« S’il y a un nouvel Ocean Viking, Marseille ne pourra pas accueillir des gens qui n’ont rien à faire ici »

800px-Marseille_vue_Lacidon

C’est un sujet qui suscite la polémique depuis plusieurs semaines. L’Ocean Viking, navire humanitaire affrété par l’association SOS Méditerranée, a pu débarquer au port militaire de Toulon, le 11 novembre, avec 234 migrants à son bord. Deux jours auparavant, la possibilité qu’ils soient accueillis à Marseille avait été évoquée. Une option à laquelle s’oppose vigoureusement le Rassemblement national local, qui invoque des problèmes de moyens et d'intégration.

Après le bras de fer diplomatique opposant la France à l'Italie, le navire Ocean Viking a fini par accoster à Toulon après avoir débarqué en Corse quatre personnes en situation d'urgence. Les migrants ont été transférés dans un centre de vacances de la presqu’île de Giens, à Hyères, transformée en « zone d’attente » internationale fermée. « 44 personnes se voient désormais » opposer un refus à leur demande d’asile et « seront reconduites dès que leur état de santé » le permettra, a expliqué le ministre de l’Intérieur, lors de la séance de questions au gouvernement, mardi 15 novembre, à l'Assemblée nationale. Ce dernier espère que ces expulsions seront mises en œuvre d’ici la fermeture de la zone d’attente, « dans une vingtaine de jours ». Sur les 234 migrants secourus, 44 ont été reconnus mineurs et « 60 peuvent demander l’asile, notamment des Syriens, des Soudanais, des Érythréens », a-t-il précisé. Deux tiers de ces personnes feront l’objet de relocalisations vers onze autres pays européens. Jeudi 17 novembre, on a appris du président LR du conseil départemental du Var, Jean-Louis Masson, que 26 des 44 mineurs non accompagnés avaient fugué, probablement vers l'Allemagne et la Suède.

Le RN figure de proue de l'opposition à cet accueil 

Un comble. Au cours de cette même séance de questions au gouvernement, la députée RN du Var Laure Lavalette a interrogé Élisabeth Borne : « Allez-vous mettre sous scellés ce navire ou allez-vous continuer de subir ? » Réponse de Gérald Darmanin : « Si vous étiez aux responsabilités, auriez-vous laissé mourir ces 44 enfants ? » Et de compléter son propos : « La vérité, c'est que nous faisons preuve d'humanisme quand vous faites de la politique politicienne. La vérité, c'est que vous n'êtes pas aptes à être au pouvoir parce que vous n'êtes pas aptes à prendre des décisions. » Comme d'habitude, la gauche joue la corde sensible en accusant ses opposants de manquer de cœur.

Marseille se tient prête à accueillir des migrants, affirme son maire

Quelques jours avant que Toulon ne soit désignée, c'est la ville de Marseille qui était pressentie pour être le point de débarquement. Marseille était déjà, en 2016, le point de départ de l'Aquarius, autre navire affrété par SOS Méditerranée. Le maire socialiste, Benoît Payan, avait tenu, le 9 novembre, à affirmer la disponibilité de la ville à cet accueil. « On parle de femmes et d'enfants qui sont à bord d'un bateau et qui sont en train de se noyer et à qui je n'accepterai jamais qu'on ait à demander leurs papiers ou leur couleur de peau. On est face à un drame humanitaire et face à un drame humanitaire, c'est l'humanité qui commande. J'ai interpellé le gouvernement français en disant qu'il était de notre honneur et de l'honneur de la France d'accueillir l'Ocean Viking », avait déclaré l'édile au micro de France Bleu Provence. Et d'insister, pour rendre son propos plus concret : « Si ça s'avérait nécessaire, Marseille, qui est un port et qui a cette tradition, est en capacité de les accueillir. » Il avait ensuite confirmé sa position sur Twitter : « La France doit ouvrir un port en urgence et prendre ses responsabilités. Marseille, fidèle à son histoire, se tient prête. »

Pour le RN local, Marseille ne peut pas être le réceptacle de l'afflux migratoire

