Vous connaissez Pamela Anderson ? C’est la femme la plus mamelue d’Hollywood, archétype de la blonde peroxydée, bouche en pneu, seins siliconés XXXL, passée à la postérité dans Alerte à Malibu.

À l’instar de Dallas et de son univers impitoyable, cette série de l’Amérique qui gagne est d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître : elle remonte à 1992. Pamela Anderson a, certes, vieilli sous le silicone mais les demi-sphères qui ornent son giron n’ont rien perdu de leur fermeté, ni ses décolletés de leur profondeur. Comme disait une vieille dame de ma connaissance, "elle est débraillée jusqu’au nom du fils" (faites un signe de croix et vous comprendrez !).

Les requins de Malibu ne font plus peur qu’en salle des marchés et la plantureuse Pamela ne hante plus les salles de cinéma que dans les films un peu gore. C’est ainsi qu’elle a fait une apparition, en 2006, dans Borat : leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan, une production totalement déjantée de Sacha Baron Cohen. Histoire simple : Borat, un reporter kazakh, est envoyé aux États-Unis par la télévision de son pays pour y tourner un reportage sur le mode de vie de cette nation vénérée comme un modèle. Choc des mondes sur un argumentaire hilarant, mais dont le résultat est très « caca-b…-c… ».

Pour accroître le poids de l’absurde, Sacha/Borat ne rencontre, dans son pseudo-documentaire, que des "vrais" gens, à l’exception de trois acteurs dont Pamela Anderson, laquelle est victime d’un kidnapping (bidon) pendant le tournage.

Douze ans plus tard, tout le monde a oublié le grotesque Borat et ses partenaires, sauf nos amis algériens. Projeté dans le cinéma Mohamed-Zinet, à Alger, Borat a ainsi déclenché l’ire du ministère de la Culture qui, en représailles, a fait fermer la salle pendant un mois. Comme le rapportent France Info et nos confrères du Point, le ministre Azzedine Mihoubi invoque d’abord une question de droit – on projetterait dans cette salle des films piratés – avant de confesser le véritable motif de cette sanction : les « scènes indécentes » de Pamela Anderson.

Les réactions, on s’en doute, sont à la hauteur du forfait. La réalisatrice Sofia Djama (primée à la Mostra de Venise en 2017) s’en prend au ministre sur Twitter : "Vous avez en effet l'argument de la légalité et le respect des droits de diffusion. Vous y ajoutez un commentaire inutile pour nous, mais audible pour les conservateurs et les islamistes. Vous osez invoquer l'indécence de certaines scènes en ce sacré mois de ramadan pour justifier la fermeture. Ça, c'est vulgaire et indécent puisque vous pouviez vous contenter de la loi."

Retour de la censure, donc, et l’on s’inquiète aussi chez nous d’une possible contagion des barbus moralisateurs. Et s’il faut fermer toutes les salles où l’on projette des films licencieux, il ne va pas rester grand-chose d’ouvert…

Et je dois avouer qu’en matière d’indécence, il y a aussi beaucoup à dire… ou à regarder. Ainsi cette créature montant les marches du Festival de Cannes dans une robe qui ne laisse rien ignorer de son anatomie et de sa totale nudité, mais qui, demain, portera peut-être plainte pour avoir senti la chaleur d’une main sur sa croupe avantageuse…

Dans ce monde étrange et totalement schizophrène où nous vivons, celui où l’on prétend brasser les cultures dans la joie, les images et les comportements se heurtent, en fait, pour le plus grand malheur de tous. Ainsi, comme je recevais d’un ami couturier la photo de cette star à poil (il a baptisé cela la "robe Weinstein"), j’avais en face de moi une jeune femme voilée de la tête aux pieds qui tentait de lire, sur sa tablette, les saintes écritures du Coran. Je la regardais s’acharner en vain car, voyez-vous, il est bien difficile de faire défiler la page sur l’écran sans… retirer ses gants !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 16:32.

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31 mai 2018 à 15:59

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