Parmi les nouveautés de 2023, la suppression du ticket de caisse, le 1er avril…

ticket de caisse

La crise du Covid puis la guerre en Ukraine sont venues, depuis deux ans, surinfecter les stress des consommateurs. Plus encore sur la quantité et le prix des produits et services que sur leur qualité. L'évolution du marché ordinaire des familles, chacun peut la vivre dans les supermarchés, dans les longues files d'attente des services publics et privés : la réponse humaine aux demandes des consommateurs ne suit plus.

Le consommateur ou l'usager est renvoyé à des sites, des QR codes, des messageries téléphoniques. Banques, assurances, poste, téléphonistes, rail, EDF… Et des sommets indépassables de la bêtise informatisée : pour obtenir des cartes grises ou des actes d'état civil, chacun est supposé être informaticien ! Pour ses besoins physiques, le consommateur découvre l'augmentation des tarifs de l'énergie, de l'alimentation (+15 %), l'appauvrissement des linéaires, les produits non remplacés ou périmés, notamment la grave disparition épisodique de médicaments essentiels.

C'est dans ce contexte, si tendu, qu'on annonce la suppression des tickets de caisse. Initialement prévue au 1er janvier 2023, la fin de l’impression automatique du ticket de caisse s'appliquera, en France, au 1er avril (!) 2023. C'est ce que prévoit un décret publié au Journal officiel du 15 décembre 2022. La communication officielle du gouvernement indique que « ce changement se fait dans le cadre de la lutte contre le gaspillage (sic) et les substances dangereuses pour la santé ». Sont spécialement concernés les tickets de carte bancaire produits dans les surfaces de vente et dans les établissements recevant du public, les tickets émis par des automates, les tickets de carte bancaire… Mais – nous dit-on - pour obtenir un ticket de caisse imprimé, le consommateur devra désormais le demander expressément au commerçant ou invoquer une exception comme les tickets de caisse relatifs à l’achat de certains biens, notamment les appareils électroménagers, équipements informatiques, appareils de téléphonie par exemple (voir liste à l’article D211-6 du Code de la consommation). Et les tickets de carte bancaire relatifs à certaines opérations annulées ou faisant l'objet d'un crédit feront, eux aussi, toujours l'objet d'une impression systématique, ainsi que les tickets émis par des automates dont la conservation et la présentation sont nécessaires pour bénéficier d'un produit ou d'un service.

Le ticket sera remplacé par une dématérialisation par envoi par SMS, par courriel, une application bancaire spéciale de l'acheteur, un QR code donnant accès à une page Web. Conformément au Règlement général sur la protection des données (RGPD), la collecte de données auprès de l’acheteur est subordonnée à son consentement explicite. Bref, un énorme embrouillamini, une mesure idiote et odieuse. Idiote car il y a des « gaspillages » et des « pollutions » infiniment plus graves. Et odieuse, car le ticket de caisse, au moment où de plus en plus de consommateurs sont à un euro près, leur permettait de vérifier s'il n'y a pas eu d'erreur sur les produits ou les prix saisis (cela est arrivé à chacun de nous), ce qui permet de faire une réclamation immédiate, à la caisse, la seule qui puisse aboutir. Le ticket est la preuve la plus simple qu'il y a eu achat et donc contrat. Et cela permet de réclamer en cas de vice caché, y compris sur des produits alimentaires, et permet d'appliquer avec efficacité la traçabilité des produits dangereux et leur retrait et rappel, si nécessaire, dans l'intérêt de la sécurité et de la santé des consommateurs (selon le règlement CE 178/2002).

Appauvrir les consommateurs, c'est appauvrir les familles et appauvrir la nation tout entière. Quand une nation s'appauvrit, les classe populaires se rebellent en émeutes qui, en général, échouent (gilets jaunes du début). Mais quand les classes moyennes déclassées rejoignent les classes populaires, ce sont alors des révolutions qui réussissent. Mais parfois aussi tournent mal.

Henri Temple
Henri Temple
Essayiste, chroniqueur, ex-Professeur de droit économique, expert international

Vos commentaires

55 commentaires

  1. Au nom de l’écologie, on nous demande tout et n’importe quoi. Ça devient absurde quand ce n’est pas improductif. Cette suppression du ticket de caisse est une idiotie et une atteinte de plus à nos libertés. Celle, en l’occurrence, de vérifier dans l’instant s’il n’y pas d’erreur entre les prix affichés et ceux facturés. Qu’attendent les associations de consommateurs pour réagir ? La meilleure réaction sera donc de demander une facture (non refusable) à la caisse.
    Ne nous y trompons pas, il y a derrière cette décision une nouvelle volonté de traçage et de contrôle des citoyens. Le passe sanitaire a servi de ballon d’essai. Le passe écologique est dans les cartons. Plusieurs communes en Europe l’ont déjà instauré « à titre expérimental ». Le contrat social à la chinoise se met en place doucement.
    Mattias Desmet explique très bien ces mécanismes qui mènent au totalitarisme dans son excellent ouvrage « La psychologie du totalitarisme ». Tout le monde devrait le lire. Mais n’est-il pas trop tard ? Car « il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un oubli si profond de sa liberté qu’il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers, qu’on dirait à le voir qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté, mais bien gagné sa servitude » (La Boétie).

  2. Plutôt que de commenter quotidiennement ces inepties mais de nous y soumettre, descendons dans la rue une bonne fois pour toutes.

