« Être d'avant-garde, c'est savoir ce qui est mort ; être d'arrière-garde, c'est l'aimer encore », disait Georges Bernanos. Peut-on être à la fois (« en même temps ») d'arrière-garde et d'avant-garde ? Peut-on avoir pris conscience, par exemple, que le Rassemblement national était devenu un parti on ne peut plus banal et regretter, dans le même mouvement, le bon vieux temps où on était entre soi, loin des sans-dents, le temps où on pouvait aimer la diversité parce qu'elle était loin, le temps où on pouvait aimer la pauvreté des livres d'images, parce qu'on ne la voyait jamais ? C'est dur, soyons clair, mais avec un peu de courage et beaucoup d'aveuglement, c'est possible. Or, puisqu'il faut saluer le courage, d'où qu'il vienne et quelle que soit sa cause, saluons ici celui de Jean Massiet, vidéaste, animateur de l'émission politique en ligne « Backseat » sur Twitch.

Jean Massiet était l'invité de « C à vous », le 10 avril. Anne-Élisabeth Lemoine lui a demandé, avec une innocence digne de l'Actors Studio, comment et pourquoi il refusait de recevoir « l'extrême droite » dans ses émissions. Très grave, comme il se doit face à la menace des blindés de la division Das Reich, Jean Massiet a expliqué qu'il y avait une différence de nature, profonde, entre le Rassemblement national et le reste de l'échiquier politique, et que la position médiatique d'autrefois, qu'il a connue de loin (il a 34 ans), n'était finalement pas si mauvaise, qui consistait à exclure d'emblée du champ du débat tout ce que l'on considérait comme pas fréquentable. Jean Massiet s'agace : le RN a des députés, il « joue le jeu des amendements » (on ne voit pas bien ce que c'est), il pourrait donc sembler respectable. Mais... mais, si l'extrême droite est un sujet (et notamment, précise Jean Massiet, la violence de l'extrême droite dont « les jeunes sont victimes pour beaucoup d'entre eux »), il ne saurait être question de lui tendre un micro.
À côté de ce vidéaste, l'autre vidéaste qu'est Samuel Étienne a un avis plus nuancé. En tant que journaliste, il a dû, bien sûr, parler à des gens d'extrême droite. Ce n'est certes pas évident, mais que voulez-vous, il faut le faire, quoi. En revanche, faire un live chez lui, avec Marine Le Pen, comme il en avait déjà été question dans les colonnes de BV, c'est niet ! Pas possible. Des mains de nazi sur un verre de jus de fruit, un postérieur de nazi sur un canapé blanc, des paroles nazies dans un micro jusque-là plutôt épargné... On voit bien que le montant des recettes ne permettrait pas de rembourser le coût de l'eau bénite nécessaire pour exorciser son appartement, après le passage de la bête immonde, sous quelque forme que ce soit. Après avoir reçu trois hommes politiques chez lui, la question s'est imposée à lui : et pour les fachos, comment qu'on fait ? Il a dû, la mort dans l'âme, arrêter de recevoir des politiques chez lui. Le courage est à ce prix.
Ne jetons pas imprudemment la pierre à ces deux intervenants. Qui d'entre nous recevrait Alexis Corbière dans son appartement ? Qui prendrait un verre en terrasse avec Mathilde Panot ? Vous voyez bien. Non, simplement, ce parti pris assumé nous renseigne, une nouvelle fois, sur la politisation des journalistes, et, en l'occurrence, sur les choix politiques de ceux qui ont les honneurs du service public. Le cordon sanitaire a sauté. Le front républicain, le barrage des castors de 2017 et 2022, est en train de prouver aux courageux Jean Moulin des bureaux de vote que, quand on vote pour Macron, on a du Macron, et qu'on peut s'inventer plein d'excuses pour se mentir, la vérité, c'est que, contre Hitler et la haine, tous les Insoumis ont voté pour la retraite à 64 ans. Fin de l'histoire.
Heureusement que, pour maintenir sous assistance respiratoire ce dérisoire petit théâtre antifasciste, il y a encore des trentenaires comme Jean Massiet, et des un peu moins trentenaires comme Samuel Étienne, prêts à croire, hier comme aujourd'hui, qu'en méprisant un parti politique, on va décourager ses électeurs. Les électeurs du RN, si l'élection avait lieu demain, porteraient Marine Le Pen au pouvoir, selon un sondage Elabe que, d'ailleurs, cite Anne-Élisabeth Lemoine. Donc, a priori, les électeurs du RN n'en ont pas grand-chose à faire, des indignations de Jean Massiet ou de Samuel Étienne, ni de la complaisante oreille de France 5. Sauf qu'ils paient pour se faire insulter, puisque France 5 est une chaîne publique, et Samuel Étienne un journaliste du service public. Apparemment, ça ne dérange personne.
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11 avril 2023 à 17:00

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26 commentaires

  1. Oui ne jetons pas trop la pierre: il faut bien gagner sa vie. Etre admis sur une chaine publique nécessite
    de bien respecter la règle non écrite ….après avoir réussi les critères d’embauche. (sourire)

  2. Enfin un vrai démocrate islamo-gauchiste qui transporte dans son ADN politique les quelques 100 millions de morts exécutés par le communisme.
    Ignare parceque Marine Le Pen ne peut avoir été nazi pour la simple raison qu’elle n’était pas née.
    Malhonnête parceque ,si lui ne l’aime pas (ce qui est tout à l’honneur de Madame Le Pen) un tiers des français lui accorde sa confiance,
    Lâche parceque s’il ne veut pas lui parler c’est parcequ’il sait que n’ayant aucun argument à lui opposer il sera explosé ” façon puzzle”

  3. grassement payés pour insulter 42% des frnçais qui ont glissé un bulletin dans l’urne au 2ème tour de la présidentielle 2022, ces vidéastes de pacotille ne savent pas de quoi ils parlent, ils ne se font que les perroquets de leurs comparses plus âgés.

