Thierry Mariani : « C’est la première étape vers la création d’un véritable impôt européen »
Après un weekend de négociations à Bruxelles, le plan de relance à 750 milliards d'euros n'est toujours pas validé. Thierry Mariani, député au Parlement européen, réagit au micro de Boulevard Voltaire.
Le plan de relance à 750 milliards d’euros du Conseil européen n’est toujours pas validé.
Est-ce un échec de l’Europe fédérale ?
En cette période, cela permet peut-être de clarifier les choses. Je le répète pour les Français, 750 milliards est une somme extraordinaire. J’entends les ministres dire « on va toucher des dizaines de milliards de l’Europe ». Les Français ont-ils bien compris que nous allons toucher moins que ce que nous allons payer ? La France fait partie de ce que l’on appelle les contributeurs nets. Oui, on est parmi les États les plus riches d’Union européenne.
Premièrement, même si nous touchons dix, nous allons payer 13. L’argent que nous allons toucher de l’Europe nous coûtera plus cher que son bénéfice. C’est tout de même historique.
Deuxièmement, c’est la première fois que nous faisons un emprunt sans savoir quand et comment nous allons le rembourser. Le commissaire français Thierry Breton disait encore il y a quelques jours en commission au Parlement européen « on commencera à le rembourser probablement à partir de 2028-2035 et on décidera à ce moment-là comment nous le rembourserons ».
On dit « c’est l’urgence c’est l’urgence, il faut vite mettre de l’argent et on verra dans 15 ans comment on le remboursera ». Bonjour le cadeau que nous laissons à nos enfants ! Nous faisons un pari pour relancer l’économie aujourd’hui et nous hypothéquons l’avenir.
Marine Le Pen a raison sur un point. Nous faisons surtout la première étape vers la création d’un véritable impôt européen. Pour le rembourser, il y a que deux solutions. Soit, il y a une part par État. Par exemple, nous dirons à la France « chaque année, vous devez, sur votre budget, donner 10 milliards ». Soit, nous créons un impôt européen.
Que choisiront les États à cette époque-là ? Ils se diront qu’ils ne vont pas prendre 10 milliards sur leur budget pour des dépenses faites il y a 20 ans. Ils créeront donc un impôt européen.
Aujourd’hui, nous passons dans une nouvelle étape qui est la création d’un impôt européen. Cela me rappelle tous ces gouvernements de gauche et de droite. Pendant des années, nous avons dit que la France allait faire des économies d’impôt, mais en réalité, nous avons supprimé des impôts en France et nous les avons fait payer par les collectivités locales. Ce n’est plus l’État qui paie, mais les collectivités locales.
Milton Freedman disait « Il n’y a pas plus grande illusion qu’un repas gratuit ». J’ai l’impression que vous êtes devenu un ultra libéral.
Il faut être honnête avec les gens. Comme beaucoup de Français, j’ai des enfants et je me demande quelle France je laisse à mes enfants. Je leur laisse un morceau de dette.
Depuis 1974, la France et l’Europe vivent à crédit sur leur budget. On pense que l’on va relancer l’Europe. J’espère que nous allons réussir, mais je suis très sceptique. Relancer l’économie en expliquant que le plan doit absolument être vert et numérique. Certaines activités ne peuvent pas se relancer en étant simplement vertes et numériques.
Tout à l’heure, je discutais avec le patron d’un petit café dans le Vaucluse. Je lui disais « tu vas avoir de l’argent de l’Europe en étant vert et numérique ».
Il m’a répondu « ce n’est pas en créant un site internet que je vais avoir des clients dans ma ville de 6000 habitants ».
Je suis très sceptique, car depuis des années, l’Europe échoue dans de nombreux domaines. Nous ne sommes pas une puissance militaire et économique, mais nous sommes la zone la plus ouverte au monde en termes de concurrence. Nos entreprises ne sont pas protégées. Je le savais déjà un peu, mais je découvre que cette Europe est une sorte de religion où il faut communier avec les formules magiques et où à chaque échec on dit « on n’a pas été bons parce que nous n’avons pas été assez loin ».
On n’a pas été assez bons sur la crise du coronavirus. Par conséquent, il faut prendre rapidement de nouvelles compétences. Je ne suis pas ultra libéral, au contraire, je veux simplement être responsable et clair vis-à-vis des générations futures. Que les Français comprennent deux choses. Premièrement, nous allons recevoir bien moins que ce que nous allons payer.
Deuxièmement, nous ne savons pas comment nous allons le rembourser. Tous ceux qui ont des enfants peuvent être rassurés sur le fait que leurs enfants vont commencer à le rembourser dans les 20 ans à venir.
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