Politique étrangère d’Emmanuel Macron : entre illusions et vassalité

Macron and Merkel attend a news conference following talks on EU integration, defence and migration in Paris

La politique étrangère d’Emmanuel Macron se résume entre illusions et vassalité.

Illusions

Emmanuel Macron ne jure que par l'Europe. Il prône même une souveraineté européenne. Or, les faits sont bien loin de cette utopie qui suscite les ricanements de nos partenaires européens.

Relations avec la Russie : c'est le grand écart avec l'Allemagne, les États baltes, la Pologne. Si Emmanuel Macron a eu raison de recevoir Vladimir Poutine à Brégançon, il souscrit « dans le même temps » aux sanctions, ce qui mène à une impasse.

Relations avec la Turquie : Emmanuel Macron attend toujours le soutien effectif de l'Allemagne à l'égard de la Turquie. Berlin poursuit ses relations privilégiées avec Ankara qui remontent au soutien de Guillaume II à l'Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale.

Sahel : la France porte seule et à grands frais - un milliard d'euros par an - la lutte contre les djihadistes et, tel Godot, elle attend l'arrivée sur le terrain de ses partenaires européens. Berlin ne veut pas s'en mêler !

OTAN : Emmanuel Macron, qui a le génie des formules à l'emporte-pièce, jugeait, du temps de Donald Trump, que l'Alliance était en « mort cérébrale », provoquant la colère de nos partenaires européens. Angela Merkel, nouvelle maîtresse d'école, l'a fermement morigéné en lui signifiant qu'il ne faut pas dire des choses pareilles... Aujourd'hui, avec Joe Biden, l'OTAN revient en odeur de sainteté dans l'esprit de Jupiter, comme si les Américains avaient fondamentalement changé. L'OTAN est la première organisation politique en Europe et elle est américaine, pour le très grand plaisir de nos partenaires. C'est la réalité !

Coopération en matière d'armement : c'est la douche froide des illusions macronniennes. L'Allemagne exige d'accéder aux savoir-faire français, notamment en matière aéronautique. Christian Saint-Étienne dénonce l'illusion de la coopération franco-allemande et affirme : « Il faut avoir l'intelligence et le courage d'arrêter avant un désastre total. »

Et on apprend que l'Allemagne ne prend pas de gants pour fermer sa frontière avec la France comme pour le département de la Moselle. Elle prend sa décision sans en informer au préalable le gouvernement français ; coup dur pour l'euro-béatitude... Ce n'est pas la première fois que la chancelière Angela Merkel, prend des décisions de manière unilatérale, sans en informer la France et ses partenaires de l'Union européenne : on se souvient de sa négociation avec Erdoğan pour accueillir, en 2015, 800.000 migrants !

Algérie : la faute des bons gestes

Emannuel Macron n'a de cesse de vouloir faire de bons gestes à l'égard d'Alger en frappant sa coulpe : « La colonisation a été un crime contre l'humanité. » Nouveaux bons gestes en renvoyant en Algérie les restes des combattants indigènes lors de la conquête de l'Algérie, en commandant à Benjamin Stora un rapport pour réécrire l'Histoire entre la France et l'Algérie, rapport qui est une charge incroyable contre la France. Le résultat est édifiant : l'Algérie exige encore davantage de la France, la politique de bons gestes, comme toujours, est un leurre, une faute diplomatique majeure.

Vassalité

Le président de la République s'aligne systématiquement sur les positions allemandes, sacrifiant toutes les conceptions françaises et intérêts nationaux pour rechercher la béatitude européenne dont le couple franco-allemand serait l'incarnation !

Le fameux accord Union européenne-Chine voulu par l'Allemagne pour son industrie en est un exemple parfait. La France était très réticente et voulait des garanties sur les lois du travail protégeant les enfants ou les prisonniers. Eh bien, pour maintenir le tandem avec Berlin, Paris s'est couché. Mieux encore : Emmanuel Macron a « fait tapisserie » en étant présent à la vidéoconférence de la signature de cet accord. On a le sentiment de toujours se battre pour le roi de Prusse...

Au Proche et Moyen-Orient, Jupiter a chaussé les bottes de François Hollande et suit en tout point la politique américaine. La France a ainsi dilapidé des siècles d'influence dans les pays arabes ; elle n'est plus la puissance dont l'indépendance tenait à distance les Anglo-Saxons et les Russes. Ces derniers l'ont même supplantée dans la protection des chrétiens, victimes répétées des islamistes - un comble !

Tout cela est de l'amateurisme pétri d'idéologie. La politique étrangère du président de la République est dangereuse pour la France. C'est un échec sans appel !

Jacques Myard
Jacques Myard
Homme politique - Maire de Maisons-Laffitte

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