[Point de vue] Ce matin-là, Dominique Bernard…

dominique bernard

Dominique Bernard avait 57 ans. Il était né dans une famille d'enseignants et on peut croire que l'amour et l'exemple de ses parents lui avaient tout naturellement suggéré de s'inscrire dans la continuité. Il avait fait ses études à Lille, pas très loin d'Arras, puis il avait passé l'agrégation de lettres modernes. Ensuite, comme il arrive souvent dans beaucoup de métiers, Dominique Bernard avait rencontré une femme qui faisait le même métier que lui, ou presque : il était professeur de français, elle était professeur d'anglais. Ensemble, ils avaient eu trois filles. Dominique Bernard était probablement un homme d'habitudes, même s'il est toujours difficile de tirer des conclusions hâtives : en tous les cas, il semble qu'il enseignait dans le même collège arrageois depuis quinze ans. À 57 ans, Monsieur Bernard, comme l'appelaient certainement ses élèves, ne devait pas être loin de profiter d'une retraite bien méritée. Il n'allait pas tarder, comme il commençait à en rêver depuis quelques trimestres, à retrouver les œuvres de Proust et Céline, qu'il connaissait, qu'il aimait.

Céline disait que Proust et lui-même étaient les grands stylistes du XXe siècle. Peut-être Monsieur Bernard souscrivait-il à cette opinion, car son écrivain préféré, celui dont il était vraiment fin connaisseur, c'était Julien Gracq, lui-même extraordinaire styliste de l'écriture. De l'auteur secret et exigeant des bords de Loire, de l'arpenteur des grands chemins, de l'homme qui avait démarré dans le roman gothique (Au château d'Argol) avant de trouver sa voie dans un onirisme puissant et nostalgique, Monsieur Bernard aurait pu parler des heures. C'était ce qu'il prévoyait, d'ailleurs, une fois la retraite prise. Et son épouse, qu'aime-t-elle ? Joyce ? Woolfe ? On ne le sait pas.

Ce matin-là, c'était le 13 octobre et Monsieur Bernard allait travailler, comme d'habitude. On était vendredi et il avait prévu, si ça se trouve, de passer le week-end avec une de ses filles ou de relire tranquillement Un balcon en forêt en écoutant de la musique... Le destin ne l'a pas permis.

Ce 13 octobre, un terroriste d'à peine vingt ans, ancien élève du collège, a essayé de poignarder les profs en criant « Allahou Akbar ». Monsieur Bernard avait élevé ses trois filles avec de l'amour et des Pléiade, alors que chez les Mogouchkov, le père forçait les trois fils à se battre jusqu'au sang. Choc des cultures, mais la lâcheté était étrangère à l'homme de lettres, que l'on décrit comme passionné et généreux. « Va vers ton risque », écrivait l'immense René Char, le poète résistant dont il offrait les recueils à ses amis. Dominique Bernard y est allé.

En s'interposant pour sauver d'autres vies que la sienne, beaucoup de choses ont pu traverser l'esprit de Monsieur Bernard au moment où il a compris qu'il ne relirait jamais Gracq ni Char : les profs de lettres ne disent-ils pas que les dernières lignes d'un livre le résument tout entier ? Ainsi des hommes, bien souvent.

Ce qui est certain, c'est qu'à notre tour, nous pensons, en voyant le sacrifice tellement généreux de ce professeur héroïque dans ce monde si laid, aux derniers mots du Rivage des Syrtes. Le héros, après avoir attendu longtemps une guerre sourde et apparemment improbable, se rend à l'évidence de la menace et dit en conclusion : « Je savais pour quoi, désormais, le décor était planté. »

Nous aussi, professeur, nous savons. Un littéraire doux et courageux contre un clandestin lâche et violent : on est au stade de l'allégorie. Que Dieu vous accueille en Son immense bibliothèque. Et que la France se réveille enfin, pas trop tard si c'est possible.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Nous partageons sincèrement le profond chagrin de son épouse, de ses filles et de toute sa famille dont l’existence est à tout jamais dévastée à cause d’un fanatique qui, comme d’autres, n’a pas sa place dans notre pays. Ces individus que nos gouvernants hébergent n’ont rien d’humain que l’apparence, ce qui se déroule en ce moment en Israël en est encore la preuve. Leur conduite est dictée par l’idéologie de leur religion alors que notre religion nous dicte l’inverse en s’aimant les uns les autres et en respectant son prochain. Comment ce Chef d’Etat peut-il garder et accueillir encore de telles peuplades dans notre pays civilisé alors que son premier devoir humanitaire est de protéger son propre peuple.

