Il est temps d’en finir avec la ligne Philippot

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Alors que Marine Le Pen a toujours manifesté son hostilité à l’égard de courants au sein du Front national, Florian Philippot vient de lancer son association Les Patriotes, dont il sollicite le relais massif via les réseaux sociaux.

On peut s’étonner qu’aucune réaction n’ait été manifestée par la présidente du Front national, ce qui laisse augurer qu’il a l’aval discret de la présidente et que le changement de nom prévu au congrès ne sera qu’un ravalement de façade avec un renforcement de la ligne Philippot.

S’il y a bien un courant qui était majoritaire au sein du Front national, c’était bien celui de Marion Maréchal-Le Pen, élue au congrès de 2014 avec plus de 80 % des voix, marquant la victoire du courant identitaire et conservateur face au courant néo-chevènementiste et libertaire.

Le cruel échec du second tour a mis en relief les limites de la stratégie suicidaire sur la sortie de l’euro, considérée comme l'alpha et l’oméga de la pensée politique, au détriment d’une ligne civilisationnelle. Le faible report des électeurs mélenchonistes – moins de 10 % - démontre l’échec de la stratégie ni droite ni droite impulsée par le gourou Philippot.

Mais cet échec n’aurait pas été possible sans les failles de la présidente elle-même et l’on est en droit de se demander si cette explosion en vol de la candidate lors du débat du second tour, loin d’être accidentelle, n'était pas un révélateur providentiel des limites non seulement politiques mais encore psychologiques et philosophiques de la candidate. Car si Philippot, avec son bataillon de Thèbes de jeunes éphèbes, a pu, comme un coucou dans un nid, s’assurer une position hégémonique au sein de l’appareil du Front national, c’est avec la complicité de la présidente.

De sorte qu’on est en droit de se demander légitimement si Marine Le Pen est encore apte à être le porte-étendard du camp national. On est en droit d’en douter. Dans un article cinglant, Éric Zemmour enfonce le clou et affirme que Marine Le Pen serait de gauche. Une gauche certes patriote, mais une gauche pour laquelle les fondamentaux historiques, culturels et civilisationnels sont relégués aux oubliettes au profit d’un discours social.

Ce n’est pas trahir le peuple ni la France des oubliés d’entretenir une mystique nationale face aux élans destructeurs de la mondialisation, au contraire. "À ceux qui n’ont plus rien la patrie est le seul bien", disait Jaurès. De sorte qu’une synthèse intelligente entre un discours intelligemment social et une dimension culturelle et enracinée à destination de l’électorat de droite était possible sans que le grand écart ne soit impossible. Sarkozy, avec un cynisme incroyable, y était parvenu en 2007, réalisant ce qu’avait fait de Gaulle en parlant à la fois aux classes populaires et à la petite bourgeoisie. Marine Le Pen a cru que le simple ralliement de Dupont-Aignan suffisait. C’est méconnaître les ressorts du peuple de droite, qui est allé pour partie à la pêche pour le second tour.

Le proverbe nous rappelle qu’on ne fait pas du vin neuf dans une vieille outre. Aussi cruelle soit la réalité pour des milliers de militants dévoués et courageux, il faut admettre la réalité telle qu’elle est. Marine Le Pen a failli. Non pas seulement à cause des média mais de ses profondes failles. Il est temps de tourner la page.

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