Sondages, ralliements : Nicolas Dupont-Aignan fait bouger les choses à droite
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C'est le Petit Poucet de la droite : 4,5 % à la présidentielle, aujourd'hui crédité de 6 % pour les européennes. Et cela lui vaut bien des railleries de ses grands concurrents. Mais, désormais, l'air du temps est différent, car ces deux « grands », LR et RN, sont en perte de vitesse. Ils ont, chacun, touché leur plafond en 2017 : 20 % pour l'un, 21 % pour l'autre. Il leur a manqué les quelques points décisifs. Et ces points, c'étaient les cailloux du Petit Poucet. Dix-huit mois après les présidentielles, ni les LR de Laurent Wauquiez, ni le RN de Marine Le Pen ne se sont remis de leur défaite. Leurs handicaps semblent même devenus structurels : question de ligne chez LR, comme l'ont montré le vote contre Orbán à Strasbourg et l'éviction du jeune Tegnér partisan de l'union des droites, question d'ouverture et de crédibilité pour le RN.
Sans parler de la question centrale du leadership : Laurent Wauquiez peine à décoller et Marine Le Pen à se remettre de son crash de 2017. Aucun des d'eux ne souhaite prendre le risque de conduire la liste de son parti. C'est, d'ailleurs, cet argument qu'a avancé Nicolas Dupont-Aignan pour lancer son « appel solennel » aux électeurs et aux cadres des deux partis. C'est aussi ce que ressentent beaucoup de sympathisants et d'élus de base.
Alors, comme avec le réchauffement, des blocs de banquise commencent à fondre, des morceaux de montagne à se détacher : il y a quelques semaines, c'est Bernard Monot, député européen RN, qui se ralliait à Nicolas Dupont-Aignan ; ces jours-ci, ce sont 19 conseillers régionaux des Hauts-de-France, du Grand Est, d'Occitanie ou de Provence-Alpes-Côte d'Azur, tous élus sur des listes Front national-Rassemblement Bleu Marine en 2015, qui ont publié une lettre de ralliement :
"Alors qu’Emmanuel Macron veut engager notre pays dans la dernière étape de la dépossession des Français et de leur destin, aucune personnalité des deux principaux partis d’opposition, ni LR ni FN, n’a voulu porter la voix du peuple. C'est avec beaucoup d’enthousiasme que nous avons appris la décision de Nicolas Dupont-Aignan de mener une grande liste d’ouverture qui veut rassembler tout le camp national et républicain pour gagner ces élections européennes."
Il y a là une vraie lucidité. Car ses cailloux, qui gênent aujourd'hui la marche de Laurent Wauquiez et de Marine Le Pen, il les a semés depuis longtemps. Et s'ils leur font de plus en plus en plus mal, ils ne pourront s'en prendre qu'à eux-mêmes.
En effet, des risques pour sa carrière, Nicolas Dupont-Aignan en a pris beaucoup, et très tôt. Auprès de l'électeur de droite déboussolé, il a de solides états de service à faire valoir. L'absence de convictions de l'UMP devenu LR, sa dérive centriste, il les a dénoncées il y a plus de dix ans, au nom de son engagement gaulliste, et, en véritable gaulliste, il a claqué la porte.
Et de l'autre côté, son alliance franche pour la présidentielle avec Marine Le Pen, loin des siphonnages ou du double discours hypocrite d'un Sarkozy naguère ou d'un Laurent Wauquiez aujourd'hui, lui vaut une reconnaissance sincère de bien des patriotes eux aussi déboussolés. Cette double prescience en fait un précurseur de la droite à venir et lui confère une réelle légitimité.
L'occasion des élections européennes est bien choisie car elle est souvent défavorable aux partis installés, mais les listes alternatives qui y font une percée peinent souvent à transformer l'essai ensuite. Cependant, tout est ouvert car nous sommes en pleine recomposition.
Un sondage Elabe pour Les Échos voit la cote de Nicolas Dupont-Aignan grimper de trois points, à 22 %. Il figure même en troisième position chez les sympathisants du Rassemblement national, à 37 %. Et deuxième chez les sympathisants de droite, à 54 % de bonnes opinions, derrière Nicolas Sarkozy, mais devant Laurent Wauquiez. C'est un bond de dix points en deux mois ! Visiblement, les choses bougent et les petits cailloux, de plus en plus nombreux, dessinent un chemin.
Alors, Nicolas Dupont-Aignan, l'homme providentiel de la droite ? Il est, en tout cas, ce Petit Poucet qui entraîne avec lui de plus en plus de ses frères abandonnés par leurs deux parents inconséquents. Ils ne sont pas sortis de la forêt. Mais ils sont sortis du bois : c'est déjà beaucoup !
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