  4. les journalistes « politique  » et/ou politisés se doivent d’être indépendant. On verra si leurs arguties attirent les foules.

  5. Jean Massiet et Samuel Étienne font partie d’un service public. Comme tels, ils sont payés par l’État donc par les impôts des Français. Aux dernières élections présidentielles, ces même Français ont voté à 45% pour Marine Le Pen. S’ils étaient cohérents et pour ne pas se sentir salis, ils devraient renoncer à 45% de leur salaire… Comment font-ils pour accepter l’argent de gens qui votent pour le RN ? « On refuse de leur parler, mais pour l’argent on accepte tout »… Bande de rigolots !

  6. Macron a préféré supprimer la taxe télé pour tous plutôt que de donner la parole à ceux qui la payaient. Comme çà, la propagande woke d’état peut continuer en toute impunité. Subventionner France Télé avec nos impôts se voit moins mais est tout aussi douloureux.

    1. Mais cette taxe télé n’a pas disparu pour autant, à présent nous la payons tous par nos impôts car les prestations de ces médiats de gauche n’ont pas disparus. Inutile de chercher où passe notre argent qui ressemble à la corne d’abondance anti Française.

    2. Que nenni ! La taxe affichée de télévision n’a en rien supprimé les subventions au service public. Encore un coup de com. L’honnêteté eut été de supprimer progressivement toute subvention laissant aux « ex services public » le soin de se créer des revenus… A auteur de leurs prestations. Et là, bonjour les dégâts !

  7. est-ce que ce monsieur sait-il que bientôt ce sont 20 millions d’électeurs RN qu’il exclut de son paysage politique et pourquoi pas les envoyer au delà de nos frontières ? mais vu dans quel type d’émission il est reçu , ses paroles sont divines.

  8. Par pitié, cessez donc d’employer à tout bout de champ les expressions qui fleurent bon la bienpensance de « service public » ou de « chaine publique », alors qu’il s’agit bien d’un audiovisuel d’État et d’une chaine d’État au service d’une caste !

  9. Toute cette faune des « Moi, je… » cumule à la fois un défaut de culture générale et de déficience intellectuelle. L’un étant peut-être la conséquence de l’autre. Quand on ne sait pas, on se tait . Viendrait-il à l’idée de ces prétentieux procureurs de se plonger dans les actualités des années trente ? Ils prendraient peut-être conscience, s’ils en ont les capacités, qu’ils reproduisent exactement les comportements des chemises brunes à l’égard des juifs. La seule différence, les lois les obligent à une retenue physique. Qui plus est, je me poserais des questions : 50 % des électeurs fascistes , dénoués de tout jugement équilibré ? En réalité, ces personnages sont des poltrons ringards qui ne vivent qu’à la lumière du passé. Ce serait trop leur demander de se projeter vers l’avenir et de construire avec l’ensemble des français, sans esprit étriqué.

  10. Ils ont raison, le RN n’est pas un Parti comme les autres (hormis en économie, où il rejoint la gauche), c’est pour cela qu’il est le premier Parti de France.

  11. Ces gens là ne méritent que du macron, de la répression socialiste et un capitalisme qui les castre . Après tout il leur en faut pour leur argent c’est bien normal.

  12. …et en plus, il se trompe (peut-être volontairement ?) : Marine Le Pen n’est pas de droite, et encore moins d’extrême droite, elle est de gauche ! Cf. tout ce qui ne relève pas de l’immigration, économiquement, elle est clairement de gauche.

    1. Marine étant sincère, honnête et farouchement attachée à la France représente ce qui reste des anciennes valeurs dites de droite et du meilleur de la gauche, ce qui la place au-dessus des partis sectaires, méprisants et opportunistes !

      Elle incarne une certaine France, éternelle, qui refuse de mourir !

    2. C’est bien le problème, mais cela l’arrange de faire passer Reconquête pour d’extrême Droite, alors qu’il y a peu de différence avec Wauquiez, Ciotti et Retailleau – sauf une opposition farouche à Macron qui a clairement montré son mépris des intérêts Français et sa volonté fédérale ultra-Européenne, alignée sur l’Allemagne et les Etats-Unis.

  13. C’est une grande partie de la population qu’il rejette et ceux là vont voter et se rapellerons de son mépris à leur égard .

    1. Vous croyez ! Quand on voit l 58% de français qui ont réélu un incapable au pouvoir, que la personnalité préférée des français est Édouard Philippe, macroniste, on peut se poser des questions !

      1. « on peut se poser des questions ! »
        Malheureusement, les réponses sont dans ces questions…

      2. Erreur. 58% des votes exprimés avec 65,76% des inscrits et 91,34% de votes valides, cela fait 35% de « Pour » (ou contre MLP). Quand aux affirmations des personnages préférés des français, il faudrait savoir qui était sur la liste de choix. Intox !

      3. Il ne faut pas oublier, dans le triste constat, les abstentionnistes (prétendus en désaccord). Ils sont « l’Assurance » du système qui se maintient en place à force de propagande et d’intox !
        Il y a un dicton qui résume bien le résultat : « Qui ne dit rien, consent ! ».

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