Terminator : Shit Fate : le « soldat augmenté » made in France !
Il fallait s’y attendre. L’opus 7 de Terminator sera français ! On a longtemps cru que tout ceci n’était que de la bonne vieille science-fiction bien flippante. Nous apprenons maintenant, par un avis rendu public ce 4 décembre par Florence Parly, que le comité d’éthique du ministère des Armées plaide pour l’ouverture de travaux sur les méthodes « invasives » d’amélioration des performances physiques des militaires. Comité d’éthique ?
La science fiction made in USA nous avait préparés – en douceur, et depuis plusieurs décennies – à ce type d’innovation. Au début, il s’agissait de « super-héros » venant à l’aide de leurs concitoyens contre complotistes et savants fous de tout poil. Captain America, premier « soldat augmenté » de papier, combattait contre Hitler aux côtés des GIs, dès 1940. Rappelez-vous, les quinquas : le crash du colonel Steve Austin, transformé en surhomme bionique, L'homme qui valait trois milliards, en 1974 ; et sa copine, la parachutiste Super Jaimie, remodelée deux ans plus tard - parité oblige ! En publiant Cyborg, en 1972, Martin Caidin, l’inspirateur des séries télé, s’appuyait déjà sur des recherches avancées de la NASA (rapport Driscoll, 1963).
Issus de cette veine, les six Terminator, avec leurs titres biblico-prométhéens évocateurs - Judgment Day, Rise of the Machines, etc. -, ont mis en relief la dangerosité de ce genre de pratiques et posé une réflexion éthique sur ces expérimentations de Frankenstein – dont on peut rappeler que le monument fondateur de Mary Shelley posant la problématique morale de « l’homme augmenté » date de 1816-1818. Et on pourra retenir comme une vraie sentence prémonitoire pour notre devenir cette scène finale du film culte où un jeune garçon dit à Sarah Connor : « ¡Mira, Mira, álla : Viene una tormenta! » (« Regarde, regarde, une tempête arrive ! »).
Partant du constat que les interventions de l’espèce humaine sur elle-même ont acquis une intensité croissante avec le développement des technologies contemporaines, la sociologue Marina Maestrutti constate que le thème de l’amélioration humaine (en anglais human enhancement) par utilisation des biotechnologies, vers un transhumanisme avalisant l’idée du cyborg, etc., est devenu central dans les débats actuels engageant notre avenir en tant qu’espèce, en particulier dans celui de la bioéthique.
D’après la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), l’humain est défini comme le « maillon faible » de la guerre future, par ses failles physiologiques ou cognitives ; d’où l’exploration continuelle des technologies susceptibles de créer le combattant le plus performant… même par hybridation.
Comme le souligne Élise Vincent, dans Le Monde, cet avis du comité d’éthique de la défense, simplement consultatif, mais qui a décidé de donner son feu vert à la recherche sur les méthodes élargissant le « champ des possibles », risque d’engendrer de nombreux et justes débats. Le recours aux techniques dites « invasives » pour améliorer les performances du futur soldat (injection ou absorption de substances, opérations chirurgicales, intégration de puces hypodermiques, etc.) est-il raisonnable et défendable sur un plan moral ?
« De plus en plus de technologies sortiront l'homme de ses limites naturelles et l'un des enjeux consistera finalement à définir le degré nécessaire de contrôle humain », explique-t-on, au cabinet du ministre. Si, à ce stade, l'armée française dit s'interdire les augmentations « invasives », touchant au corps du soldat, elle ne restera pas maîtresse du débat, ni du jeu, face aux initiatives étrangères, américaines, russes et chinoises, probablement déjà bien engagées.
À ce stade avancé de révolte titanique contre les lois naturelles, qu’on ne nous parle pas d’éthique ou de « lignes rouges » qu’on ne franchira pas. En 1945, Little Boy et Fat Man avaient ouvert le bal d’enfer. En ce Noël 2020, Terminator est déjà parmi nous. Pour le pire !
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