[Point de vue] Suppression de la police judiciaire : Darmanin définitivement dépassé par les événements !

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La « connerie » d'un système déconnecté et hors-sol ! Vous avez raison, M. Lanvin. Vous que j'ai croisé par une froide nuit de 1981 alors que, jeune officier de police, je débutais ma carrière à la BAC 75 (qui s’appelait alors brigade de direction) et vous, acteur déjà reconnu, qui prépariez le tournage du Choix des armes. Vous, contrairement à ceux qui, aujourd’hui, pour quelques galons supplémentaires, sont prêts à vendre leur âme, êtes resté fidèle à vos amis et à cette grande maison qu'est, et a toujours été, la police judiciaire.

Bien entendu, le sinistre projet qui sera bientôt présenté par Gérald Darmanin dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (LOPSI) ne saurait se résumer à ces considérations d’ordre « affectif ». Les choses sont en effet bien plus graves que ça.

Ainsi, lors d’un prochain Conseil des ministres, M. Darmanin défendra une énième réforme de la police nationale. Incapable, depuis plusieurs années, d’obtenir les moindres résultats en matière de lutte contre la petite et moyenne délinquance, celle qui empoisonne le quotidien des Français, il a donc choisi de ressortir des oubliettes la création des DDPN (directions départementales de la police nationale). Arguant de la nécessité d’un commandement unique des services déconcentrés de la police nationale qui selon lui va tout résoudre, Darmanin, habilement conseillé par quelques « chapeaux à plumes » de la grande maison, nous ressert donc une nouvelle organisation que les policiers avaient pourtant déjà, et à juste titre, rejetée il y a près de trente ans.

Bien entendu, cette réforme, à part satisfaire la haute hiérarchie policière, n’apportera rien au reste de la police ni à la sécurité des Français. Bien plus : elle achèvera de désorganiser une administration qui est aujourd’hui au plus mal et aurait, il est vrai, besoin d’une vraie évolution adaptée à la criminalité et à la violence que l’on connaît désormais au quotidien dans notre pays.

Mais qui dit unité de commandement dit aussi unité des services. D’où l’idée de supprimer la PJ pour l’intégrer à la sécurité publique. Objectif annoncé : améliorer les taux d’élucidations actuellement au plus bas. Mais qui peut raisonnablement croire que l’excellence des uns palliera les carences des autres ? La petite et la moyenne délinquance ne seront efficacement combattues que par la présence renforcée des policiers sur le terrain. Par ailleurs, plutôt que de détruire la PJ, c’est au renforcement de la filière judiciaire de la sécurité publique qu’il faut procéder. Tout le reste n'est que de la poudre aux yeux tout juste destinée à dissimuler l’impéritie d’un ministre qui, manifestement en mal de solutions, devrait songer à laisser sa place.

Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

20 commentaires

  1. La fusion RGx-DST en son temps, mariage de déraison au bal des ambitions. La DGSI n’a pas, quoi qu’on en rapporte, cimenté les deux cultures, et de Secret-Défense sert commodément à cacher les ratés et difficultés inavouables. La PJ, dernier outil efficace de lutte contre la délinquance organisée, pétrie de la qualité de ses effectifs, va devoir laisser le champ libre à toute la lie de la voyoucratie internationale et itinérante.

  2. Encore un peu , la France ne sera plus qu’un souvenir , la déconstruction est inévitable dans un but inavoué menée par nos ennemis de l’intérieur qui gouvernent .

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