François de Rugy, le Vert qui a réussi !
François de Rugy élu à la présidence de l’Assemblée nationale, soit un écologiste qui réussit quelque chose dans sa vie, qui l’eût cru ? Il est vrai que nous sommes loin du Vert rouge ; voire même du Vert rouge et brun, sachant que depuis la glorieuse époque de René Dumont, ces galopins nous ont habitués à tant de circonvolutions dialectiques et de retournements de vestes, fussent-elles tissées de poils de chèvre…
Bref, François de Rugy n’a rien des pasionarias à la Cécile Duflot ou à la Emmanuelle Cosse, qui nous causaient à peu près de tout, hormis d’écologie, ambiance joints, immigrés clandestins en vente libre, et toujours prêtes à brûler leurs soutiens-gorge tricotés en macramé. Dans le genre ayant oublié d’être bête, le nouveau président de l’Hémicycle serait plutôt à classer du côté d’un Jean-Vincent Placé, naguère donné pour être le plus rusé des Franco-Coréens, un peu comme un Jean-Luc Godard était jadis tenu pour "le plus con des Suisses pro-Chinois".
Le parcours du plus jeune titulaire du prestigieux poste en question, depuis Laurent Fabius qui fut aussi le plus jeune Premier ministre de France, parle en effet de lui-même. Il est né aristocrate – la famille Goullet de Rugy ayant été anoblie en 1785 ; il était temps –, voilà qui rassure à droite. Mais considère globalement que le progrès vaudra toujours mieux que la réaction ; à gauche, on respire…
Un seul exemple ? Opposé à la construction du fameux aéroport des Landes, il considère néanmoins que les populations locales, consultées par référendum, étaient pour. Lui n’est donc ni pour ni contre, bien au contraire. Souplesse d’échine qui lui permet de se faire élire député à trois reprises, de naviguer à contre-courant et de se faufiler entre les divers… courants du Parti socialiste. Il lâche Cécile Duflot lorsque cette dernière attaque bille en tête le gouvernement Hollande, stigmatisant une "dérive gauchiste" lui permettant de rallier en douce un Jean-Vincent Placé, si doué et roué pour se placer que l’homme au scooter de la rue du Cirque l’appelle au gouvernement. François de Rugy, lui, attend son tour.
Socialiste ou écologiste ? Pourquoi s’encombrer de tant de complications ? Les principes de François de Rugy obéissent à deux logiques. Ils doivent être assez solides pour qu’on puisse s’asseoir dessus. Et ils doivent être, surtout, assez nombreux pour pouvoir en changer selon ces circonstances, si fluctuantes par nature.
Il se présente donc aux primaires du PS, décrochant le résultat faramineux de 3,82 % des voix. Lâchant Benoît Hamon, pourtant candidat socialiste et démocratiquement désigné, il rallie Emmanuel Macron dans la foulée : l’homme ne se perd pas dans le noir.
Confiant en son soleil d’Austerlitz, il craint néanmoins un coup de Trafalgar ou un possible Waterloo, le perchoir ayant été promis à Corinne Erhel, députée socialiste des Côtes-d’Armor et assez expérimentée pour tenir en laisse les prochains jeunes loups qui allaient arriver en meute au palais Bourbon. Victime de la Macronmania, comme d’autres le furent de la Beatlemania, Corinne Erhel a le bon goût de décéder à l’occasion d’un de ces meetings présidentiels faisant de l’actuel Président une sorte de Marc Bolan après l’heure. La voie est donc libre.
Dès la première séance, François de Rugy a imprimé sa marque, proposant que l’obligation du port de la cravate soit suspendue en cet été promettant d’être chaud. Mais, en ces temps de paritarisme laïc, gratuit et surtout obligatoire, quid des femmes ?[ref]Les notaires ont sûrement un avis sur la question.[/ref]
Toujours dans le même registre régalien, il s’en prend à mots couverts à un Jean-Luc Mélenchon fort agacé de voir le drapeau européen trôner à côté du français, en cette Assemblée : "Franchement, on est obligé de supporter ça ? C’est la République française, ici, pas la Vierge Marie !" Sacrée Méluche, enfant de chœur un jour, enfant de chœur toujours…
Un peu comme un François de Rugy, n’ayant pourtant rien du dernier des sacristains venus. Si, maintenant, les écologistes savent faire de la politique, où va la France ?
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