Ségolène Royal appelle à voter Jean-Luc Mélenchon : le dernier clou planté dans le cercueil d’Anne Hidalgo ?

ségolène royal

Faut-il y voir un effet pervers de la féminisation de la société ? Toujours est-il que voici le grand retour de la comtesse de Monte-Cristo ; Ségolène Royal à l’état civil, qui, surgissant du tombeau, vient se venger du Parti socialiste. Alors qu’Anne Hidalgo peine dans les sondages, se disputant les miettes de queue de peloton avec Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) et Hélène Thouy (Parti animaliste), l’ancienne candidate à l’élection présidentielle de 2007 constate, sur RMC : « Le vote utile, c’est Jean-Luc Mélenchon. » Badaboum !

On imagine que Notre Dame de Paris en avale sa trottinette électrique, avant de faire de même d’un Vélib' tout entier en entendant la suite : « Jean-Luc Mélenchon fait la meilleure campagne, il est en train d’arrondir les angles par rapport à ce qui pouvait déplaire chez lui. Il est capable de répondre à l’ensemble des questions. Il est structuré, cultivé, il a l’expérience d’une campagne présidentielle, il sait prendre des coups. C’est le plus solide. » Que le patron de La France insoumise puisse « arrondir les angles », c’est peut-être aller un peu vite en besogne, mais tant qu’à pousser mamie Hidalgo dans les orties et les toilettes sèches, l’ex de François Hollande aurait bien tort de regarder à la dépense.

Tel qu’il se doit, cette déclaration fait son petit effet, la candidate « inutile » s’étranglant devant les micros de Radio J, le 17 février, estimant qu’il est « forcément choquant » de ne pas être soutenue par Ségolène Royal, allant jusqu’à assurer : « La meilleure boussole devrait être celle de la fidélité », métaphore que continue de filer Olivier Faure, premier secrétaire du PS : « On peut mener des combats communs avec Mélenchon, mais je ne suis ni populiste ni souverainiste. » Cela, on le savait déjà. D’ailleurs, « populiste et souverainiste », Jean-Luc Mélenchon l’est-il encore ? Il est hautement permis d’en douter.

La preuve en est cette déclaration de Patrick Mennucci, l’un des parrains du Parti socialiste marseillais, soutien fervent d’Anne Hidalgo et, par ailleurs, sévèrement battu par le même Jean-Luc Mélenchon aux élections législatives de Marseille : « Être au second tour avec un candidat populiste pro-Poutine, qui a manifesté avec les Frères musulmans et dont le programme nous conduirait dans un gouffre, ce n’est pas ma vision de la gauche. » Qu’il puisse cohabiter plusieurs Mélenchon en un seul Jean-Luc, rien de nouveau ; surtout depuis que ses cadres souverainistes, opposés à sa nouvelle ligne indigénistes, sont partis rejoindre le Rassemblement national, tel Andrea Kotarac, ou fonder leur propre mouvement, République souveraine, à l’instar de Georges Kuzmanovic.

Au fait, pourquoi cette sortie tonitruante marquée du sceau de la « bravitude » ? Tout d’abord parce que Ségolène Royal, à la tête politique à peu près bien faite, sait mieux que d’autres que la gauche file droit dans le mur électoral. L’autre raison, certes moins noble, mais tout aussi évidente, laisse à penser qu’elle solde aujourd’hui les comptes d’hier. En effet, lorsqu’elle mène sa campagne élyséenne de 2007 et qu’elle parvient au second tour, ce n’est pas grâce au PS, mais malgré ses amis socialistes, la soutenant alors telle la corde le pendu. Il est ainsi des choses qu’on n’oublie pas. La trahison conjugale du père de ses enfants, un certain François Hollande, et, plus difficile encore à pardonner, l’élection de Martine Aubry, en 2008 et à 42 voix près, à la tête du parti jadis fondé par un autre François, Mitterrand celui-là. « Ils m’auront tout fait… », aurait-elle alors déclaré.

D’où ce règlement de comptes à OK Royal, semble-t-il. Entre Monte-Cristo et Monte-Carlo, le spectacle politique est décidément plaisir d’esthète.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Règlement de compte entre copines …
    Elles ont partagé le même minable.
    La vengeance est un plat qui se mange froid

  2. La campagne présidentielle menée par les gens de gauche est consternante. On dirait que ceux-ci ont raclé le fond des écuries pour ressortir de vieilles juments de retour qui se mènent une guerre d’egos qui n’a plus lieu d’être, car leurs partis ont pratiquement disparu. Pathétique ! Fourrez-moi ça dans un Ehpad Orpea avec un seul Pepito pour le goûter … Na !

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