Parité artistique : trop d’œuvres d’hommes au musée, faut que ça change !

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On aurait pu s’y attendre, mais c’est fait : au Maryland (bien nommé en la circonstance), le Baltimore Museum of Art prévoit, cette année, de faire exclusivement l’acquisition d’œuvres de femmes, pour plus de 2,5 millions de dollars, et s’engage, en 2020, à promouvoir uniquement des artistes féminines par une vingtaine d’expositions.

Surtout, n’allez pas croire à une forme de discrimination : dans sa grande mansuétude, le BMA s’ouvrira quand même à des œuvres d’hommes, mais seulement sous forme de dons.

Effectivement, et comme le dit franceinfo, « loin d'être une particularité du BMA, la disproportion flagrante entre hommes et femmes dans les collections muséales est la norme ». Un peu comme sur les monuments aux morts, en somme…

Et puis, cette année, les États-Unis célèbrent les 100 ans du droit de vote des femmes, obtenu en 1920 après la ratification du XIXe amendement. Il est vrai que, contrairement à la France, il n’y avait pas, là-bas, de gauche pour s’y opposer « démocratiquement », par peur que ces dames ne votassent comme le curé le leur recommandait. Une vraie horreur, les USA : on peut y dire tout ce qu’on pense, et même se défendre avec un flingue !

Et comme chaque fois que l’on veut faire plaisir à un groupe de pression, ce désir de parité artistique ne suffit pas à certain(e)s : Teri Henderson, organisatrice d'expositions basée à Baltimore, constate ainsi « qu'une année d'acquisitions [...] ne peut pas rectifier le déséquilibre dans le monde des arts et des musées ». Cela « pourrait être un premier pas, mais c'est un pas minuscule », ajoute-t-elle. Surtout si, l’année prochaine, le musée décide de n’acheter que des œuvres d’artistes transgenres…

Avant d’en arriver là, elle recommande seulement d’arrêter « d'acheter de l'art qui n'est pas bon juste parce qu'il est fait par des artistes blancs connus. Commencez à prendre des risques et à investir dans des artistes noirs et de couleur vivants. » Voilà, c’est dit, elle a coché presque toutes les cases.

Mais la disproportion entre hommes et femmes dans le monde de l’art n’est-elle due qu’à l’éternelle domination du mâle (blanc, ça va sans dire) ?

Pourquoi si peu de femmes composent-elles de la musique ? Pourquoi, dans un orchestre symphonique, trouve-t-on plus de femmes aux cordes et d’hommes aux cuivres ? Pourquoi, dans le jazz, très peu de femmes instrumentistes, mais une majorité de chanteuses ? À cause des fameux stéréotypes imposés, ou plus simplement parce que « les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus » ?

Quelque chose me dit que la question n’est pas près d’être tranchée…

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

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