécessités d’aménagement technocratique du territoire. Dans cette logique, le Président propose d’envoyer les migrants s’installer dans nos campagnes.

Cette proposition émane à l’évidence d’un personnage qui n’a jamais été un élu rural et qui regarde la ruralité au travers des lunettes déformantes de la technocratie. Dans les campagnes et les petites villes, les élus se battent pour lutter contre la désertification médicale, la disparition des services de proximité, commerces comme services publics, le manque d’emplois attractifs pour les jeunes, notamment d’emplois qualifiés ou de services, le maintien de classes d’école, des transports scolaires efficaces pour rejoindre les établissements scolaires du second degré…

La solution inventée par Emmanuel Macron consiste à ajouter aux difficultés de territoires délaissés les difficultés de l’accueil et de l’intégration de populations étrangères, ne pratiquant pas nécessairement notre langue, ne partageant pas toujours nos us et coutumes ni nos valeurs de civilisation ! Selon le ministère de l’Intérieur, le taux de chômage des immigrés est proche du double de celui des personnes non immigrées.

Or, dans certaines régions rurales, la question du manque d’emplois est une des causes de la désertification. Serait-il raisonnable d’envisager un apport de populations qui ont des problèmes particuliers d’accès à l’emploi ? Comme de prétendre prévenir la fermeture de classes rurales en important les difficultés scolaires liées au multiculturalisme ?

La réalité, c’est que la question de la mauvaise intégration et, a fortiori, la non assimilation de certaines immigrations, est le grand échec de la Vème république. Dans la doxa de gauche, la fameuse école de la république devait résoudre tous les problèmes liés à la « diversité » or, avec cinquante ans de recul, c’est un formidable échec. Tous les jeunes qui troublent les quartiers « de reconquête républicaine » sont passés par les bancs de cette école. La raison première du fiasco est que la rhétorique de l’antiracisme a occulté le fait que les difficultés ne sont pas principalement d’ordre ethnique mais d’abord culturel et civilisationnel et que les immigrations sont diverses et ne posent pas toutes les mêmes difficultés. Il eut été raisonnable de choisir l’immigration et non de la subir, notamment pour se donner le temps et les moyens d’intégrer les populations qui peinent à s’adapter à notre société.

Il eut fallu avoir le courage d’affirmer que l’acquisition de la nationalité ne doit plus résulter du hasard du lieu de naissance mais de la volonté clairement manifesté de devenir Français et d’en assumer les devoirs. Au lieu de cela, Emmanuel Macron propose d’installer les immigrants à la campagne comme Alphonse Allais voulait y installer les villes parce que l’air y est plus sain ! Saperlipopette, comme dirait quelqu’un, tout cela n’est guère sérieux mais bien dangereux.

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19 septembre 2022 à 15:09

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27 commentaires

  1. A moins que cela fasse partie d’un grand plan d’agriculture et d’agro-agriculture à marche forcée, avec des usines de transformation et des emplois rémunérés à 3 ou 4 € de l’heure comme dans les abattoirs allemands …

  2. Nous y voilà. Le grand remplacement tant décrié à grand cris d’orfraies par une certaine classe politique déboule au galop. Les migrants dans nos villages. Le droit de vote accordé. Leur entrée dans les conseils municipaux. Leur prise de pouvoir. Le grand remplacement aux manoeuvres. Les nouvelles générations semblent se complaire dans cette évolution.

  3. Les migrations se suivent et se ressemblent .
    habitant une petite bourgade frontalière avec l’ Italie, nous avons eu avant mais beaucoup après guerre ( 39-45) une arrivée d’italiens dans notre canton ; puis dans les années 70 un gros contingent de portugais ; tous ceux-ci se sont bien intégrés aux us et coutumes de notre pays (quoique quand un match de football a lieu leur soutien patriotique reprend le dessus) et puis il faut reconnaitre que ce sont des peuples de même obédience que nous autres français .
    Et depuis les années 80 ce sont les migrants turcs qui se sont installés dans le secteur , mais à l’inverse des précédents eux ne se sont jamais assimilés ou intégrés, ils travaillent certes mais ne se mélangent nullement avec le reste de la population , et leurs enfants ( hors du système scolaire) ne dialoguent que dans leur langue d’origine . Où est l’intégration dans tout cela . Faut pas rêver M. Le président ?

  4. Les migrants et autres faux réfugiés politiques ne sont pas parvenus à dynamiser leur pays. Ils fuient leur incompétence, que pourraient-ils nous apporter ?

  5. Comme en 2016 2017 on va voir débarquer dans nos campagnes des groupes de « réfugiés » équipés de Ray Ban et Baskets neuves, on les promenaient la journée, on leur donnait de l’argent… Qu’ils jouaient au Loto (je les ai vu)… Et que vont ils faire ? On a laissé les agriculteurs se suicider un par un dans le silence le plus total, les petits commerçants ont été bouffés par les grandes surfaces et maintenant on va aider des étrangers, musulmans par dessus le marché, à venir nous  » aider »?? Mais aider à faire quoi ?? Ils ne sont pas fichus de s’intégrer chez eux ! La criminalité galopante dans nos villes arrivera dans nos campagnes, voilà ce qui risque d’arriver. Mais ça, ceux qui nous gouvernent s’en rendront compte plus tard, trop tard, comme les conséquences des fermetures des centrales nucléaires ou du regroupement familial… En attendant, nous, les pauvres cons-tribuables, nous subissons et nous payons !

  6. C’est déjà pas si facile que çà de changer de province pour un autochtone français alors quand il s’agit d » un africain , musulman et migrant c’est mission impossible ne serait-ce que de s’accoutumer à leurs hôtes comme les services locaux de les intégrer à cet environnement parfaitement incompatible avec leur us , coutumes et religions. A moins de mettre la mosquée au milieu du village et organiser le conseil des sages sous les platanes de la place de la mairie ! Mais comme depuis 40 ans on ne fait qu’insister dans l’erreur sur le thème de moins ça marche et plus on insiste lourdement, et bien il faut s’attendre au pire !

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