Stéphane Ravier : « Les mêmes vous diront qu’un homme peut être enceint, qu’ils nous laissent refuser d’avorter ! »

© Sénat
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Ce mercredi était débattue au Sénat une proposition de loi pour inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution. Texte rejeté à 139 voix pour et 172 voix contre. Le sénateur des Bouches-du-Rhône, Stéphane Ravier, revient sur les échanges vifs et le déroulé de la séance pour les lecteurs de Boulevard Voltaire.

Sabine de Villeroché. Une partie de la classe politique, comme Éric Dupond-Moretti qui y voit « la force d’un symbole », souhaite ardemment l’inscription au droit à l’IVG dans la Constitution. Concrètement, qu’est-ce que cela changerait pour les femmes françaises ? Comment expliquer cet acharnement ?

Stéphane Ravier. Quel que soit le sujet de fond, les gouvernants et leurs supplétifs prétendument d’opposition craignent le retour du peuple et de la démocratie. Le vent ne soufflant plus dans leur sens, ils cherchent à réduire la voilure, de peur de devoir s’échouer sur un rivage inconnu. Ils planquent les bijoux de famille dans la cale du navire : la Constitution. Cette inscription dans la Constitution n’aurait rien changé pour le quotidien des femmes françaises. C’est un délire du pays légal, sans aucun impact sur le pays réel. Incapable de répondre à l’enchevêtrement de crises que nous connaissons, ils n’ont plus rien à proposer d’autre qu’un détricotage juridique et sociétal.

L’extrême gauche fait de l’agit-prop et le garde des Sceaux s’engouffre dans la brèche. Inscrire le droit à l’avortement (dit « IVG » de manière euphémiste) dans le texte fondamental de notre ordre juridique, c’est ouvrir une boîte de Pandore, car nous savons que la gauche a tout un tas de symboles prêts à intégrer la Constitution. Éric Dupond-Moretti, comme plusieurs sénateurs de droite et du centre, en appuyant ce texte, ont succombé au wokisme constitutionnel. Aucun pays au monde n’a le droit à l’avortement dans sa Constitution.

S. d. V. Dans quelles conditions cette proposition de loi a-t-elle été rejetée par le Sénat ?

 S. R. Cette proposition de loi constitutionnelle a été déposée par le groupe écologiste et signée par les présidents des quatre autres groupes de la gauche élargie : communistes, socialistes, radicaux, Renaissance. C’est une belle clarification des positions. Le texte a tout d’abord été rejeté en commission des lois. Il est donc arrivé dans sa mouture originelle en séance. Avant le début des débats, j’avais déposé une question préalable tendant au rejet du texte en bloc. Même si j’invoquais d’abord un hors-sujet formel - l’intrusion de problématiques américaines dans notre Parlement et les menaces faites à l’équilibre de notre Constitution -, notre échange s’est rapidement tourné vers le fond du sujet.

Dire que l’avortement n’est pas un acte anodin, affirmer que ce n’est pas un droit menacé quand il existe un délit d’entrave de deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende envers quiconque tenterait d’y opposer un avis contraire et que 223.000 jeunes femmes y ont eu recours en 2021, évoquer des mesures de soutien psychologiques et économiques pour les futures mères : voilà mon sacrilège.

Il faut reconnaître que, même sur le sacro-saint sujet migratoire (il existe évidemment un lien entre avortement de masse et Grand Remplacement), j’avais rarement autant excité en Hémicycle ce clergé séculier. Le terme « infanticide » était lâché. Certains se sont offensés que nous brusquions la Chambre par un débat passionné. De leur sieste, les sénateurs furent réveillés. Finalement, ma motion ne fut pas votée. Pas un courageux pour mettre un terme à cette provocation initiée par l’extrême gauche.

Heureusement, le texte fut rapidement examiné et finalement rejeté. Il ne manquait cependant que 17 voix pour faire basculer le cours des choses.

