[Point du vue] Convention citoyenne sur la fin de vie : l’euthanasie au bout du couloir ?

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Elle est dans les tuyaux : il y aura bien une Convention citoyenne sur la fin de vie. Le Président se serait juste un peu emballé lors de la remise de la grand-croix de la Légion d'honneur à Line Renaud, déclarant : « Le droit à mourir dans la dignité est un combat qui vous ressemble et qui nous oblige », laissant ainsi entendre que le principe d'une loi était acquis. Du reste, Jean-Luc Romero, défenseur acharné de l'euthanasie, s'est empressé de l'interpréter ainsi.

Mais il y aura bien Convention, comme l'avait annoncé Emmanuel Macron dans son programme électoral où il était question d'associer citoyens, spécialistes de l’éthique et professionnels. Cette annonce, le Président l'a faite, le 8 septembre, en marge du lancement du Conseil national de la Refondation, déclarant : « Il nous faut bouger pour plus d’humanité. »

Bien sûr, tous les citoyens-participants qui avaient un tantinet travaillé lors des états généraux de la bioéthique seront ravis. Ils en gardent un souvenir ému. Ils s’étaient très majoritairement prononcés contre la PMA sans père et autres délires sociétaux inclus dans le projet de révision de la loi de bioéthique de 2018. Et puis, le Conseil consultatif national d’éthique en charge de la synthèse avait conclu que, finalement, il fallait les autoriser, juste cinq ans après avoir rendu un avis défavorable, mais n’y voyez aucune versatilité. D’ailleurs, le président du CCNE, le Pr. Jean-François Delfraissy, avouait en 2018 : « Je ne sais pas ce que sont le bien et le mal. » C’est dire s’il est qualifié pour présider un comité Théodule devant rendre des avis sur des problèmes d’éthique.

­Il reste quelques inconnues : quels seront les citoyens autorisés à participer ? Sera-t-il permis à chacun d’apporter son eau au moulin ? Pour les spécialistes de l’éthique, le CCNE a déjà fait preuve, par le passé, d’une suffisante servilité, il devrait être reconduit à la manœuvre, pour le pire et pour le encore pire. Quant aux professionnels, sont-ce les « praticiens » qui injecteront les produits létaux ? Sont-ce les soignants des soins palliatifs qui n’ont pas obtenu de moyens suffisants quand la loi de bioéthique de 2005 votait l’accessibilité de tous les Français à ces soins ? Verrons-nous les caisses de retraite et les assurances santé quémander des économies sur leurs budgets de prestations en abrégeant la vie des bénéficiaires ?

Quelques petites réflexions.

Il est toujours aussi inepte qu’auparavant de voter une loi euthanasie tant que nous n’aurons pas consacré des moyens suffisants pour diffuser partout en France les soins palliatifs et, ensuite, évaluer leur succès.

Il est tout aussi inepte de discuter du bien et du mal, comme si c’était un problème de curseur qu’il conviendrait de positionner au gré des lubies individuelles ou collectives. Cette consultation est donc intrinsèquement stupide. Il suffirait de rappeler que l’interdit anthropologique de tuer ne devrait souffrir que deux exceptions : la légitime défense et la guerre (oui, l’auteur assume d’être hostile à l’avortement).

Il est assez probable que le triumvirat des Alliance VITA-associations familiales catholiques–Manif pour tous se mobilisera et qu’il enverra ses cohortes participer à cette consultation. C’est très bien. Il va falloir faire du bruit, montrer que ce n’est pas évident, que nous ne sommes pas dupes des poncifs du genre « mourir dans la dignité ». Bien sûr, il faudra s’armer de patience face aux arguments pleins de pathos. L’émotion est un levier de propagande apprécié et maîtrisé par les défenseurs de l'euthanasie. In fine, ce sera sans doute aussi efficace qu’un coup d’épée dans l’eau, mais qui sait ? Peut-être que l’absence de consensus pourrait enhardir les opposants au Parlement ? Le coût politique d’un nouveau clivage pourrait-il décourager le pouvoir en place ou tient-il mordicus à son avancée sociétale ?

Bref, l’état d’esprit, c’est tout de même d’aller à la bataille face à un ennemi qui ne respecte pas les lois de la guerre, et en espérant un miracle. Ne nous dérobons pas !

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Trés étonnée que personne ne fasse remarquer que la peine de mort a été abolie en France pour les grands criminels dont le terroriste Salah Abdeslam mais qu’on veut faire voter la peine de mort pour les grands malades. L’euthanasie c’est le nom pseudo medical pour autorisation de tuer. Car il s’agit bien d’un meurtre dont certains voudraient faire reposer la terrible responsabilité sur les medecins infirmiers… C’est tout simplement scandaleux. Line Renault fait du lobbying pour l’euthanasie mais si elle veut le moment venu elle peut se suicider sans faire porter la responsabilité de sa mort su la conscience d’autrui. C’est vraiment manquer de respect à l’égard du personnel soignant dont le but est de soigner pour sauver des vies et non pas en éliminer. Les médecins prêtent le serment d’Hyppocrate leur demander d’euthanasier dont de tuer revient à leur faire rompre leur serment. Euthanasier = tuer cela doit être dit répéter proclamer partout en toute circonstance. Qu’on améliore les prises en charge les soins palliatifs qu’on recrute du personnel formé pour soigner les personnes en fin de vie et qu’on arrête ce chantage et cette manipulation sémantique. Supprimer une vie ce n’est pas aider à « mourir dans la dignité » . C

  2. Macron est beaucoup plus productif pour déstabiliser notre société autour de l’évolution des moeurs que pour redresser la France. Son besoin d’introduire les lobbies dans nos écoles en est l’illustration la plus significative. Quelles nécessités de faire appel à SOS racisme, ou aux LGBT . Nos enfants seront-ils pour autant plus instruits en maths, en français, en orthographe ? Heureusement, les écoles privées restent sur les fondamentaux.

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