  3. Le commerçant veut réduire ses couts , rouleaux de papier.
    Le consommateur va perdre de l’information sur ses achats et le suivi de son compte bancaire ce qui n’est pas admissible.
    Les commerçants me demandent déjà si je veux ces documents , je réponds toujours oui pour le ticket de carte bancaire.

  4. Au regard des erreurs certes minimes mais existantes et que je repère toutes les semaines, multipliez cela par le nombre de client cela donne des chiffres assez rondelets. Mais on n’est dans cette République plus à une escroquerie près sous le prétexte de l’écologie, le tout bien orchestré par la bande à picsous de Macron.

  5. Suppression du timbre poste rouge, suppression du carnet de tickets de métro ( tickets vendus à l’unité seulement) suppression du ticket de caisse. Est-ce que les lapins crétins qui sont aux manettes vont enfin arrêter de prendre ce genre de décisions?

    • Oh, tant que cela leur permet de magouiller et de nous obliger à avoir les laisses électroniques dont , entre autres est le tel portable,il est peu probable que cela s’arrête.

    • Pas faux ! Bravo à vous et merci.
      Car je ne l’avais pas vu venir cette arnaque supplémentaire.

  6. Merci aux lanceurs d’alertes ! Quel mépris des êtres humains en général, des consommateurs dans l’angoisse du quotidien en particulier…
    Oui, l’idée de laisser le chariot en plan et d’aller à l’épicerie de proximité est excellente ! Voilà une grève du zèle qui coûte rien et qui portera ses fruits. Imaginez la paralysie si 2 ou 3 clients font ça dans la même queue ! Je gage que bientôt ME Leclerc se radinera à la Télé pour dire :  »Chez nous vous aurez votre TDC !  » Ce qui n’est que notre droit normal…

  7. Aux consommateurs de demander systématiquement le ticket de caisse, seul moyen de vérifier les prix de leurs achats.

  8. Il n’y a absolument rien d’écologique dans ce remplacement du ticket de caisse par « une dématérialisation par envoi par SMS, par courriel, une application bancaire spéciale de l’acheteur, un QR code donnant accès à une page Web. » En effet, cela oblige à disposer d’un téléphone intelligent donc 4 ou 5G ou d’un accès internet chez soi. Qui paie la facture, c’est le consommateur. Cette mesure ne tombera que si nous exigeons tous notre ticket.

  9. De plus en plus souvent, il n’y a plus de caissières et il faut faire soi-même le travail(c’est tellement agaçant, qu’une fois sur deux, je pars en laissant mon charoit plein).
    En l’absence de caissière, à qui devra-t-on demander le ticket ?.

  10. En vérifiant le ticket de caisse, j’ai eu la surprise de constater que mes achats de pain à 3,99 € s’étaient transformés en gâteau aux myrtilles à 7 euros. Je suis revenu, aussi sec, au magasin pour corriger « l’erreur ». Nécessité donc du ticket.

  11. La maffia dirigeante étend ses tentacules dans la vie privée du consommateur ! La traçabilité de ce que nous achetons ne sera pas perdue pour tout le monde ! Quant aux nombreuses erreurs sur les prix qui fleurissent actuellement, que représentent-elles pour les spécialistes de la fraude qui nous gouvernent, et devraient depuis longtemps, vu les casseroles qui trainent, avoir démissionné ?

  12. Si le ticket de caisse m’est refusé, je laisse le chariot plein et je m’en vais.
    Il leur restera à tout remettre en rayon, ou à ouvrir une annexe des Restos du Coeur pour ceux qui ne peuvent pas supporter les hausses de prix et se privent même de nourriture.
    Assez de toutes ces guignolades ; s’ils n’ont rien d’autre à faire, il est urgent de les prévenir que le petit commerce est à l’agonie.
    Et puis le premier avril fait partie des grandes traditions à préserver !!!
    Une splendide occasion de bien s’amuser, surtout si le traditionnel « poisson » s’agite dans toute la France.

  13. Et comme cela, on ne pourra plus vérifier sa facture (comble du déni d’un droit élémentaire). Il y a pourtant de nombreuses erreurs, souvent en la défaveur du client: mais on n’aura plus le possibilité ni le droit de se plaindre.
    Ce monde grotesque devient une infâme galéjade, et tout le mondez l’accepte.

    • Oui tout le monde l’accepte au nom de la bienpensance et du développement durable. Ils accepteront de marcher à genoux si on leur dit que c’est bon pour la planète. Le 100% dématérialisé nous conduit à l’asservissement. Ayn Rand a écrit : la différence entre la dictature et la social démocratie c’est une question de temps. » On voit bien la direction qui est prise par nos élites qui s’imaginent un monde à la Hunger Games où le peuple serait soumis et les élites jouiraient de tous les plaisirs. Le désespérant dans l’histoire c’est que les peuples, alors qu’ils pourraient encore s’y opposer, accompagnent docilement le mouvement qui affecte, chaque jour un peu plus, leur liberté. Chacun espère être du bon coté à la fin mais ils en seront tous exclus. L’excès de civilisation rend bête. Nous y sommes.

      • J’ai découvert, il y a peu de temps, en plein confinement – merci Covid – le syndrome de Stockholm ainsi que la dissonance cognitive, qui expliquent bien le comportement de la majorité de nos concitoyens, dont je faisais partie.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Revivez le Grand oral des candidats de droite

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois