Pas d’effet Attal pour les européennes : Bardella toujours 10 points devant !

Capture d'écran
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C'est la principale raison de la nomination de Gabriel Attal à Matignon, et l'exécutif ne s'en cachait d'ailleurs pas : lutter contre le RN, atténuer la victoire de Jordan Bardella annoncée par les sondages pour les européennes de juin et, pour cela, parvenir à réduire l'écart entre la liste Renaissance et la sienne, donnée dix points au-dessus. Si Gabrielle Cluzel a pu dire que ce n'est pas Macron qui l'a nommé, mais Pap Ndiaye, on peut aussi raisonnablement avancer que ce n'est pas Macron mais Bardella. Nouvelle preuve que le RN est désormais au centre de la vie politique française. Et la première arme d'Attal contre le RN, ce fut cette semaine de com' intense où le seul nom d'Attal, devenu magique, a tout écrasé dans l'actu, même l'hiver et le froid !

Ce matin, le réveil de l'exécutif et de ses stratèges doit être douloureux : Gabriel Attal n'est pas l'arme fatale tant espérée. Un premier sondage, réalisé après la nomination du plus jeune Premier ministre, du 10 au 12 janvier, par Elabe pour BFM TV et La Tribune Dimanche, confirme l'hégémonie de la liste RN conduite par Jordan Bardella : avec 28,5 % des voix, il arrive toujours dix points devant la liste Renaissance, MoDem, Horizons, qui plafonne à 18 %. Certes, le sondage proposait comme tête de la liste majoritaire le peu connu Stéphane Séjourné, qui a été depuis nommé ministre des Affaires étrangères. Exfiltré avant d'avoir combattu. Encore un qui peut remercier Jordan Bardella ! Et un autre motif de trouver sa nomination consternante... Mais l'incapacité de la majorité à trouver un leader pour ces européennes en dit long sur la déliquescence du macronisme, tout comme l'hypothèse Olivier Véran, rhabillé pour hiver, printemps et été par Nicolas Gauthier.

Ce sondage vaut aussi pour l'analyse du détail du vote Bardella et plus généralement des nouveaux atouts du RN, au-delà même de ces élections européennes. D'abord, la liste Bardella mobiliserait dans cette élection à un tour une partie des électeurs Reconquête, la liste de Marion Maréchal n'étant plus donnée qu'à 5 %. L'effet d'un scrutin à un seul tour peut en effet être contradictoire : certes, on peut vouloir privilégier un vote de conviction qui donnera des élus à son parti préféré mais, puisqu'il n'y a pas de premier tour pour choisir et de second pour éliminer, on peut vouloir éliminer. Et le soir du 9 juin, tout le monde regardera qui est premier, qui est second, et l'écart. Si Bardella réussissait à distancer la liste macroniste de dix points, ce serait effectivement un triomphe et un basculement politique.

Mais ce sondage enregistre aussi des évolutions lourdes dans la structure de l'électorat RN, certainement dues à l'apport de l'électorat d'Éric Zemmour et à la décomposition LR dont le dernier épisode a pour nom Dati. En effet, le RN parvient enfin à capter des catégories où il était jusqu'à présent minoritaire : il fait 28 % chez les CSP+ (contre 26 % pour les macronistes !) et 24 % chez ceux qui bouclent leurs fins de mois sans se restreindre (contre 21 %), et cela, en confortant son leadership dans les catégories populaires. Le RN viendrait même concurrencer la liste macroniste chez les plus de 65 % (RN 19, Renaissance 23), naguère chasse gardée du parti présidentiel et de LR ! Ce sont là des évolutions historiques.

Évidemment, avec des sondages aussi flatteurs, le risque pour le RN est d'arriver en juin avec un écart plus réduit et une victoire moins nette. D'autant plus que ces élections qui, d'après ce sondage, intéressent peu les Français pour le moment, mobilisent traditionnellement moins l'électorat populaire, qui fait la force du RN. Mais pour l'instant, comme l'écrivait Marc Baudriller, le RN peut regarder avec sérénité l'opération Attal.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

94 commentaires

  1. L’ambtion s’illustre avec la fixation d’un objectif ambitieux et inatteignable. Mr Bardella 10% de plus est insuffisant. Visez 15 puis 20%, voire plus.

  2. Je sais que je voterai. Pour qui, je ne sais pas encore. J’en veux beaucoup à Mlp d’avoir foiré 2022 et par ambition personnelle de sacrifier l’avenir du pays. La droite Doit s’unir. Mitterand nous a tous niqués avec son union de la gauche. Retournez vous un peu.

  3. Pour ma part, ma voix ira à Marion. Le RN s’eloigne trop de ses convictions antérieures. Il laisse s’installer des règles et ne se prononcer plus contre certaines pratiques que l’on peut assimiler à des moeurs qui vont à l’encontre de l’éthique. Je pense aux lois sur l’avortement, et la défense de la famille.

  4. C’est normal , les remaniements ministériels façon « plus belle la vie » sont ridicules , et les agitations médiatiques qui suivent n’empêcheront pas les électeurs de voter massivement pour des partis de droite aux européennes . afin de modifier cette UE source de tous nos maux .
    Et pendant ce temps l’invasion migratoire africaine et maghrébine tourne à plein régime , et la France continue son opération portes ouvertes , et donne les aides les plus généreuses de l’UE.
    Voir actuellement la déferlante migratoire aux Canaries , l’Espagne acheminant toute cette richesse vers la frontière française .

  5. Lire tous ces messages me revigorent !.. je n’imaginais pas – même sur B.V – que je puisse trouver autant de gens de mon avis !..
    C’est un véritable bain de jouvence !!!

  6. Personnellement moi aussi, tout comme « Ravachol » je préfère – et de loin – Marion Maréchal et E.Zemmour – plutôt que ce R.N dont les positions sont trop à gauche à mon goût !..
    Ceci dit, de nos jours, « l’eau passe plus vite sous les ponts » que jadis … et même si les élections n’ont lieu que dans 6 mois … les choses peuvent changer du tout au tout d’ici là … Un accident est si vite arrivé !..

    • Ne dites pas que le RN vire à gauche. Zemmour a mille fois raison sur bien des sujets, mais la droite divisée n’arrivera à rien. Je suis d’une ville ou aux élections pour la mairie nous avons eu un maire de gauche par deux fois alors que la droite était majoritaire mais divisée.

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