Thibaut de La Tocnaye publie un ouvrage, intitulé Le Choix souverainiste, dans lequel il analyse « les 5 blocages à faire sauter pour redresser la France » et plaide pour un retour à l'État-nation. Explications au micro de Boulevard Voltaire.


Privatisation des aéroports de Paris: Un coup porté à notre souveraineté ?

Bien sûr. C’est un cas d’école. Je m’inscris totalement en faux contre cette privatisation d’aéroports stratégiques. Ce n’est qu’un élément parmi d’autres. On peut très bien imaginer des délégations de service public. Je ne suis pas contre la mise en concurrence d’un certain nombre de services publics. Lorsque c’est stratégique, ils doivent rester sous la houlette et sous la vision stratégique de l’opérateur d’État. C’est le cas du ferroviaire. Pourquoi ne pas mettre un peu de concurrence face à la SNCF... Les transports sont finalement un aspect de l’aménagement du territoire.
Je démontre que la réindustrialisation va réoccuper l’espace rural. On ne va pas mettre les entreprises de tailles intermédiaires dans les métropoles. Elles sont déjà présentes à 75 % dans les espaces semi-ruraux ou ruraux. Tout cela est parfaitement cohérent. C’est une vision d’État.
Pourquoi pas la libéralisation et l’introduction de relative privatisation d’un certain nombre de transports, à condition que l’État voie toujours le bien de l’État nation, pour réaménager le territoire.
Les Suisses et les Japonais sont les meilleurs en termes de transports ferroviaires. Ils pratiquent la délégation de service public, mais l’opérateur d’État a toujours la vision d’ensemble.


C’est un peu le sujet de votre dernier livre...

Nous sommes en plein dans l’actualité. Il y a une importante montée du souverainisme à travers toute l’Europe. Cette volonté de recouvrer la souveraineté des États nations a été en partie confisquée par l’Europe et Bruxelles par un capitalisme débridé et une finance tentaculaire.
Le but de cet ouvrage est de montrer que beaucoup de blocages empêchent de redresser la France, notamment la perte de souveraineté, la perte des souverainetés. La souveraineté prend le visage de la souveraineté industrielle, énergétique, monétaire, économique et agricole. Je montre que si l’on veut se redresser, il faut qu’il y ait un État stratège.
Aujourd’hui, avec cette perte de souveraineté, on ne peut pas avoir d’État stratège pour repenser la réindustrialisation et la reconquête de la ruralité.
Dans mon ouvrage, je détaille 5 blocages. Après cette perte de souveraineté, on peut retenir ce capitalisme devenu financier qui n’est plus au service de l’entreprise. Ensuite, il y a l’absence structurelle de représentativité professionnelle. Cela est propre à la France.
On a un énorme problème de syndicalisme et de branche professionnelle. Le système est obsolète et moribond. C’est unique en Europe. Dans tous les autres pays, il y a une adhésion beaucoup plus grande du monde du travail aux branches professionnelles et aux professions organisées. Là aussi, il y a une réforme à mener.
Je retiens également comme blocage l’immigration couplée à un hiver démographique, en Europe et en particulier en France, qui s’ajoute à tout cela pour bloquer la machine économique française.
Cette vague de désindustrialisation et de désertification rurale est devenue structurelle. La métropolisation vient accentuer tout cela.
Mon ouvrage est un ouvrage de micro-économie très généraliste. On peut très bien le lire même si on n’est pas économiste. Je pars des agents économiques.

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23 avril 2019 à 14:19

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