[Tribune] Face aux mouvements séparatistes, le régionalisme, l’antidote ?

CORSE

Dans un contexte où la question de l'unité de la République est plus prégnante que jamais, confrontée aux revendications des mouvements indépendantistes et autonomistes en Corse, en Bretagne, en Alsace ou encore en Polynésie, la question d’une réforme constitutionnelle se pose.

Cette montée des mouvements séparatistes s'est accentuée après la concession faite aux nationalistes corses concernant le projet d'autonomie de l’île par Emmanuel Macron, ce qui est un premier pas vers le démantèlement de la France.

Cette démarche, loin d'être isolée, a résonné comme un écho dans d'autres régions. La Bretagne, en particulier, a rapidement réclamé « l'autonomie à la Corse » par la voix de son président, Loïg Chesnais-Girard. Le député du Haut-Rhin, Olivier Becht, a récemment proposé au Premier ministre, Gabriel Attal, que « la collectivité puisse récupérer les compétences régionales dans le cadre d'une expérimentation ». Le 5 mai 2023, la ville de Nantes a demandé au Premier ministre d’alors, Élisabeth Borne, un référendum sur le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne. Le Pays basque s'est constitué en une intercommunalité majeure, rassemblant 158 communes et 315.000 habitants. Enfin, en Polynésie, le succès des indépendantistes polynésiens, lors des dernières élections territoriales le 30 avril, a ouvert la voie à un référendum pour l’autodétermination.

L'approche excessivement centralisée de l'État, qui impose des politiques uniformes sans tenir compte des spécificités locales, alimente le désir d'autonomie et d'indépendance, offrant ainsi aux mouvements séparatistes de solides arguments.

En 1968, le général de Gaulle reconnaissait que « l’effort multiséculaire de centralisation, qui fut longtemps nécessaire [à la France] pour réaliser et maintenir son unité malgré les divergences des provinces qui lui étaient successivement rattachées ne s’impose plus aujourd’hui. Au contraire. »

Puisque l'hypercentralisation ne répond plus aux besoins spécifiques des territoires et des populations locales, la question est de savoir si le régionalisme peut être l’antidote face aux mouvements séparatistes.

Régionalisme ou séparatisme ?

Pour répondre à cette question, il est essentiel de définir clairement ce qu’il faut entendre par régionalisme ainsi que par mouvements autonomistes et indépendantistes.

Le régionalisme met en valeur l'identité et les particularités de chaque région au sein de la République, stimule la richesse culturelle de la France à travers la promotion des langues régionales, des traditions et du patrimoine local. En outre, il favorise des politiques publiques plus adaptées et efficaces, répondant mieux aux besoins des populations locales.

À l'opposé, les mouvements autonomistes et indépendantistes cherchent à obtenir une séparation avec l'État central, souvent motivés par des revendications de reconnaissance identitaire ou politique spécifique. Ces mouvements fragilisent l'unité de la République et la cohésion nationale en encourageant la fragmentation du pays.

Ces revendications séparatistes soulignent l'urgence d'une évolution constitutionnelle, mettant en lumière la nécessité d'adapter notre cadre républicain aux aspirations de nos territoires.

C'est dans ce contexte que se pose avec acuité la nécessité d'accorder à l’ensemble des régions un véritable pouvoir réglementaire, une autonomie financière substantielle, des compétences élargies, structurées autour de blocs clairs et du principe de spécialité. En conférant aux régions un pouvoir politique réel, où les élus seraient pleinement responsables devant leurs électeurs et disposeraient de la liberté de déterminer les taux des impôts locaux, on favoriserait une véritable décentralisation. Il est donc impératif d'attribuer les mêmes compétences à toutes les régions, en évitant toute différenciation, statut particulier ou autonomie spécifique.

Cela nécessiterait une révision de la carte régionale, ramenant le nombre de régions de 13 à 22, à l'exception peut-être de la fusion de la Basse et de la Haute-Normandie, qui présente une cohérence culturelle. En outre, la création du conseiller territorial, fusionnant les rôles du conseiller départemental et régional, permettrait de simplifier le mille-feuille territorial actuel.

Le régionalisme, en résonance avec les aspirations locales, se révèle comme un antidote viable contre les mouvements séparatistes.

Christophe Versini
Christophe Versini
Délégué départemental RN 92

Vos commentaires

13 commentaires

  1. Autonomie? Dangereux à mon sens. Régionalisation? Pourquoi pas! Après tout, sous l’Ancien Régime, la régionalisation existait de facto. Mais c’est vrai qu’à l’époque, nos ancêtres avaient un Roi incarnant la Nation. Aujourd’hui, nous avons Emmanuel Macron…

  2. « Le régionalisme, en résonance avec les aspirations locales, se révèle comme un antidote viable contre les mouvements séparatistes. » Erreur. D’abord Bruxelles n’attend que ça, excellent moyen de supprimer la nation France. Ensuite, il faudrait supprimer les préfets. Sacrilège!