Cet accueil aveugle ne fait pas l'unanimité localement. Le Rassemblement national s'est mobilisé contre le débarquement de l'Ocean Viking, notamment à Marseille, en réaction aux propos de Benoît Payan. Éléonore Bez, conseillère régionale et conseillère municipale de Marseille, militante RN dans cette ville depuis 25 ans, contactée par Boulevard Voltaire, met les points sur les i : « On veut nous imposer d'accueillir des migrants de façon contraire à toutes les réglementations internationales. Les gens qui sont à bord de ce bateau ne proviennent pas de pays en guerre… En réalité, on va les chercher, ce ne sont pas des naufragés en mer, contrairement à la présentation qui nous est faite. La France a donné un signal d’ouverture extrêmement grave en les accueillant à Toulon. Il est tout à fait infondé d’aller taper sur Giorgia Meloni qui ne fait que protéger son pays, et de dire c’est à cause d’elle qu’on est obligés de les accueillir : c’est de la mauvaise foi. »

L'élue met en cause l'idéologie du maire et craint que la situation ne se reproduise à l'avenir, tant que perdureront les activités de l'association partiellement financée par l'argent public. « Benoît Payan subventionne à fond SOS Méditerranée et d’autres organismes qui rayonnent autour de cette organisation, poursuit Eléonore Bez. Ici, à Marseille, nous nous opposons à cette logique immigrationniste. Notre ville a 25 % de pauvres, nous avons déjà rencontré des problèmes avec les migrants, nous n’avons plus d’argent pour accueillir ces gens qui n’ont rien à faire ici. Marseille n’a pas à être le réceptacle de cet afflux migratoire. Trois personnes sur 234 en urgence absolue ne justifient pas qu’on accueille la totalité des passagers du navire. » Plus largement, la conseillère municipale dénonce les conditions d'accueil des réfugiés à Marseille et le manque de moyens. « C’est ajouter de la misère à la misère. Il y a des filières d’immigration qui encouragent ces personnes à partir. À Marseille, le RN s’oppose systématiquement à l’accueil de migrants et aux subventions. Je pense aux tentes de migrants, gare Saint-Charles, qui ont hébergé durant des semaines ces migrants dans des situations sanitaires lamentables. Cela en arrange certains de faire travailler des migrants irréguliers ; c’est le retour ni plus ni moins de l’esclavagisme. »

SOS Méditerranée reçoit de nouvelles subventions et continue son action. Et pas que de Marseille...

Il en faudra plus pour inverser la vapeur. Malgré les oppositions qu'elle suscite et les difficultés rencontrées, l'association de sauvetage et de transit de migrants n'envisage pas de cesser son action. « Nous prévoyons de repartir très prochainement, d’ici quelques semaines. Rien ne nous fera renoncer à l’impératif du sauvetage en mer. Il est criminel de laisser cet espace maritime sans les moyens nécessaires dédiés au sauvetage », a déclaré, dans un communiqué paru le 11 novembre sur le site de SOS Méditerranée France, Sophie Beau, sa cofondatrice et directrice générale, tout en lançant un appel aux dons.

Un appel au financement entendu, car le maire de Marseille n'est pas le seul à voter des subventions à l'association. Ainsi, à Paris, mercredi 16 novembre, cinq élus de la gauche et des écologistes ont défendu la délibération de soutien à l’ONG SOS Méditerranée. Celle-ci a été portée plus particulièrement par deux adjoints d'Anne Hidalgo, le communiste Ian Brossat, en charge du Logement à Paris et du dossier des migrants, et Arnaud Ngatcha, qui s’occupe des Relations internationales. La subvention, d’un montant de 100.000 euros, a été votée, comme chaque année depuis 2016, malgré l’opposition du groupe Changer Paris (LR). « Extrêmement fière que la majorité municipale vote la subvention de 100.000 € à cette association indispensable. Il en va de notre dignité et de nos valeurs », a exulté Anne Hidalgo, mercredi soir, sur Twitter.

Eléonore de Vulpillières
Eléonore de Vulpillières
Journaliste indépendante

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Ce sont les assos d’aide aux migrants qui ont elles-mêmes tiré la sonnette d’alarme sur l’impossibilité matérielle d’accueil de l’Ocean Viking à Marseille pour cause de totale congestion des lieux dédiés, « des milliers » de clandestins se trouvant déjà à la rue faute de places d’hébergement. Donc direction Toulon, « et sous bonne garde » trompettait martialement le ministre en charge. Sauf qu’on a vu… qu’on voyait plus personne ! Tous évanouis dans la nature, comme d’hab… Courteline n’est pas mort, car il galège encore !!!…

  2. Est ce que les Marseillais attendait autre chose de ce Maire dans de pareilles circonstances ? Devant ces commentaires je pense à tous ceux qui ont votés pour cette équipe dont une grande proportion d’immigrés qui sont devenus français ,
    et qui partout en France lors des scrutins voteront à l’avenir comme un seul homme, pour 1 seul candidat qui les caresse dans le sens du poil !! ….surtout qu’en même temps le bon peuple de france ne vote plus ! Ex: l’abstention record à Marseille pour les municipales ….Donc amis Marseillais interdit de vous plaindre de votre Maire !

