Sandrine Rousseau, Marlène Schiappa, Muriel Robin… le bal des sorcières ?
C'est à peine perceptible, surtout pour les non-initiés, mais il flotte sur les primaires des Verts qui se déroulent jusqu'à dimanche comme une légère odeur de soufre. Dans le sillage de Sandrine Rousseau qui nous a dévoilé ses « super pouvoirs » à l'antenne d'Europe 1 lorsque, interrogée par Sonia Mabrouk, elle déclarait vouloir lui jeter un sort.
Tout ceci aurait pu rester, comme on en a maintenant l'habitude avec cette candidate, une incongruité ou une grosse farce, mais l'affaire est tout de même à prendre au sérieux . En octobre 2019, Le Point consacrait un numéro hors série intitulé « Sorcières. La renaissance » et, le mois suivant, un article consacré à cette « épidémie grave de sorcellerie » qui se répand dans les milieux du show-biz et jusqu'aux ministères. Avec, comme actrices principales, Marlène Schiappa, Charlotte Gainsbourg ou encore Muriel Robin, toutes signataires d'une très sérieuse tribune « Sorcières de tous les pays unissons-nous ! » corédigée par la candidate Sandrine Rousseau et une certaine Coralie Miller, « autrice-metteuse en scène ».
On retrouve ce manifeste sur le site officiel « Sandrine Rousseau 2022 », juste en dessous du bandeau de rappel « Vous êtes inscrit.e à la primaire ? 1er tour, du jeudi 16 à 7 h au dimanche 19 septembre 2021 à 17 h ! »
Blague à part et instructif, on y apprend beaucoup de choses : saviez-vous que la chasse aux sorcières des siècles révolus n'était autre que des « féminicides » répondant à « des critères strictement misogynes » car « qui ose défier les hommes mourra de la pire des manières » ? Que « la société patriarcale se nourrit des cendres de ces femmes et de ces filles ». D'où cette envie d'en découdre à ces dames qui se déclarent « filles spirituelles des sorcières, libres et savantes » et souhaitent ardemment que « vivent et prospèrent les sorcières » !
Le sujet ne manque pas de soufre. L'affaire remonte en 1968, le jour de Halloween, à New York. Des militantes féministes manifestent. Costumées en sorcières, elles dansent la sarabande. Un symbole est né. Rien à voir avec les sympathiques fées de Walt Disney ou de la célèbre Ma sorcière bien-aimée, trop blonde, trop fraîche, trop soumise à « Jean-Pierre », au patriarcat et au foyer. L'ouvrage d'une certaine Mona Chollet, paru en 2018, Sorcières, la puissance invaincue des femmes, contribue à ce mouvement de réappropriation des sorcières. Au point qu'aujourd'hui, nous apprend l'historienne Ferrata Tomazzi, « se revendiquer comme sorcière, c'est s'affirmer moderne, décomplexée, audacieuse et progressiste, sensible aux problèmes écologiques, ouverte à la théorie du genre, aux besoins des migrants, etc. » Un programme que l'on connaît bien...
Mais il y a des liaisons plus dangereuses que d'autres. Des figures plus ou moins innocentes. La sorcière, par exemple, c'est aussi et avant tout celle que l'on appelle la « prêtresse de Satan ». Qui voisine et prospère dans une certaine sphère ésotérique, celle des cercles sataniques, qui justement dérangent les autorités. Au point de commander un rapport de la MIVILUDE sur les dérives sectaires du satanisme dans lequel on peut lire que « le satanisme à la française, faiblement institutionnalisé et encadré, inquiète fortement parce qu’il puise dans un vivier constitué d’adolescents et de jeunes en pleine construction identitaire ». En effet, même la République se préoccupe du diable ! Inquiète de « cette mode satanique qui s’accompagne d’un cortège d’exactions, de profanations de cimetières ou de lieux de cultes, de suicides ». Les rédacteurs du rapport soulignent cette « adhésion à un groupuscule sataniste qui a pu conduire certains jeunes à commettre des actes contraires aux lois ou attentatoires aux libertés fondamentales : des témoignages rapportent quelques cas de prostitution, de trafics, de profanations de cimetières et de lieux de cultes, de sacrifices d’animaux, de viols (parfois collectifs), voire de tortures ».
On ne peut s'empêcher de penser aux profanations de cimetières si récurrentes ou à ces affaires pas toujours résolues d'animaux mutilés. Certains, bien placés, devraient carrément se méfier : on a vu, en 2017, lors des manifestations contre la réforme du Code du travail, un collectif de sorcières, tenues noires et chapeaux pointus, afficher ce slogan enflammé : « Macron au chaudron ! »
Comme quoi il ne faut jamais jouer avec le feu ni même avec les allumettes !
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