Scandale des urgences : chronique d’une catastrophe annoncée

urgences

Les services d'accueil des urgences à l'hôpital ou les centres de soins non programmés en ville sont actuellement complètement saturés. Ceux qui y travaillent ne savent plus où donner de la tête pour répondre à la demande. Salles d'attente bondées, couloirs également et une partie du public attend dehors, parfois sous la pluie. Cette situation est parfaitement scandaleuse car elle était prévisible.

Depuis au moins trente ans, aucun gouvernement n'a pris les mesures nécessaires pour éviter une telle situation. Tous les ministres de la Santé qui se sont succédé ont leur part de responsabilité. Actuellement, on nous dit que la situation est très « tendue » car nous avons trois épidémies en même temps : le Covid, la grippe et la bronchiolite. Bien sûr, ces épidémies ne font qu'aggraver la situation, mais le fond du problème n'est pas ici.

À cause d’un numerus clausus stupide établi il y a une quarantaine d'années pour faire faire des économies à la Sécurité sociale, nous manquons de médecins ; mais la diminution de leur nombre n'a engendré aucune économie et rend, maintenant, très difficile l'accès aux soins. Une autre raison est que nous manquons cruellement de lits hospitaliers, et malgré l'avertissement donné par l'épidémie de Covid, le gouvernement actuel ne cesse d’en supprimer.

Manque de lits, manque de médecins et manque de personnel soignant, rien d'étonnant à ce que nous nous retrouvions dans une situation catastrophique. Et devant la difficulté de trouver rapidement un médecin en ville, le malade va se tourner tout naturellement vers l'hôpital ou vers des centres de soins non programmés (lorsqu'il en existe) pour pouvoir être traité. À l’hôpital le manque de lit en aval, pour hospitaliser les malades vus aux urgences, crée un phénomène d’embolisation des services. Il ne faudra plus s'étonner que des malades meurent sur des brancards dans des couloirs d'hôpital, comme le relate Libération dans son numéro du 29 décembre, qui nous annonce que 23 patients sont décédés sur un brancard aux urgences en attendant d'être soignés, pour le seul mois de décembre !

Partout sur le territoire français, on observe des fermetures de services d'urgence, soit totalement, soit certains jours, soit la nuit. Que doit faire le malade ? Certes, certaines pathologies peuvent attendre le lendemain, mais devant un cas grave, que faire ? Il faut appeler le 15, nous disent les autorités ; et que peut faire le 15 s'il n'a pas d'effecteurs (celui qui va effectuer l'acte et vers lequel le SAMU aura orienté le malade) en nombre suffisant pour répondre à la demande ?

Pourtant, cela ne semble pas émouvoir particulièrement nos responsables sanitaires. France Info, repris par MSN, nous informe que l'ARS (agence régionale de santé) de Nouvelle-Aquitaine, à propos de la fermeture de services d'urgence en Dordogne, a répondu « Ce n'est pas la situation habituelle mais peut-être la situation de l'avenir » à une tribune publiée, le 24 décembre, par quatre députés et sénateurs de Dordogne pour dénoncer les difficultés d'accès aux services d'urgence des trois principaux hôpitaux du département (Sud-Ouest, 25/12/22).

On reste sans voix : si c’est l’avenir, il suffira de s’y habituer ! Et ce n’est que le début !

Dr. Jacques Michel Lacroix
Dr. Jacques Michel Lacroix
Médecin - Médecin urgentiste et généraliste

Vos commentaires

38 commentaires

  1. On a là les conséquences de la gratuité TOTALE (ou presque) des soins de santé. La « carte vitale », c’est très bien et çà offre des services mais en abuser provoque des aberrations. Je connais des gens qui pour une simple blessure ou une simple chute vont tout de suite aux urgences alors qu’avant on se soignait tout seul. Les médecins généralistes aussi, alors qu’avant ils se dérangeaient pour aller voir un patient, ne veulent plus se déranger et vous conseillent clairement « Faites le 15 ou allez aux urgences ! »

  2. L’expérience des 10 dernières années montre que l »efficacité des administrations est inversement proportionnelle au nombre de fonctionnaires. C’est un mystère, le contraire aurait dû être constaté !
    Donc, commençons par virer les ARS, dont la France s’est très bien passée pendant des décennies. Ensuite, virons la moitié des obligations administratives mises à la charge des soignants (par des fonctionnaires en surnombre qui s’emmerdent et n’ont pour s’occuper qu’à inventer des règlements inutiles et redondants, tiens, tiens…). D’un coup, le nombre de soignants disponibles augmentera de 15 %, au minimum !

  3. Buzin, Véran, et maintenant Braun auraient pu présenter leurs vœux aux français comme suit : « Bonne année, et surtout rester en bonne santé, car nos services sont débordés. »
    Sarkozy, Hollande, et surtout Macron, y’a pas à dire : « Bravo » !
    Cachez-vous, car grâce à vous trois le système de santé français est à peu près égal à celui des pays sous-développés.
    Allez, je me lance, « bonne année à toutes et à tous ! », et si j’osais, j’ajouterais : « bonne santé… Quand-même ! », un peu d’humour tant qu’il n’est pas encore taxé !