Ce que je retiens de ces débats, c’est qu’il y a encore un corpus idéologique qui unit la droite française, même faiblement. L’essentiel est là : le texte n’est pas voté. Pour autant, la gauche, fortement démonétisée auprès des Français, a toujours un ascendant moral efficace sur la droite. C’est un vrai carcan qui nous empêche de réfléchir ensemble à un modèle de société et à une vision permettant de recréer le lien social et la solidarité nationale, loin des standards déconstructeurs.

S. d. V. Le député de la NUPES Louis Boyard a réagi à ce rejet en déplorant ce Sénat « composé à 65 % d’hommes de 62 ans de moyenne ». Il y voit « l’antichambre du patriarcat ». Les sénateurs se préoccupent-ils des droits des femmes ?

S. R. J’ai l’immense bonheur d’être père de famille, contrairement à ce jeune garçon. Que connaît-il aux problématiques familiales, à la grossesse maternelle et aux enfants ? C’est le schéma réducteur habituel des marxistes qui a évolué de la lutte des classes à la lutte des sexes. À ce jeu du « Tu te tais, tu n’es pas concerné », on pourrait aussi opposer les femmes lesbiennes aux femmes hétérosexuelles. C’est sans fin et sans pertinence, avec pour seul but de diviser.

Remarque notable : ce sont les mêmes qui vous diront qu’un homme peut être « enceint ». Alors, que diantre, qu’ils nous laissent refuser d’avorter !

En réalité, l’extrême gauche déteste quand elle n’a pas les pleins pouvoirs idéologiques. Cette petite phrase mesquine en est la preuve. Les mélenchonistes, ne voyant pas arriver la Sixième République appelée de leurs vœux, tentent de transformer la substance d’une Cinquième incapable de se renouveler.

S. d. V. Pour Mélanie Vogel, sénatrice à l’origine de la proposition de loi, « cette bataille n’est pas terminée, elle commence à peine ». Dans un mois, le texte sera débattu à l’Assemblée nationale. Il faudrait aussi un referendum pour que la loi aboutisse. Pensez-vous qu’un jour, le droit à l’IVG sera inscrit dans la Constitution ?

S. R. Après le rejet du Sénat, ce sera donc une autre proposition de loi qui sera examinée à l’Assemblée nationale. Mélanie Vogel a raté l’occasion de se faire un nom. En outre, c’est assez étonnant que cette collègue écologiste, si prompte à dénoncer l’américanisation de la France, ait porté un texte avec pour argument principal de réagir à la décision de la Cour suprême des États-Unis (qui ne revient d’ailleurs pas du tout sur le droit à l’avortement). Pour les porteurs de ces propositions dans les deux assemblées, la constitutionnalisation de l’avortement est importante car il est beaucoup plus difficile de défaire la Constitution que de défaire la loi.

Dans le contexte politique et parlementaire actuel, il sera impossible de faire voter un texte dans les mêmes termes par les deux assemblées puis de le faire adopter par référendum à une majorité du corps électoral national. Mais qui sait ? Si l’on abandonne l’impératif d’élaborer un projet de société d’avenir digne et de le pratiquer par la politique électorale ou l’action familiale, militante et métapolitique, tout est possible.

Nous avons, par cette actualité, la preuve qu’ils estiment ne pas être allés assez loin. Les coups de boutoir contre l’édifice sociétal vont s’intensifier. Je me permets donc de finir en lançant un appel : soyez actifs auprès de vos parlementaires en circonscription.

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Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Plus de 223 000 avortements en France en un an. Ce n’est que je suis contre, mais pendant ce temps on invite à venir en France plus de 350 000 personnes par an….On marche sur la tête, ou sur les fesses, comme vous préférez !
    Il serait tellement plus simple d’avoir une Politique Familiale, avec les crèches, le budget, alors que cette Immigration trop importante nous coûte des dizaines de milliards parait il

  2. On a abandonné la politique familiale depuis 30 ans , encouragé à moins de naissances , l’avortement en fait parti , le grand remplacement est une suite logique .

