Rachida Dati défend la culture pour tous et le service public : peine perdue ?

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Le ministre de la Culture était, ce matin, chez Sonia Mabrouk pour La Grande Interview (CNews/Europe 1). Elle a pratiqué ce genre oratoire qu’est l’éloge. Éloge de Gabriel Attal, au « parcours impressionnant », elle dirait presque, si elle osait, « fulgurant ». Éloge de François Bayrou, « un ami de longue date rencontré grâce à Simone Veil ». Éloge du « génie français », de la culture française à laquelle il faut que tous aient accès, que ce soit les Français des zones rurales, loin de tout, ou les Français des zones urbaines, dénués d’appétence et de curiosité - comprenons : les banlieues où des jeunes issus de l’immigration s’en foutent pas mal, de la culture des kouffars, voire la haïssent.

Les vertus intégratives de la culture française, Rachida Dati y croit fortement. À ce titre, elle était hier à la Philharmonie de Paris (XIXe arr.). En guise d’harmonie, elle a eu droit à une démonstration de Gumboot - une danse d’esclaves, comme des claquettes mais avec des bottes en caoutchouc. Les interprètes étaient des écoliers de 7 à 12 ans, « non francophones », précise Le Parisien. Conclusion de Rachida Dati : « Après ça, on ne peut pas dire que la culture n’intègre pas. Vous êtes la preuve du contraire. » En réalité, c’est elle qui a été « intégrée », à coup de Gumboot dans les… oreilles.

Plus avant, Sonia Mabrouk lui demande quels livres elle conseillerait « à ceux qui sont le plus éloignés de la culture ». Réponse : Eugénie Grandet, et Molière, Les Précieuses ridicules, Les Femmes savantes… soit des livres « faciles d’accès ». Que Rachida Dati n’ait aucune connaissance de l’illettrisme crasse et croissant donne à son rêve d’une culture pour tous un goût de fantasmagorie.

Un service public qui a « le soutien des Français » ?

A-t-elle les pieds davantage sur terre pour ce qui concerne l’audiovisuel d’État ? « Le service public doit respecter toutes les opinions », affirmait Rachida Dati en une du JDD du week-end dernier. Elle a redit à Sonia Mabrouk son attachement à la télé et à la radio publiques, seule culture accessible à bon nombre de gens. Elle se souvient de son enfance : « Ce service public a le soutien des Français, mais s’il veut le garder, il faudra qu’il soit le reflet de la diversité d’opinions des Français. J’en appelle à la déontologie de chacun. »

Première question : le service public a-t-il le « soutien » des Français ? Selon un sondage Kantar-La Croix (janvier 2023), 48 % des Français estimaient positive l’existence d’un service public. 11 % pensaient le contraire, un tiers… s’en foutaient. Une enquête plus récente (Harris Interactive) indique que la confiance des Français dans les médias publics ne s’élève qu’à 56 %. Soutien relatif, à relier à la diversité relative du service public.

Pluralisme : cet article 35 délibérément ignoré

Car si le pluralisme est inscrit dans les gènes de l’audiovisuel public (décret n° 2009-796 du 23 juin 2009, article 35), il reste théorique. Qu’en est-il - c’est notre deuxième question - de l’avis même de ceux qui sont supposés appliquer ce décret ? Présidente-directrice générale de Radio France, Sybile Veil professait, en 2022 : « Cette indépendance [des médias publics] est réelle, elle est ancrée dans les rédactions et elle se manifeste par le pluralisme et la très grande diversité des opinions qui sont représentées. » Langue de bois. La « très grande diversité des opinions » de C à vous (France 5) est un concept qui prête à sourire.

Son homologue de France Télévisions, Delphine Ernotte - l’ennemie de tout homme blanc de plus de 50 ans, donc anti-diversitaire -, était plus franche, en juillet dernier devant une commission à l’Assemblée nationale : « Je tiens à dire qu'on ne représente pas la France telle qu'elle est […] mais on essaie de représenter la France telle qu'on voudrait qu'elle soit. » D’où l’appel, par Rachida Dati, à la « déontologie » de chacun, ou plutôt de chacune. Mais si elle s’emploie à faire respecter le décret allègrement ignoré par les acteurs du système, elle va se heurter à forte partie.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

43 commentaires

  1. Philarmonique : j’ai cru qu’elle avait assisté à une interprétation d’une symphonie de Beethoven ou Malher ! Ben non, parcouru trop vite…Exit la Culture; place à l’inculture, ( notamment télévisuelle )

  2. Un autre intervenant faisait remarquer la prédominance des fréquences dont semble jouir France Inter qui explique peut-être le taux d’écoute…

  3. Puisque notre souveraineté a été offerte en cadeau de mariage a Bruxelles, il faut bien ici dans un recoin autrefois appelé France que tout ce petit monde indigène continue a faire semblant d´etre une Nation, alors on fait semblant d´avoir des ministres, semblant d´avoir des journalistes, semblant d´avoir de députés et semblant de plein d’autres trucs encore. Meme le president fait semblant d´etre president et pour forcer le trait il s’oriente vers la guerre avec des arcs et des flèches en laissant derrière lui des tonnes de CO2 aeriens. Les pays autres qu’occidental évitent de marcher en France de peur que ca colle a la chaussure.

  4. Dati n’est pas pire qu’une autre et je suis convaincue qu’elle sait sa tâche impossible.
    Car même si elle le voulait on imagine aisément la levée de boucliers immédiate et sans nuance que soulèverait ne serait-ce que l’évocation d’introduire un minimum d’opinions diverses dans notre si « cher » service public !

    • En tout cas, ce n’est pas ce gouvernement qui serait capable de les mettre au pas. Il faut faire comme avec le SNCF. Tout privatiser…

  5. Une opportuniste politique qui ne croit pas une minute à ce qu’elle dit . Elle me fait penser à Chirac toute proportion gardée.
    Elle assure l’interim avant les élections municipales à la mairie de Paris car c’est cela qu’elle vise et sa nomination lui servira de carte de visite pour lui donner plus de crédibilité .
    Macron lui a donné ce poste ne échange de quelques services futurs lors des échéanes présidentielles ou le candidat renaissance(Attal?) aura bien besoin de l’apport de quelques LR surtout si une de ceux ci sont Maire de Paris ! Toujours la même tambouille politicienne d’une caste hors sol, alors que la France brûle !

    •  » Elle me fait penser à Chirac toute proportion gardée. » Et ce n’est pas un hasard. La trahison fut et demeure le liant de feu le parti gaulliste.

      • Le parti gaulliste n’existe plus. Tous sans exception l’ont trahi. La constitution de la V° république, à force de la triturer est en lambeau. Elle est devenue un torchon.

  6.  » il faudra qu’il soit le reflet de la diversité d’opinions des Français  » . J’ai eu peur , heureusement qu’elle rajoute opinion à diversité car de ce côté là , on est largement servi . A ceux qui avaient des doutes , elle est entrée en macronie pour y rester , au fait quelle différence entre ce clan et LR , rien .

  7. J’ai des doutes, elle qui disait les pires choses sur Macron mais en dit tout le bien qu’il faut aujourd’hui… Paroles, paroles, paroles…

  8. Je ne veux plus entendre parler de cette personne une traitre a son clan ,remarquez d’où elle sort ce n’est que normal ils sont habitués aux coups de couteaux dans le dos elle confirme la règle .

  9.  » la confiance des Français dans les médias publics ne s’élève qu’à 56 %.  » Mais tout de même à56%. Hallucinant.

  10. Mme Ernotte avait annoncé la couleur : « trop d’hommes Blancs de plus de 50 ans à la TV ». A France Inter, le parleur en chef est un ancien de Libé + Mme Salamé. Comment pourront-ils s’y prendre pour plus de pluralité. Inviter un non- woke ne suffira pas. C’est la « ligne » éditoriale qui compte aussi, et la façon de présenter et approfondir les sujets

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