Theresa May : insubmersible ?
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Theresa May a été nommée par défaut pour faire le lien entre pro et anti-"brexiters" : elle avait prôné de rester dans l’Union européenne tout en se gardant bien de faire campagne en ce sens. Elle était eurosceptique. Bref, elle présentait une personnalité de compromis dans un parti Tory profondément divisé.
Boris Johnson a bien essayé de s’opposer à sa nomination, mais il a vite compris qu’il n’obtiendrait pas le poste de Premier ministre et il s’est résigné à soutenir Mme May en échange du Foreign Office.
Il a fait preuve, à ce poste, d’une incompétence totale, accumulant les gaffes : il a notamment semblé justifier, par une maladresse de langage, les charges pesant sur une Anglo-Iranienne qui était emprisonnée dans l’ancienne Perse.
Il s’est efforcé de savonner la planche de sa rivale, mais il s’est ridiculisé et a fini par démissionner au lendemain de la publication du projet de Mme May pour le Brexit.
Depuis, il s’agite beaucoup, a proposé son propre plan qui n’intéresse personne. Il est dépourvu de troupes et il est, en outre, fragilisé par sa vie privée chaotique qui scandalise les conservateurs. Il vient de se séparer de sa femme, avec qui il a eu quatre enfants, car celle-ci s’est lassée de ses perpétuelles infidélités. Mme May le compare à un grand requin blanc, impressionnant, certes, mais pas dangereux. M. Johnson va jouer sa dernière carte au congrès Tory et il escompte, pour cela, un faux pas de Mme May. L’année dernière avait été désastreuse pour le Premier ministre. Elle avait lu son discours alors qu’elle était prise d’une quinte de toux inextinguible et un hurluberlu, surgi de nulle part, lui avait apporté à la tribune une lettre. Bref, la locataire de Downing Street ne peut que mieux faire en 2018.
À moins de six mois de la date butoir, nous sommes toujours en plein brouillard. La proposition de Mme May a été sèchement refusée par les Européens. Or, celle-ci était allée au maximum des compromis possibles. Accepter les remarques de Bruxelles reviendrait à une capitulation totale et il n’y aura aucune majorité au Parlement britannique pour l’accepter.
Le projet de Mme May, tout déplaisant qu’il apparaît aux yeux des Européens, est mal perçu par une part importante des députés de la Chambre des communes, car il contiendrait à leurs yeux trop de concessions. À Bruxelles, à Londres, maints politiciens clament « Mieux vaut un hard Brexit sans accord qu’un mauvais accord », mais ce n’est qu’une posture. Le "hard Brexit" fait peur et serait sans doute catastrophique. Voilà la chance de l’opiniâtre Mme May. En restant ferme sur ses positions, elle espère que Bruxelles, apeurée, acceptera finalement sa version avec quelques menues corrections. Mais le plus dur resterait à faire. Mme May devra faire passer son projet aux Communes.
Avec les unionistes irlandais, elle a dix voix de majorité. On estime à 86 les députés Tory qui seraient prêts à voter contre le projet de loi de Mme May. Iront-ils jusqu’au bout de leur révolte ? Les travaillistes, même s’ils trouvent les propositions du Premier ministre acceptables, voteront contre par principe. Y aura-t-il des défections dans leurs rangs pour éviter le chaos ? Les Libéraux-démocrates sont une vingtaine. A priori, on s’achemine vers un rejet, mais rien n’est sûr et Mme May déjouera peut-être tous les diagnostics !
Que se passera-t-il si la Chambre des communes dit « non » ? Nous aurons sans doute de nouvelles élections. Après, l’éventail des possibilités est largement ouvert : donnera-t-on six mois de plus aux négociations ? Si les travaillistes gagnent les élections, proposeront-ils un second référendum sur le Brexit ? Se retrouvera-t-on dans la même situation ? Ou alors Mme May aura-t-elle une majorité élargie. Personne n’est capable de prévoir l’avenir.
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