[Point de vue] Nicolas Sarkozy : suite du marathon judiciaire

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Le temps se couvre, pour l’ancien Président. Il n’aimait guère les juges ; les « pois-chiches », comme il disait. Ces derniers le lui rendent bien, tel qu’en témoigne cette nouvelle condamnation, prononcée ce 17 mai, à trois ans de prison, dont un ferme, dans le fameux dossier dit des écoutes téléphoniques Bismuth. Une peine qui s’ajoute à celle d’un an ferme infligée, le 1er mars 2021, dans celui de l’affaire Bygmalion.

En son temps, son prédécesseur Jacques Chirac avait, lui aussi, eu maille à partir avec la Justice, en 2011, à l’occasion du procès relatif aux emplois fictifs de la mairie de Paris. Mais il n’avait écopé que de deux ans avec sursis. C’est donc la première fois qu’un ancien Président est condamné à de la prison ferme. Certes, les peines d’un an ou moins sont aménageables, le bracelet électronique à domicile tenant lieu de cellule. Quant à ces deux ans de prison ferme, ils ne sont pas cumulables, les peines prononcées étant, chacune, d’une seule année.

Pour ce deuxième procès, ses avocats ont une nouvelle fois annoncé un pourvoi en cassation, suspendant ainsi l’application des peines encourues. Ces recours épuisés, il lui reste encore la possibilité de faire appel auprès de la Cour européenne des droits de l’homme. Autant dire que le bracelet électronique n’est pas pour demain.

En revanche, le nouveau procès qui s’annonce sur un possible financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 risque d’être autrement plus périlleux pour lui. En effet, nous dit Le Monde, « ce dossier complexe ne comporte pas de preuve indiscutable de financement occulte, mais un faisceau “d’indices graves ou concordants” (documents, témoignages, éléments financiers) qui ont conduit la Justice à mettre Nicolas Sarkozy en examen pour “corruption massive”, “financement illégal de campagne électorale”, “recel de fonds publics” et “association de malfaiteurs” ».

Et là, il ne s’agit plus de petits arrangements, réels ou supposés, avec la loi, mais d’une possible ingérence étrangère, celle du défunt colonel Kadhafi, dans une élection française majeure. Pour un Président de droite, c’est-à-dire censé être patriote, ou se présentant comme tel, c’est grave.

Quelle que soit la nature des verdicts définitifs, il n’est pas incongru de se demander pourquoi tant de personnalités politiques donnent la funeste impression de se conduire comme s’ils étaient au-dessus des lois, comme si ces dernières étaient réservées au vulgum pecus.

Ce fut tout particulièrement vrai dans la droite gaulliste et post-gaulliste. Il est vrai que dans la résistance, ces gens furent amenés à avoir de sulfureuses relations ; logique, on ne trouvait pas que des enfants de chœur dans le maquis. Des amis au pedigree judiciaire plus que chargé, mais qui furent bien utiles pour lutter contre l’OAS : là aussi, les barbouzes du Général n’avaient rien d’enfants de chœur. On retrouva ensuite les mêmes au SAC, le redouté Service d’action civique, lui encore très utile pour tenir en échec les gros bras du PCF.

Depuis Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, ce mélange des genres n’est plus qu’un mauvais souvenir. Mais il n’est pas illicite de noter que certaines mauvaises habitudes ont longtemps persisté. Le premier mentor de Nicolas Sarkozy ? Charles Pasqua, ancien du SAC et dont le nom est très souvent cité dans le remarquable ouvrage, Les Parrains corses, de Vincent Nouzille et Jacques Follorou, où l’on y comprend à quel point le milieu politique gaulliste et le milieu tout court ont longtemps compagnonné. Simple hasard ? Si tel était le cas, cela signifierait qu’il fait pour une fois mal les choses.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Pour une fois la justice a bien fait son travail ,ce président a fait plus de mal que du bien à notre pays .
    Il n’a pas tenu compte du résultat du référendum et en faisant tuer Kadafi il a détruit la Lybie qui laisse passer les migrants .

  2. Qu’il finisse en taule, pas forcément pour corruption ou financement illégal de parti (ils le font tous), mais parce qu’il a détruit la France en la remettant dans l’OTAN et dans l’Europe, et qu’il a détruit la Lybie, pour compléter le foutoir installé par les Américains dans le monde arabe, et qui sert les intérêts de qui vous savez.

  3. …“financement illégal de campagne électorale”… Au fait que fait le PNF quant au financement des deux campagnes de Macron ?…..

