Rapport sur la Turquie : l’Union européenne masochiste ?

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Il y a comme un bug. Le logiciel européen ne répond plus, fracassé sur le mur du réel. Ses algorithmes ne cessent de se contredire.

Le jeudi 22 avril sera votée, en commission des affaires étrangères, le rapport annuel sur les positions de la Commission européenne sur le processus d’adhésion de la Turquie. Le rapporteur socialiste Amor Sanchez (appuyé par les émanations européennes de La France insoumise, des Verts, de LREM et LR) présente aux voix un texte qui ferait rire n’importe quel diplomate digne de ce nom.

Après le Sofagate et l’humiliation de la Commission et du Conseil à Ankara, c’est au tour du Parlement européen d’étaler son impuissance et sa couardise aux yeux de tous.

Le texte fait bien quelques condamnations à l’égard du régime d’Erdoğan, pour faire bonne figure, et pour demeurer dans le champ rabougri de ses prédilections. Il se contente ainsi de se focaliser sur les atteintes à l’État de droit et aux libertés fondamentales en Turquie. Comme si l’on découvrait la lune ottomane d’Erdoğan, qui pratique l’autocratie absolue et l’islamisation à marche forcée dans son pays depuis bientôt vingt ans.

Bien sûr, la mise à mal de l’État de droit en Turquie est des plus condamnables.

Mais le rapport en question élude la plupart des questions brûlantes, quand bien même celles-ci concernent directement la sécurité des nations européennes, ouvertement menacées, désormais, par les provocations et les agressions multiples d’Erdoğan. Et les oublis sont nombreux.

Oubliés, les forages illégaux du navire Oruç Reis (référence au tristement célèbre pirate esclavagiste ottoman Barberousse) dans les eaux territoriales grecques.

Oubliés, l’occupation illégale de Chypre, le repeuplement de la ville de Varosha (en infraction totale avec les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU) ou les prospections illégales dans la zone économique exclusive de Chypre.

Oubliés, l’instrumentalisation et le chantage permanent du président turc aux migrants, menaçant de « noyer l’Europe » sous leur flot.

Pas un mot, non plus, sur l’utilisation massive, par Erdoğan, des djihadistes syriens, formés et rémunérés par ses services, envoyés combattre dans le Haut-Karabagh, en Libye et dans le nord de la Syrie, s’y livrant aux pires exactions et crimes contre l’humanité.

Oubliés, enfin, les instruments que la Turquie islamiste actionne auprès de ses diasporas dans les pays membres de l’Union européenne, tels que l’organisation criminelle les Loups gris et la mouvance islamiste radicale représentée au premier plan par le Millî Görüş.

Et pour parachever les lamentations sur son ancienne espérance détruite, le rapport en question regrette que les turpitudes de la Turquie compromettent le processus d’adhésion, et qu’il faut avant tout chercher à sauver celui-ci.

Aveuglement de l’idéologie européenne qui se refuse à voir l’ennemi turc quand celui-ci lui tire dessus et croit encore à un processus d’adhésion qui devrait pourtant être définitivement enterré.

Jérôme Rivière et Thierry Mariani
Jérôme Rivière et Thierry Mariani
Jérôme Rivière est député européen, président du groupe RN au Parlement européen, membre de la commission des Affaires étrangères. Thierry Mariani est député européen, vice-président du groupe RN au Parlement européen, membre de la commission des Affaires étrangères, ancien ministre.

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