  3. PAS de régionalisme (sauf pour le lieu des vacances…° D’ailleurs comment choisir entre le Périgord, la Bretagne, la Touraine et l’Ile-de-France, mes origines fièrement revendiquées ?

  4. Pour accroître l’expansion de l’Europe politique rien de mieux que de tuer les nations. Pour tuer les nations rien de mieux que de les diviser. Pour les diviser rien de mieux que la régionalisation qui dissout l’esprit national. Merci Monsieur Versini, vous avez tout compris.

  5. Attention à « l’indépendance ». Tous ceux qui l’ont revendiqué et parfois obtenue sont dans une m… indescriptible.

  6. Il est clair que la régionalisation va dans le sens souhaité par les différentes institutions européennes depuis fort longtemps. La régionalisation est un moyen de détruire les États nationaux qui s’ajoute au démantèlement des souverainetés nationales au profit de l’UE. À l’heure où les nations sont très affaiblies par les politiques libérales qui promeuvent un individualisme mondialiste, il faudrait au contraire de ce que propose Macron, renforcer la cohésion nationale et le sentiment d’appartenance à notre nation pour pouvoir mieux résister aux organisations mondialistes privées et publiques (multinationales, ONU, UE…..). Si les Corses souhaitent vraiment se séparer de la France, organisons un référendum en Corse en précisant qu’en cas de séparation, la solidarité nationale française ne s’appliquera plus à la Corse et nous verrons bien ce qui se passera ! Il y a trop de strates politico-administratives en France; il faudrait supprimer les institutions régionales et permettre aux départements de s’associer pour des projets précis (universités, hôpitaux, infrastructures….). Par contre, nous devons faciliter l’enseignement et la pratique des langues régionales qui font partie du patrimoine vivant de notre pays et les départements concernés par des cultures minoritaires (Bretagne, Alsace..) devraient pouvoir s’associer pour mener à bien des projets culturels; il n’est nul besoin pour cela d’institutions régionales qui , selon la loi des centres de pouvoir, veulent toujours plus de pouvoir. Les autonomistes et indépendantistes ne recueillent que 1% des voix en Bretagne mais le président du conseil régional rêve d’un accroissement important de son pouvoir.

    • Nous ne sommes plus capables de parler ni d’écrire correctement le français, et certains voudraient que nous apprenions le breton ou le basque. C’est toujours possible comme pour les danses régionales, mais cela doit rester une option purement personnelle. Tachons plutôt de supprimer toutes ces matières farfelues et inutiles pour nous concentrer les matières de base tellement négligées.

  7. On voit déjà dans les départements et régions, se développer une certaine forme de clientélisme qui ne fera que s’accroître avec l’autonomie dans des domaines comme les permis de construire et l’aménagement du territoire. Non à une Espagnolisation de la France. La République doit rester une et indivisible. Les mêmes grandes règles et grands principes doivent s’appliquer à tous. Quand à nos amis Bretons et Alsaciens, avant toute chose, qu’ils s’occupent déjà, et leurs élus en premier, de lutter contre l’entrisme Islamique. Sous peine de n’avoir bientôt plus aucune culture à défendre…

  8. La ou les régionalisations, vont dans l sens voulue par Macron, dissoudre les états dans l’Europe !

  9. Pour commencer, il faudrait que tous les départements de France soient soumis au même statut. Pourquoi, les Antilles, Mayotte, etc., bénéficient-elle d’un régime spécialement favorable. Ces régions bénéficient d’un climat chaud et leurs habitants ne doivent donc pas faire face aux factures exorbitantes d’énergie pour se chauffer. De plus, les cultures y bénéficient d’un climat très favorable ; bon, il est vrai que la terra est basse comme sur le continent … Ces gens là vivent dans des conditions bien meilleures que les habitants du nord ou de l’est, alors pourquoi ces privilèges ?

  10. Évidemment, qui ne songerait pas à se séparer de ce qui est devenus très mauvais. Un gouvernement qui veut partir en guerre contre un pays qui ne nous menace en aucune façon mais par contre qui fait semblant sans lutter pas vraiment contre le cancer qui ronge son pays, pourquoi pas s’en séparer.

  11. Autonomie et indépendance, oui si cela s’accompagne de cessation de toute aide financière de la France. Car on ne peut, à la fois, avoir le beurre, l’argent du beurre et … le sourire de la crémière, en l’occurrence le contribuable français. Pour être indépendant, il faut être autonome or c’est loin d’être le cas de certaines régions qui veulent faire sécession.

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