  4. Le pauvre, comme quoi tout se paie un jour. Et qu’il ne pleurniche pas trop, quand on additionne toutes ses traitrises un an ferme, mais laissé en liberté, me semble bien léger.

  5. Le temps se couvre, pour l’ancien Président. Il n’aimait guère les juges ; les « pois-chiches », comme il disait. Ces derniers le lui rendent bien …..dites vous. Par ces mots vous confirmez ce que disent Nicolas Sarkozy et ses avocats, cette justice là n’est pas la garante du respect des lois, mais elle est au service de la rancœur de juges très politique.
    C’est la justice du « mur des cons » qui agit à la manière du comité de salut public. Après ce constat lucide de votre part, en préambule, vous gâchez votre jugement par votre animosité personnelle envers notre ancien président.
    Revenez donc à votre lucidité première et pensez à ce que vous allez écrire si, un jour, votre ami Marine Le Pen se retrouve dans les mailles du filets de ces magistrats rouges.

  6. Vous ne m.en tirerez pas une larme. Ce type a trahis les français, trahis la France, menti avec son karscher laissé au garage. Il souffle en plus a l.oreille de Macron. Bref comme ecrivait Desproges, « j.ai repris 2 fois des moules »

  7. C’est le moment ! Avec toutes ses casseroles, il doit payer comme n’importe que lambda… Quand on sait « les sanctions  » qui ne seront pas effectuées ou avec des privilèges, je ris jaune

  8. Les comportements limites sinon délictueux des  » autorités  » politiques sont l’objet de trop de longanimité de la part de l’ensemble de la population pour qu’ on se plaigne de la prise de responsabilité de la justice au nettoyage des écuries. Les anathèmes contre l’institution font partie des mêmes pitreries que celles des vieilles gloires holywoodiennes dont ont s’assure de la présence sur la croisette en leur promettant une récompense qu’ils font mine de découvrir à la réception.

  9. Tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont soutenu Sarkozy se sentent insultés par ce jugement aberrant. Ajoutons tous ceux que l’on a insultés parce qu’il étaient au Rassemblement National et tous ceux que l’on a bafoués avec la loi Taubira, il ne restera plus beaucoup d’électeurs. Une chance pour les rares « incorruptibles qui restent et qui vont enfin, sans frais , tenir le haut du pavé. Encore un petit effort sur l’IVG, la GPA et d’euthanasie, et la France est sauvée.

  10. Je n’aime pas Sarkozy qui a trahit la droite, mais dans le cas présent je pense qu’il y a un certain acharnement judiciaire, car il est condamné sans preuve, quant à l’affaire Libyenne, quant on connait les margoulins qui ont témoigé à charge, leur parole vaut autant que celle de Juda.

  11. Pour ma part, Sarko n’a que ce qu’il mérite ! Avec toutes les mauvaises décisions qu’il a prises (Traité de Lisbonne, Dictature routière, guerre en Lybie, vente de l’or de la BdF, …. et enfin, trahison de Fillon en 2017 en nous mettant dans les pattes à Macron…. et j’en oublie beaucoup !

  12. Comme le disait Georges Clemenceau:  » La politique, c’est comme l’andouille, ça peut sentir la merde, mais pas trop ». S’il est vrai que dans cette affaire, tout porte à croire qu’il s’agit avant tout d’un règlement de compte politique, on ne peut qu’être révolté du deux poids deux mesures entre la célérité de la justice pour les affaires politiques et sa lenteur pour juger les criminels qui attentent à la sécurité des Français.

  13. On peut n’avoir aucune sympathie particulière pour Sarkozy, on peut et à juste titre condamner, s’opposer, critiquer son action politique et ses comportements. Mais ne pas voir que ces procès et ces condamnations sont des procès politiques conduits avec acharnement par des juges politisés et avec une débauche de moyens qui manquent à la justice pour faire le travail que les Français attendent pour lutter contre la délinquance, c’est passer à coté d’une problématique essentielle de la justice : son instrumentation politique et la politisation de certains juges, le dévoiement de l’Etat de Droit et le gouvernement de juges au détriment des électeurs. Dito Fillon, dito Balkany, dito Zemmour, etc etc, On préfèrerait voir les multirécidivistes plus souvent en prison et un peu moins de spectacle autours des hommes politiques.
    Il est par ailleurs assez regrettable que cet article n’examine pas le fond du jugement ayant abouti à cette condamnation.

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