Polémique Praud-Nouvian-Lévy : à quand une brigade langagière ?
Bienvenue dans Océania ! Un tsunami l’a frappée. Tombée dans un guet-apens, dit-elle, la militante écologique de la pêche et de la lutte contre toutes les inégalités, Claire Nouvian, directrice de l’ONG Bloom, ne serait pas venue à l’émission de CNews si elle avait su qu’elle se retrouverait dans un cercle de « climatosceptiques ». Car, enfin, nier le réchauffement climatique, autant nier la rotondité de la Terre ! Ô, sainte Inquisition de la religion écologique ! Quel baptême, pour cette militante européenne !
Elle était hors d'elle, Mme Nouvian, ce 9 mai. Bille en tête, elle s’en prit au scepticisme de ses interlocuteurs, qu’elle accusa d’être « d’une ignorance crasse ». Mme Lévy lui rappela les règles d’un débat dont l’intéressée, très remontée, ne tint pas compte. Quelques adjectifs désagréables sortirent de la bouche de la militante. L’animateur lui demanda de ne pas « donner une image hystérique de sa pensée ». Injure sexiste ! Le débat tournait à la foire d’empoigne, expression dont on fait remarquer, en passant, le caractère sexiste. Pour accréditer son militantisme, Mme Nouvian fit remarquer que la guerre de Syrie était venue après dix ans de sécheresse. Le sang d’Élisabeth Lévy ne fit qu’un tour, on le comprend.
Outrée, la victime se fit filmer, quelque temps après, sur une berge de la Seine. Derrière elle, une « mobilité douce de demain ». Entendez : une bicyclette. Son hashtag est alors lancé à l’improviste : « Folle de rage ». Un tweet de la maire de Lille dénonce, chez Praud, « la diatribe négationniste contre le réchauffement climatique ainsi qu’une insulte honteuse et misogyne ». Deux versions différentes de l’émission circulent sur la Toile. Incident minime ? Pas sûr, quand on en voit les échos médiatiques.
À ce sujet — Élisabeth Lévy : « Claire Nouvian ment, manipule et diffame pour passer pour une victime »
Dans le politiquement correct, certains mots n’ont plus droit de cité. Il y avait « hystériser », avec les variations « polémiquer » et « stigmatiser ». Nos ministres nous « alertent » constamment « sur » notre tendance à « hystériser » les sujets sensibles. Mais l’important est de créer le buzz. Dans son livre L’Empire du politiquement correct, Bock-Côté parle de « la culture de la capture d’écran. On surveille l’autre à la recherche d’un dérapage qu’on pourra ensuite transformer en buzz. » Déraper, est-ce ce qu’a fait Pascal Praud ? On ne le voit pas. En revanche, on voit le buzz avec l’utilisation conjointe de deux mots désormais diabolisés : hystérique et misogyne.
L’hystérie, on en parle depuis qu’il y a des femmes sur la Terre. Ce fut le fonds de commerce de Freud. En 1855, les statistiques dénombrent trois cas d’hystérie masculine contre vingt féminine. La parité n’étant pas assurée, on ne peut dire si cette statistique se vérifiait dans notre débat. Ce qu’on voit, en revanche, c’est que l’adjectif « hystérique » relève, désormais, de l’accusation de misogynie et de sexisme. Heureusement que Pascal Praud n’a pas traité Mme Nouvian d’hystérique !
Tout être humain étant duel, l’hystérie ne devrait pas être une injure sexuée. « Madame Bovary, c’est moi », disait Flaubert. L’écriture n’existe que par l’androgynie du créateur. Le coup médiatique de Mme Nouvian a-t-il porté ? À quand une brigade langagière ? Quel climat délétère règne dans notre pays !
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