  4. Chronique d’une destruction annoncée de la France tiers mondiste de Hollande et de Macron le finisseur en démolition. Notre nation qui faisait envie à de nombreux pays du monde est devenue la risée planétaire. Le mental des candidats à des fonctions premières devrait être soumis à un collège de psy car il semble que nous sommes dirigés par des fous incapables amateurs lamentables incompétents.

  5. Quelque chose m’étonne dans cette situation cependant dramatique et affligeante : Comment est-il possible de pouvoir subir 3 épidémies concernant 3 pathologies différentes, pouvant impliquer pour chacune d’elles….des situations de « détresse » respiratoire. Et un état de tensions de nos services de soins ?
    Ainsi, contrairement aux deux dernières années écoulées, il est donc toujours possible de mourir d’autres pathologies que le COVID ?
    Certaines pathologies habituelles en période hivernale, seraient donc subitement réapparues cette année, alors que pendant deux ans le virus du Covid (et ses variants) était parvenu, seul, sans installations et autres personnels médicaux suffisants, à totalement les éradiquer ?
    Ce monde est fou. Et le COVID n’est finalement pas aussi « magique » pour parvenir à faire disparaître tous les autres virus de notre planète…

  6. Deux de mes cousins effectuaient leurs études de médecine et disaient ‘on va manquer de médecin »!. Maintenant, l’un est en retraite, l’autre dans un an. La question qui se pose est qu’ont fait les différen ts gouvernements pour enrailler cette situation. De plus qui pour effectuer onze ans d’étude pour à peine percevoir un smig. Macron toujours le premier pour appliquer les idées lyumineuses de Bruxelles à peine sortie des cartons ; n’est pas très empressé pour appliquer celles concernant les médecins français.

  7. Des lits d’ hôpital sont fermés car il n’ y a pas d infirmier pour s occuper des malades . Pourtant il n’ y a pas de numerus clausus chez les infirmiers !
    Le problème n’est pas le numerus clausus ! C’est la valorisation du travail des soignants. Elle n est pas du tout à la hauteur de la tâche et donc les soignants fuient la profession et notamment les endroits où la charge de travail est la plus pénible qui sont aussi les endroits où les vrais besoins médicaux sont les plus grands.
    Si on supprime le numerus clausus il y aura peut être davantage de médecins diplômés , mais pas davantage de lit d hôpital ( manque d infirmiers) et ces médecins essaieront de trouver une autre place qu un service où il fait travailler le weekend et la nuit, corvéables à merci. Par exemple dans les » soins de confort » type pose de prothèses…
    Ce n’ est pas en supprimant le numerus clausus qu’on résoudra le problème des déserts médicaux et des urgences hospitalières, mais en répartissant mieux la charge de travail et les rémunérations.

  8. Le malheur c’est que cette tiers-mondisation de la France et des services vitaux est voulue ! Ce n’est pas que le fait d’incompétence ou d’incohérence. Il n’y a qua voir le refus incompréhensible de réintégrer les soignants non vaccinés.

  9. Le numerus clausus va fêter ses 50 ans cet été.
    Le conseil de l’ordre ne s’opposa pas, voire même encouragea tacitement dans certains cas sa mise en place car les médecins y voyaient un moyen de se protéger contre les jeunes.
    Et il ne fit rien pour faire évoluer la situation alors qu’un suivi objectif montrait, des les années 90, la pénurie et ses conséquences arriver.
    Et on ne l’entend toujours pas.
    Et les ARS font toujours la loi.

  10. Selon l’ARS (agence régionale de santé) de Nouvelle-Aquitaine : « Ce n’est pas la situation habituelle mais peut-être la situation de l’avenir » Sidérant. Et non, nous ne sommes pas le 1er avril.

    • Quel mépris pour les malades avec ce froid constat ! Mais ce sont ces malades qui rémunèrent ces Agences inefficaces, voire scandaleuses ! Et nous sommes piègés, car nos impôts sont prélevés à la source, donc nous ne pouvons plus les bloquer ! Le Nouvel Ordre mondial a tout prévu !

  11. HÉLAS ! J’ai entendu le même constat ces jours passés concernant notre pays sur la radio Suisse romande. Même chose en ce qui concerne les médecins de famille : ils sont sur-occupés. Mon médecin prenant sa retraite il y a deux ans et demi, je me suis alors adressé à l’un d’eux habitant à… moins de 10 minutes à pied de chez moi pour le contrôle bisannuel exigé dès 75 ans pour garder le permis de conduire. Pas de problème.
    Mon épouse devait aussi trouver un autre médecin : « On ne prend plus de nouveau client. » « Mon mari vient déjà chez vous. » « Alors d’accord. » Ouf ! Et il semble suffisamment jeune pour avoir des chances de nous enterrer !!

