Passe sanitaire : Brigitte Bardot refuse l’Ausweis !

Capture d'écran Twitter
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Décidément, notre BB nationale n’en finit plus d'être indignée : « Je ne suis pas vaccinée et je soutiens ceux qui manifestent contre le passe sanitaire. On ne peut plus aller au café, prendre l’avion ou le train sans montrer son Ausweis, ce laissez-passer qu’on nous imposait pendant la guerre et que j’ai connu. » Une déclaration fracassante faite à l’occasion d’un entretien accordé à Valeurs actuelles, ce 10 août dernier.

Toujours dans la même veine, Brigitte persiste et signe : « Nous voilà maintenant avec une Kommandantur élyséenne qui nous remet dans ces conditions. Je trouve ça terrifiant et lamentable. Je propose que les Français fassent une grève des impôts, pour tous ceux qui n’ont plus le droit de vivre normalement, car ils ne sont pas vaccinés. Comme notre argent est porteur de virus, je pense qu’il serait bon de ne pas le donner à l’État. » Fichtre…

Quoi qu’on pense de cette « nazification » de l’Élysée – Emmanuel Macron n’est pas plus Adolf Hitler que Marine Le Pen n’est Eva Braun –, on constate que Bardot n’a rien perdu de sa verdeur misanthrope : « L’humanité me dégoûte. » Cette dernière est ainsi accusée de toutes les plaies d’Égypte, principalement celles concernant la cause animale. En gros et en vrac : les amateurs de corrida et les chasseurs, sans oublier ceux qui abandonnent leurs animaux domestiques à l’approche des vacances. Soit rien qui ne puisse présenter la saveur de l’inédit.

Dans un registre moins sentimental – mais si BB ne l’était pas, ce ne serait plus BB –, elle profite de l’occasion pour dire le plus grand bien d’Éric Zemmour : « Je ne sais pas s’il va se présenter, mais s’il se présente, je pense que ce serait une très belle chose pour la France. » Avec ce petit bémol, néanmoins : « Malheureusement, il n’a pas tout à fait la même vision sur les animaux que moi. »

Et c’est là que réside le paradoxe de Brigitte Bardot, rebelle devant l’Éternel ayant toujours été poursuivie par les clercs d’hier et d’aujourd’hui, depuis 1957, année de sortie du film de Roger Vadim, Et Dieu créa la femme. Et Le Monde de rappeler ce qu’écrivait, à l’époque, le magazine Life : « Brigitte Bardot représente moins une fille qu’une excitante attitude métaphysique. Elle symbolise la rébellion de l’éternel féminin qui découvre que la vie est malheureusement parfois triste et fréquemment futile. Depuis la statue de la Liberté, qui domine New York, aucune Française n’a projeté un tel faisceau de lumière sur les États-Unis. »

En effet, qui mieux qu’elle incarna en son temps « l’indifférence totale » qu’elle reproche désormais à ses contemporains en matière de bienveillance animale ? Et qui sont ces gauchistes hystériques, vegans et antispécistes prêts à un autre Grand Remplacement, celui de l’homme par l’animal, si ce ne sont ses lointains héritiers, voire ses propres enfants ? Ainsi s’alarme-t-elle de voir la France « foutre le camp », pour reprendre l’expression consacrée. Mais en stigmatisant chasseurs et autres amateurs de plaisirs enracinés, corrida au premier chef, avec des déclarations à l’emporte-pièce – « On ne peut plus, à notre époque, vivre du plaisir de tuer » –, n’est-elle pas en train de maudire les effets dont elle chérit les causes ? Soit cet hédonisme autocentré dont elle fut la figure de proue dans les années soixante ?

Car son film totémique, Et Dieu créa la femme, préfigura aussi, de manière culturelle, les émeutes de Mai 68. Émeutes certes fomentées par les enfants de la bourgeoisie de gauche, chahut étudiant qui ne fut jamais que la continuation du combat progressiste d’une Brigitte Bardot, figure éminente de la bourgeoisie de droite.

 

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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