  3. Bravo à vous Monsieur Ravier d’avoir réussi à éveiller les sénateurs pour que cette ignominie soit rejetée. La loi de Simone Veil a été vidée de son sens qui était avant tout la santé des femmes pour qu’elles n’aient pas recours aux « faiseuses d’anges  » comme élégamment les dénommait on. Elle ouvrait ainsi une boite de Pandore. Soulignant bien que l’Etat n’a pas à légiférer dans la pratique médicale où le médecin se doit de respecter le serment d’Hippocrate, mais faire en sorte que cette mission puisse être remplie et assurée pour le bien de tous. Cette dérive n’a fait qu’autoriser la dérive observée avec la crise du Covid où des médecins se sont vu sanctionnés pour avoir soigné. Il est urgent de revenir aux humanités qui ont permis à l’homme d’être le centre des préoccupations de la société et non un de ces composants.

  4. « Cette proposition de loi constitutionnelle a été déposée par le groupe écologiste ». je croyais que l’écologie, c’était le respect de la vie? Ah, pardon, ça ne concerne pas l’Homme, ce grand prédateur.

  5. L’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution est, pour les mondialistes au pouvoir, une arme subversive doublement efficace.
    D’abord, si son principe était accepté, cette inscription contribuerait à la destruction en cours de la société en gravant dans le marbre une loi mal ficelée de plus. (Le principe de l’avortement étant évidemment justifié dans certains cas, mais étant globalement dévoyé dans un but subversif.)
    Ensuite, cette inscription accentuerait l’entreprise de destruction nationale en cours, en poursuivant le saccage systématique de la Constitution.
    Cette Constitution a pourtant contribué à la résurrection du pays ! Nos présidents successifs en sont présumés « défenseurs » ! Or, chacun la détruit peu à peu au gré des manœuvres imposées par la doxa mondialiste.

  6. Je suis totalement pour l’avortement.
    Et je suis totalement contre l’inscription de ce droit dans la constitution. Car pourquoi celui-là et pas un autre ? Alors que rien en France n’empêche les femmes d’avorter…
    Le coup d’après ce sera le droit à l’immigration ???

  7. je croyais que les écologistes étaient pour le respect de la nature,
    ils devraient donc être contre l’avortement !

  8. Les écologistes disent défendre la nature avec toutes ses espèces animales mais militent pour l’avortement et son inscription dans la constitution ! Personne ne dénonce cette aberration. Protéger les petits des hommes c’est bon pour les fachos. De plus, aucun Français ne croit que le « droit » à l’avortement est menacé en France. Il se porte très bien avec 230 000 cas par an ( compensés par encore plus d’entrées d’immigrés légaux et illégaux ). La destruction du peuple français fonctionne très bien mais ce n’est pas encore suffisant !
    Bravo M. Ravier ! Vous êtes intelligent et cohérent. Vous êtes un parlementaire digne.

  9. A quoi sert l’inscription à la constitution ? Chirac y a fait « graver dans le marbre » le principe de précaution, qui, s’il était respecté, interdirait de faire entrer sur notre sol des personnages qui attentent régulièrement à notre vie, et mettrait hors la loi la religion qui leur sert d’alibi pour la majorité de ces meurtres
    La Constitution, c’est du pipeau !

  10. Qu’on parle de morale quand il s’agit de tuer des enfants dans leurs mères, c’est à se dégoûter d’être femme.

  11. Donc les sénateurs et les députés se « chicanent » pour modifier la constitution française au sujet de l’IVG mais « laisse faire » ce gouverne-et-ment et son « premier de cordée » diriger la FRANCE dans la cobelligérance en faveur de l’Ukraine face à la Russie ! macron refile des armes et des munitions à un comédien de zone c -d – f et toute sortes de navets … Il fracasse tous les pans régaliens mais les « élus du peuple » ne bronchent pas car trop craintifs de perdre leur gamelle à la « table républicaine » qui les engraisse très largement …
    réferundom ou dissolution même combat: ils sont là pour 5 ans et se gaveront jusqu’au bout !
    Les pseudos « motions de censure » sont de l’enfumage car ils sont quasi certains que les uns ne voteront pas la motion des autres …

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