Un salon pro-GPA, ce week-end à Paris

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Septembre et ses diverses rentrées, après la trêve estivale, il est temps de se rebrancher et de donner une orientation à son année. Les parents le savent bien, c’est le moment des multiples réinscriptions. Les salons des associations servent à cela : rencontrer, réfléchir, s’engager, pour mieux grandir et s’impliquer dans notre société. Mais ce week-end, c’est un tout autre salon qui se tient à l’Espace Champerret, dans ce vaste centre d’exposition. Ici, point de jeune bambin hésitant entre le foot ou le tennis ni de jeune retraité prêt à se choisir une nouvelle activité. C’est une tout autre offre bien plus subversive dont il s’agit et que l’on devine aisément à son titre de « Désir d’enfant ».

Un désir parfaitement naturel proprement présenté dans un discours bien marketé : « Désir d’enfant est destiné à tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur la parentalité et la fertilité. Seul événement d’information, de soutien, de conseil et d’éducation, en France, où seront présents les principaux experts mondiaux de la fertilité. » C’est vrai, après tout, pourquoi voir le mal partout ? On est même rassurés quand on lit, plus bas : « Cet événement est purement informatif et non commercial. En aucun cas des consultations médicales ne seront effectuées pendant l’événement. »

La réalité est autre à la lecture du programme des conférences : « La GPA en toute sécurité » ; « Tout savoir sur le don d’ovocytes en Espagne » ; « Le remboursement de la PMA lors de soins à l’étranger » ; « Dons d’ovocytes en République tchèque » ; « Options homoparentales au Canada » ; « Maman en solo, choisir d’avoir un enfant seule »... Et l’on comprend assez vite que ce salon, qui fait son business juteux de la procréation, a pour objectif de recruter des clients pour recourir, à l’étranger, à des techniques d’assistance médicale interdites en France.

Le désir d'enfant, tout légitime qu’il est, ne peut et ne doit en aucun cas justifier un contrat commercial, sous peine de créer dans notre monde une nouvelle forme d'esclavagisme : celui des ventres. Où sont les féministes, indigénistes et racialistes ? Pourquoi ne les entend-on pas monter au créneau et manifester contre ce néo-colonialisme des mères porteuses incitées à louer leur utérus pour gagner leur vie ? C'est leur liberté, répondront les partisans libertaires de la liberté individuelle. Mais où est la liberté de ces femmes pauvres exploitées quand la misère ne leur donne pas ce luxe d'avoir le choix ? Oui, c'est vrai, rétorqueront encore les progressistes, certaines femmes occidentales portent un enfant de manière altruiste. L'enfer est tellement pavé de bonnes intentions quand il fait passer le droit à l'enfant avant le droit de l'enfant (d'avoir un père ET une mère)...

Interrogée par Aleteia, Aude Mirkovic, porte-parole de l’association Juristes pour l’enfance, dénonce « l’atteinte à ces deux libertés fondamentales que sont le respect de la dignité humaine et la non-marchandisation du corps humain, en invoquant le trouble à l’ordre public. Les interventions de ces sociétés étrangères au salon Désir d’enfant font, au vu et au su de tous, la promotion d’infractions pénales. Proposer aux femmes de vendre leurs ovocytes pour 5.000 euros, c’est de la vente et de l’achat d’éléments et de produits du corps humain. Proposer de rencontrer des spécialistes de la GPA, c’est un délit d’entremise en vue de la GPA, délit créé en 1994. C’est une infraction pénale à elle seule. »

L’association a déposé un référé liberté auprès du tribunal administratif pour faire interdire la tenue de ce salon. Demande assez vite déboutée par le juge des référés. Ce qui prouve la criante hypocrisie de notre pays en marche vers la marchandisation du corps humain sous prétexte de beaux sentiments : ils s'aiment, c'est leur droit ? D’un côté, le discours officiel interdit (encore pour le moment) la grossesse pour autrui, de l’autre, il ferme les yeux sur l’intervention des sociétés étrangères venant faire miroiter des catalogues de beaux bébés à qui voudra bien les acheter. Il faut bien vivre avec son temps, n'est-ce pas ?

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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