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Suite à une opération conjointe menée par la Suède et la France, le site de téléchargement illégal peer to peer Torrent411 (alias T411) n’est plus depuis dimanche soir. Le parquet de Rennes annonce fièrement des arrestations côté français et la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) se gausse de ce coup de filet, les méchants pirates faisant du mal à la création.

Les ayants droit sont, comme d’habitude, d’une mauvaise foi crasse puisque jamais il n’a été démontré que le piratage nuisait aux entrées de cinéma (c’est même plutôt l’inverse, la fréquentation ayant explosé). Ensuite, freiner la diffusion d’œuvres sur Internet permet de maintenir à flot sa petite entreprise de l’entre-soi où l’argent public du CNC (Centre national du cinéma) permet de continuer à produire des croûtes bobo-centrées (aussi appelées « films d’auteur ») que personne ne nous envie ou à rémunérer les hilarants Dany Boon et Kev Adams (toute trace d’ironie serait fortuite).

À la rigueur, les lobbys font pression, ils sont dans leur rôle, on ne leur demande pas d’œuvrer pour diffuser la culture ; ça se saurait, sinon. Par contre, cela est le rôle d’un gouvernement. A fortiori quand ce gouvernement se veut "djeunz" et branché numérique. À l’occasion de la rédaction de ce papier, j’ai découvert notre ministre de la Culture, madame Nyssen. La société civile, c’est le renouveau, ça a du bon, nous a-t-on martelé. On repassera pour la modernité, en tout cas.

Faut-il expliquer à Madame le Ministre qu’en 2017, aucune offre légale ne permet de pouvoir profiter complètement de la culture ? Netflix a le mérite d’exister (encore que le gouvernement de l’époque lui a bien mis des bâtons dans les roues en l’obligeant à financer notre exception culturelle, ce qui donna… Marseille) mais il est soumis à la chronologie des médias, ce principe archaïque qui veut que le film pour lequel on fait de la promo et qu’on te donne envie de voir ne sortira que trois ans plus tard sur les plates-formes légales (dites de SVoD/Subscription Video on Demand). Une éternité, à l’ère d’Internet.

De même, faut-il rappeler que sur T411, on trouvait aussi bien le dernier blockbuster que des vieux documentaires remasterisés depuis des VHS (Video Home System) et introuvables ailleurs. On trouvait des chansons d’artistes qui ne sont pas disponibles en France. Beaucoup de livres, programmes et dessins animés qui n’étaient plus licenciés ou tombés dans le domaine public. On y trouvait donc tout et n’importe quoi.

Loin de moi l’idée de défendre le piratage. Encore que, contrairement à ce que les lobbys veulent faire croire, le piratage n’est pas du vol. En droit, le vol est une infraction qui consiste en la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui. Soit l’exact opposé du piratage, qui ne subtilise rien mais duplique. Le fait est qu’aujourd’hui, en cumulant des abonnements à Netflix, Canal+ et Spotify (soit la bagatelle de 50 à 60 € selon les formules), vous n’avez accès qu’à une partie restreinte des catalogues musicaux et cinématographiques.

La taxe sur la copie privée était pourtant claire : partir du principe que vous alliez pirater et vous faire payer cette faute dès l’achat d’un disque dur ou d'une clé USB (Universal Serial Bus) afin de compenser le supposé manque à gagner des ayants droit. De facto, c’est une autorisation à pirater en raisonnant par l’absurde.

Le pire, finalement, c’est que notre Jupiter trouve plus important d’empêcher un boutonneux de trouver son dernier épisode de One Piece plutôt que de fermer les sites dédiés à la propagande terroriste qui fleurissent sur le Net comme les points d’irritation sur une épilation du maillot. Il faut aussi croire que le téléchargement illégal est plus facile à contrôler qu’un fiché S disposant d’une autorisation de détention d’armes à feu.

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28 juin 2017 à 17:21

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