  12. Il y a quarante ans, quand les professionnels libéraux en rapport avec le système de santé ont manifesté contre le projet de madame Barsach ministre de la santé du gouvernement Chirac, tout le monde s’est moqué de ces nantis qui pleuraient sur leur avenir. Aujourd’hui nous y sommes. Français, plutôt que d’écouter la musique des camelots et des bonimenteurs apprenez à écouter la voix de la raison. Sans le médecin libéral de proximité qui faisait sien le serment d’Hippocrate la faiblesse de l’hôpital est maintenant criante.

  13. Petite précision. .. numerus clausus pas instauré seulement aux bons vouloir des politiques, mais aussi avec la pression des médecins qui ne voulaient pas avoir trop de concurrence. On connaît le résultat quelques années plus tard. Les nouveaux médecins sont peu nombreux et ont aussi envie des 35 heures.

    • Vous pouvez aussi y rajouter les RTT et autres ponts à l’image de nos chers services publics que tout le monde veut imiter sauf que les moyens et les dette à faire pour y arriver ne sont pas les mêmes.

      • Les RTT?
        Allons, il est vrai que je suis (j’étais) hospitalière dans un hôpital dit de proximité.
        La situation est sans doute quelque peu différente dans les CHU.
        Les semaines étaient d’au moins 40, voire plus.
        Alors, ouf, on se disait que cela allait permettre de s reposer et d’être payés de ce surplus de travail.
        Et bien non.
        la plupart d’entre nous n’a jamais pu les prendre, ni se les faire payer d’ailleurs.
        J’ai une collègue qui, en partant en retraite (à 66 ans!) a du laisser en partant 6 mois de RTT, à l’état…
        Une autre collègue, lors de ses gardes faisait souvent 18h d’affilée, avec juste une pause pipi (même pas le temps de manger), avec la peur au ventre de ne plus être assez attentive en fin de garde.
        Les ponts?
        Allons, vous oubliez les gardes et les astreintes soit disant mieux payées.
        Il suffirai que vous lisiez la loi là dessus pour constater que c’est du foutage de g***le!
        Je comprends que des jeunes ne veuillent plus se lancer dans l’aventure.

        Avant de critiquer, il faudrait connaître les situations.

        Quant aux libéraux, il y a autant voire plus de travail, mais sans RTT

  14. Quand les patients, forcément souffrants sinon ils ne seraient pas là, attendent parfois 10 ou 12 heures aux * urgences », il faudrait peut-être penser à changer le nom de ce service.
    À part ça, je constate que la réintégration des soignants non vaccinés demeure un sujet tabou, même chez ceux qui s’indignent à juste titre du manque de personnel….

    • Ces soignants ont osé défier le grand manitou, c’est un crime de lèse-majesté impardonnable.
      Tant que notre France sera dirigée par un gamin capricieux et colérique on ne s’en sortira pas

    • A propos de la réintégration des soignants, Mr Juvin ce matin , affirmait être contre en disant «  je ne voudrai pas savoir ma grand mère entre les mains d’un soignant malade du Covid parce que non vacciné « . Ah bon, parce que le vaccin est un vrai vaccin qui protège de la contamination ? Je croyais qu’il protégeait seulement des formes graves? Mr Juvin , qui avait fort bien parlé jusque là dans l émission de Laurence Ferrari, a comme tout bon LR qui se respecte , arrangé la réalité a la sauce qui l’arrangeait le mieux . Et Mme Ferrari a, comme à son habitude, évité de poser les questions qui fâchent quand le parti de la personne interrogée lui convient.

  15. A quoi sert l’ARS???? Quand on lit l’organigamme, avec les fonctions, on se demande à quoi peuvent bien travailler ces gens… C’est hermétique : on n’imagine pas, pour beaucoup, ce que peut être le résultat de leur travail…
    Avec les incohérences que nous avons pu constater pendant la pandémie COVID…
    On se signait une autorisation pour sortir de chez soi…
    Et si on dépassait (mon cas) de quelques mètres, pour prendre la route du retour (cercle sur site internet) on risquait un PV, même s’il n’y avait jamais personne d’autre…
    Il fallait un masque en bord de mer…?
    Ledit masque, on le mettait dans sa poche, pour le ressortir et se « protéger »… rappelons que nous étions en présence de virus…ce n’est pas un protocole très cohérent!
    Les gens étaient affolés : j’ai vu un couple, en pleine campagne, se précipiter au milieu d’un champ de colza parce que j’arrivais dans leur direction!!!! Merci la télé et ses « infos ».
    Et ces soignants non vaccinés qui ont été mis sur la touche : Condamnés pour quoi????
    Je ne sais pas si un jour la France pourra se relever : nous n’en prenons pas le chemin!

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