  3. Des dizaines de milliards sont distribués à des gens qui envahissent illégalement notre pays alors qu’ils ont tout à construire dans leurs pays qu’ils abandonnent. Ils laissent leurs familles dans la misère sans se soucier de leur misère. Lorsque des gaulois réclament des subsides au président, celui-ci répond qu’il n’y a pas d’argent magique… sauf pour l’Afrique. Et les associations françaises pro migrants ne connaissent même pas (ni ne s’intéressent) aux difficultés de nos natifs handicapés à qui les pouvoirs publics n’accordent pratiquement pas d’assistance et de suivis sociaux. Nous avons un président nocif pour notre pays et dangereux pour ses habitants. Il mériterait d’être démis de ses fonctions et poursuivi en justice. Comme l’ont été des personnalités complices et responsables de l’état français des heures les plus sombres.

  4. Je connais le maire de Marseille, il navigue selon le sens du vent. Il pourrait en prendre chez lui des sois disant mineurs
    Avec la langue les politicards font beaucoup de propositions intenables

    • L histoire se repete comme une farce disait le plus a Gauche des Marx Brothers !
      Il y a 60 ans Le Maitre des Palinodies installé par la CIA après la
      Libération de sa Ville par les Régiments de l Armee de L Afrique du Nord et le 3*régiments de Tirailleurs dits Tunisiens( rapport à la campagne de …) la pauvre
      France Soumise n en ayant pas d autre ) le Gastounet Socialiste refoulait 3 bateaux avec des Harkis et disait aux Pieds Noirs fuyant l Algerie « 
      « Qu’ils aillent se réinsérer ailleurs « !

      Le Passé ne passe pas , l inconstance de l Indignation a géométrie variable en dit long sur l avenir de cette nation !
      Peut etre cette fois pas de passage entre les ciseaux de l’Anastasie du Boulevard ?

  5. Je ne savais pas que l’Océan Viking était un bateau pneumatique en perdition sur lequel des vies humaines étaient menacées de mort. Arrêtons de nous prendre pour des imbéciles. Sur ce bateau, il y avait tout ce qu’il faut pour vivre et survivre et à défaut, abordable pour du ravitaillement et des soins. Manière détournée d’augmenter encore l’immigration. STOP.

  6. Il ne sert à rien de dire un désaccord, l’autre s’en fiche, il continue, voyez Macron, inutile de lui dire son fait, idem pour Hidalgogo, le maire de Marseille etc…Tant qu’ils ne recoivent pas une baffe ils continuent à enmerder, saccager, détruire, dénigrer, insulter.

  7. Quand un accident a lieu, on secourt d’abord les blessés, puis aussitôt enquête est faite pour en trouver les causes. Je voudrais savoir pourquoi il semble en être autrement pour ce qu’on persiste à appeler ces « drames humanitaires ». Et qu’une bonne fois pour toutes on nous explique qui s’occupe d’enrayer ce qui ressemble beaucoup plus à un juteux business qu’à une œuvre humanitaire: celui des passeurs, apparemment « en cheville » avec des ONG…
    Au lieu de se renvoyer la balle d’une politique à l’autre, quand va-t-on se mettre autour d’une table et régler le problème (si ce n’est trop demander)?

  8. Bof, l’accueil des passagers de l’Ocean Viking à Marseille n’aurait pas changé grand chose à sa composition démographique. Un peu plus un peu moins…

  9. Les Français ont la mémoire courte. N’est-ce pas le Maire de Marseille, Gaston Deferre qui refusait d’accueillir les pieds-noirs qui débarquaient à Marseille au moment de « la valise ou le cercueil »? Pourtant, ces pieds-noirs étaient citoyens Français et avaient payé leur passage et il y avait infiniment plus d’enfants et de femmes que parmi les migrants actuels.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois