Passer une vie à détruire méthodiquement les vieilles nations pour prévoir, in fine, leur écroulement : le vrai-faux prophète Jacques Attali se surpasse dans la prédiction autoréalisatrice. L’accident fatal, « l’immense crise financière », Jacques Attali en connaît la date à la semaine près : « La deuxième quinzaine d’un mois d’août : comme en 1857, en 1971, en 1982 et en 1993. » Il ne lui manque qu’un détail : l’année ! « Peut-être août 2023 », dit-il. Diable, c’est demain, ça !

Dans un billet paru sur son blog, l’ancien conseiller de Mitterrand - le Président qui plongea en 1983 le pays dans l’acide d’une Union européenne à vocation mondialiste - prévoit la ruine presque sûre du monde dont il fut le plus fervent ouvrier, cet univers dominé par une finance devenue folle et qui a remisé les frontières parmi les objets de musée.

Cette évolution fatale, l’effondrement du cadre national, l’Europe, l’immigration - une merveilleuse chance de « métissage », selon Attali -, l’abandon du franc, tout cela a été vendu aux Français avec un argument unique : la bonne santé de notre économie. Souvenez-vous… Schengen ? Merveilleux pour l’économie, nous ont dit Attali et consorts. Le Marché commun ? Bon pour l’économie. L’euro ? Indispensable pour l’économie. L’immigration ? Qui ramasserait nos poubelles, qui ferait le ménage sans nos précieux immigrés ? Ça valait bien un peu d'insécurité.

Le résultat s’étale sous nos yeux. La société française, moralement ruinée, en révolte permanente, en voie d’appauvrissement rapide pour la classe moyenne, les campagnes ou le monde ouvrier, déchirée entre communautés, en proie à une violence inédite, a vu disparaître sa puissance industrielle, agricole, commerciale (le déficit commercial bat aujourd’hui des records) dans un des pays les plus taxés et les plus endettés au monde. Jacques Attali est mieux placé que personne pour constater les dégâts. Il a conseillé tous les Présidents en place, lutté sans relâche contre la droite nationale. Il détaille donc avec le style prophétique qui a fait sa fortune ce que la plupart des économistes disent partout en France et dans le monde : la situation financière est explosive. « La situation mondiale ne tient aujourd’hui que par la force du dollar, lui-même légitimé par la puissance économique, militaire et politique des États-Unis, qui restent le premier refuge des capitaux du monde », constate le docte mondialiste. À qui la faute ? « Or, ils sont aujourd’hui menacés par une très grave crise budgétaire, financière, climatique et politique », poursuit Attali. Endettement des promoteurs, banques fragilisées, climat révolutionnaire… C’est la fête, après quarante ans de promesses d’un avenir rose bonbon dans un monde sans frontières, avec partage du travail et loisirs infinis pour regarder Netflix pénard, si possible dans le pays voisin.

La machine à rêves mondialiste et sa filiale européenne s’enrayent… « Le reste du monde souffrirait terriblement d’une telle crise, prévient le « père Attali », comme l'appela Zemmour. L’Europe, elle-même terriblement endettée, plongerait dans une récession […]. De même pour la Chine. Seule la Russie, qui n’a plus rien à perdre, aurait à y gagner » ! Le Rire du cosaque, pour reprendre le titre de feu Roger Holeindre, résonne ainsi jusqu’à nous.

Heureusement, Attali a la solution. Ou plutôt les solutions, car il en a quatre : des économies radicales, une relance budgétaire, la guerre et la surprise du chef, « une réorientation radicale de l’économie mondiale vers un mode de développement nouveau, avec un tout autre rapport à la propriété des biens de consommation et du logement, réduisant à la fois l’endettement et l’empreinte climatique ». Le communisme ? Mieux que ça ? Que ceux qui ont compris lèvent le doigt ! On ne le fera, ce monde de rêve, « vraisemblablement pas à la place de la catastrophe, encore parfaitement évitable, mais après qu’elle aura eu lieu », explique Attali. Donc, on y va, de gré ou de force.

Il n’a pas changé, Attali, 79 ans aux prunes. La France est depuis longtemps trop petite pour contenir l’idée qu’il se fait de lui-même, de ses compétences, de son destin et de la puissance de ses idées délétères. Au dos de son livre Demain, qui gouvernera le monde ?, paru en 2011, il rêvait tout haut : « Un jour, l'humanité comprendra qu'elle a tout à gagner à se rassembler autour d'un gouvernement démocratique du monde, dépassant les intérêts des nations les plus puissantes […]. Un tel gouvernement existera un jour. Après un désastre, ou à sa place. » De là à souhaiter ledit désastre pour accéder à ses rêves, il n'y a qu'un pas...

Dix ans plus tôt, en octobre 2000, dans la Revue des deux mondes, Attali se lâchait : « J'aimerais pouvoir imaginer une société idéale et les moyens d'y parvenir. Selon moi, la "société idéale" est une société mondiale non violente, dotée d'un gouvernement universel qui aiderait chaque personne humaine à trouver et réaliser son propre idéal et son génie. » On le connaît. Il nous expliquera, comme le font les européistes, que si le mondialisme ne marche pas, c’est parce qu’il n’y a pas assez de mondialisme. La réalité est plus simple : Monsieur Attali, votre société idéale mondiale est un enfer. Laissez-nous nos vieilles nations et leurs défauts, nous les aimons.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 15/04/2023 à 13:25.

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13 avril 2023 à 20:38

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51 commentaires

  1. Macron bis, il dit tout et son contraire. Il est arrivé aux portes du pouvoir, et utilise la brosse à reluire. Cet type là, a un ego puissant, il croit tout ce qu’il raconte et persuade les grands de ce monde. Pauvres Énarques.

  2. Merci beaucoup Monsieur Baudrillier pour ce billet d’humeur dans lequel tous les lecteurs de B.V peuvent se reconnaitre.
    Bonne soirée

  3. Attila est de retour ! Le pire avec lui est qu’il a toujours raison et que si vous lui rappelez ses raisonnements contradictoires antérieurs il vous répondra que vous n’aviez pas compris le sens supérieur de son propos malgré ses efforts pour se mettre à votre niveau .
    Il est des êtres supérieurs et d’autres que se croient l’être . Notre plus grave erreur est de ne pas savoir séparer le bon grain de l’ivraie et de suivre benoîtement ces crétins en les remerciant pour ces pensées profondes dont nous ne saisissons pas le sens.
    Monsieur Attali si pour une fois vous restiez à votre place et observiez en silence …

  4. Je me rappelle d’un journaliste, il y a une trentaine d’années, qui se trouvait à proximité de Mitterrand et d’Attali avec quelques autres lors d’une commémoration officielle, et qui racontait : Attali évoquait le maréchal Pétain et disait tout le mal qu’il pensait de ce personnage; Mitterrand s’est retourné et a dit (sic) : « Taisez-vous, Attali, vous ne savez pas de quoi vous parlez ! ».

  5. Les prédictions de Nostradamus se sont avérées inexactes également, et ce prophète qui a côtoyé tous les bords politiques n’en est pas à une bourde près , « déblatérer pour mieux exister » . Laissons le à ses croyances loufoques et employons nous à redresser notre pays par tous les moyens.

  6. La société idéale de J. Attali est effectivement un enfer pour les peuples (vous n’aurez plus rien) et un paradis pour les élites (on sera heureux). En fait, ce n’est que l’idéologie occidentale qui au nom du Bien (on le voit avec le covid, avec le climat, avec l’Ukraine) cherche à faire obéir les peuples. Il est malheureux de constater que leur théorie marche bien car la majorité obéit et souvent avec zèle (la ruée vers l’injection après l’appel du 12/07/2021 juste pour pouvoir aller au restau…..). Le comportement moutonnier des masses abruties de bienpensance ne présage rien de bon…

  7. Celui par lequel tout notre malheur est arrivé, en partant du dernier Macron, qu’il a trouvé dans une « pochette surprise » Rothschild, et a bien façonné….Le problème M. Attali c’est que la France si elle avait été mieux gouvernée depuis 40 ans, en pays avec une certaine Indépendance par rapport à Bruxelles et Washington, des frontières assez bien contrôlées avec une immigration formée assimilée, pays avec le plus de dette donc soumis, son énergie mise à ba, en inflation plus, avec ses Brevets largués, ses Fleurons industriels éclatés, la criminalité en expansion, le « quoi qu’il en coûte » mortifère pour plaire aux U.S., et le pire le « wokisme » jusqu’à abandonner ce qui gère la Nature depuis des millions d’années, et apprendre à nos tous petits (9 à 11 ans) des choses du sexe pour imprégner leur cerveau….La France aurait pu en neutralité intervenir dans ce Monde entre les Grands Empires (U S, Russie, Chine).
    Rendez à la France ses Valeurs, à l’U.E. son Histoire Judéo Chrétienne, son Energie, sans être obligatoirement soumise à Black Rock, et le Monde pourra se porter mieux…..Depuis la Bérézina la France voulait la paix. L’O.T.A.N. sous directives U.S. c’est la Guerre cataclysmique…Soutenez Zemmour M. Attali pour vous racheter

  8. Article réaliste. Un monde sans frontières ? En Europe certainement, le seul « royaume » où « on rince à l’oeil » . Où toute la misère du monde s’agglutine, la France en étant le noyau mou, le noyau central, refuge de tout ce qui est refoulé par les autres pays de l’Union, le tapis sur lequel on s’essuie les pieds. Comment sommes-nous arrivés dans cette situation ? Deux raisons majeures. Raison d’Etat : charges trop lourdes, Etat dans son obstination à ne pas les baisser drastiquement sous prétexte d’un social à sauvegarder, d’une misère du monde à laquelle remédier sans compter. La population de France vit à doses de piqures de rappels : des subventions en veux tu, en voilà, pendant que la masse marchande productive s’étiole. Vivre sur les services ne dure qu’un temps. Autre raison majeure : les grèves à répétitions organisées par le syndicat révolutionnaire CGT, sans aucun frein venant de l’Etat. Les pouvoirs publics ont pourtant été alertés. Le ferroviaire trop en grève, trop handicapant pour les entreprises a été progressivement remplacé par le routier, efficient. L’Etat a laissé faire la CGT. Les entreprises ont pris le taureau par les cornes : taxes et grèves… oust, par la fenêtre. Elles ont délocalisé. Bilan : la France a perdu ses savoirs faire les plus essentiels, a perdu sa Qualité, a perdu ses emplois productifs, a perdu son autonomie. De leader dans bien des domaines, elle est devenue la soumise de bien des contrées. Nous devons cette situation aux dirigeants, mal formés, plus préoccupés par leur individualisme, par leur querelles de chapelles que par LA FRANCE ET SES FRANCAIS.

  9. Non il faut remplacer le mot « prévoit » par se réjouis de voir enfin arriver la crise qu’il cherit depuis 1981.

  10. Excellent ! Merci pour ce brillant article qui renvoie  » le père Fourras  » du mondialisme et ses chimères à une sévère auto critique que son égo surdimensionné lui rendra hélas impossible !

  11. En fait, tout cela n’a enrichi que Jacques Attali lui-même et ses copains.
    Quand au réchauffement climatique, arrêtez un peu de nous gonfler avec ça, on parle de quelques degrés de moyenne et même les plus alarmistes confient que ça n’est finalement pas si grave dès lors qu’on parle de diminuer le bilan carbone de l’immigration.
    En fait, je pense que le réchauffement climatique est beaucoup plus pratique que les supporters anglais quand il est question de justifier l’injustifiable.

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