  2. Le Gouvernement rend des hommages de circonstance, le Président appel à l’union. Et puis…rien. Le vide intersidéral de l’action de l’exécutif. Ils semblent paralysés. Comme si une soudaine trouille les gagnait. Figés comme un lapin dans les phares d’une automobile. Le Ministre de l’Intérieur annone et égrène des statistiques sécuritaires. Aucun n’osera prononcer le mot. Le tabou par excellence des progressistes. L’Islam. L’islamisme. Le terrorisme islamique. Quand on prône avec arrogance et mépris pour sa propre population une immigration de peuplement, comment évoquer le réel ? Nos dirigeants sont donc absolument incapables de modifier la situation en quoi que ce soit. Il nous faut en changer d’urgence.

  3. Dominique Bernard nouvelle victime du Djihadisme après Mr Samuel Paty suite au laxisme de notre pays envers cette immigration Arabo Musulmane qui importe une contre culture contrairement à la nôtre avec la Charia et cie mais le Hamas a menacer de frapper la France et c’est ce qui s’est passé à Arras ! Toutes mes condoléances à la famille de Mr Bernard !

  4. Malheureusement, je suis formel, il y en aura d’autres, des enseignants, des prêtres, des policiers et des gens lambda, pout ce qui peut représenter des infidèles au sens du coran,(sauf les politiques qui sont très bien protégés). Nous avons tendance à les considérer comme des malades mentaux et au pire, nous les mettons quelques temps dans un hôpital psychiatrique et le relâchons plus radicalisés qu’ils n’y son entrés. Nous avons laissé rentrer cette faune sans contrôle, lorsque les patriotes donnaient l’alerte, ils étaient ostracisés et maintenant, la situation est si grave, que nos âmes charitables ne savent plus quoi faire, si ce n’est encore un déni de réalité et de mettre la faute sur l’extrême droite, qui aurait empêché l’intégration. Les frères musulmans et les salafistes sont en France comme des poissons dans l’eau. Nous sommes à la veille d’être comme le Liban.

  5. On peut aussi avoir une lecture binoculaire de cet évènement, une sur le plan individuel, l’autre sur le plan collectif. Sur le plan individuel c’est bien entendu un drame personnel affreux et scandaleux dont a été victime cet homme, et à d’autres degrés sa famille, ses proches et tous ceux qu’il ou qui l’aimaient.
    En revanche, sur le plan collectif, celui du monde de l’enseignement, globalement de gauche quand il n’est pas tout simplement gauchiste et idéologiste, je ne suis pas dans la compassion. Je n’ai guère de sympathie pour ces gens déconnectés du réel, intellectuels auto-satisfaits, supérieurs jusqu’à la condescendance, idéalistes jusqu’à la bêtise et la mauvaise foi, pour qui il n’existe pas de hiérarchie des valeurs, donc pour qui le pire des assassins vaut tout autant et doit être tout aussi respecté que le meilleur des hommes.
    Ce genre de faute, ça se paye cher et cash. Alors bon retour sur terre.

  6. Et malheureusement je crains que ce ne soit pas le dernier face à gouvernement qui traine les pieds et face à ce danger qui ne cesse de grandir

  7. Encore une famille brisée par un islamiste, encore trois filles qui vont pleurer leur père, encore une femme veuve meurtrie pour le restant de sa vie, tout cela par la défaillance et la lâcheté de notre état qui ne fait rien et ne voit rien cette famille dont aucun de ses membres ne travaillent, cette famille qui ne vie que par les aides sociales que l’état lui verse avec nos impôts, oui nous payons pour nous fait tuer

  8. Que dire de plus, que l’assassin était issu d’une famille violente et sectaire, que le père avait été expulsé de France pour y revenir l’année suivante, que ces gens n’auraient jamais du être accueillis dans notre pays en tant que réfugiés, que la justice est lente et que nous n’en sortirons pas sans fermer le robinet d’une immigration incontrôlée. Face à ce drame, des mots mais guère d’actes à la hauteur de l’enjeu.

  9. Condoléances à la famille et aux proches de ce professeur monsieur Dominique Bernard. Il rejoint la longue liste de toutes les victimes qui sur notre terre chrétienne subissent l’attaque d’une culture incompatible avec la nôtre et qui nous a d’ailleurs prévenu. Si mes pensées vont d’abord à toutes ces victimes, ma haine va à tous ceux qui font mine d’ignorer cette déclaration de guerre et qui permettent que l’ennemi s’installe en France. La société a besoin d’être protégée par ceux qui la dirigent. Le manquement à cette mission première est une faute majeure qui doit conduire à nommer une équipe dirigeante responsable.

  10. Qu’il repose en paix. Non, sa mort doit devenir un symbole. Symbole de la beauté écrasée par l’ignoble. Symbole du construit et de la finesse face à la brutalité aveugle imbecile et sanguinaire. D’autant plus choquant pour moi qu’il aimait Céline. Comment contenir notre rage. Pour ma je lui souhaite un doux  » voyage au bout de la nuit ».

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