Dimanche, Les Républicains ont élu Laurent Wauquiez à une forte majorité.

Guillaume Bernard confie à Boulevard Voltaire sa réaction.

"Incontestablement, il y un durcissement des positions à droite des électeurs de LR. Cela est dû à la grande coalition macronienne.
Le siphonnage des voix du Front national est possible, mais encore faut-il que le positionnement LR soit cohérent.
Les gens de droite sont éparpillés entre différents partis, c'est là tout l'enjeu de l'union de la droite, car maintenir les divisions, c'est maintenir Emmanuel Macron au pouvoir."

Guillaume Bernard, hier, Les Républicains ont voté à une très large majorité pour Laurent Wauquiez. Quel premier enseignement peut-on tirer de cette victoire ?

On constate une nouvelle fois que le peuple de droite est véritablement de droite. Les options proposées par Maël de Calan, la doublure d'Alain Juppé d'une certaine manière, n'a pas fait de hauts scores.
Lorsque la droite est interrogée sur le positionnement politique qu'elle veut, elle répond qu'elle veut un positionnement politique de droite.
La stratégie de Laurent Wauquiez pèche néanmoins par son côté un peu hybride. D'un côté, il tient personnellement un discours véritablement droitiste, mais de l'autre côté, pour maintenir le semblant d'unité qu'il reste à LR, il s'est associé avec Virginie Calmels et Geoffroy Didier.
Madame Calmels est juppéiste et Geoffroy Didier est sur des positions sociétales très progressistes. C'est un peu le grand écart, pour Laurent Wauquiez.
Pour les électeurs, en revanche, il y a un véritable positionnement de droite.

Florence Portelli est arrivée en deuxième position, largement devant Maël de Calan, avec une ligne très à droite également. Ce constat renforce-t-il la victoire de Laurent Wauquiez ?

On nous a refait le match de la primaire avec des "seconds couteaux".
Maël de Calan dans le rôle d'Alain Juppé, Florence Portelli dans le rôle de François Fillon et Laurent Wauquiez dans le rôle de Nicolas Sarkozy.
Les ténors ne se sont pas engagés dans cette campagne pour éviter, sans doute, d'être battus par Laurent Wauquiez.
La deuxième position de Florence Portelli, qui tient une position de droite sociale attachée aux questions territoriales, est évidemment le signe incontestable d'un durcissement à droite des positions des électeurs de LR.
La stratégie électorale de Laurent Wauquiez refuse toute entente possible avec Marine Le Pen. Son positionnement de type ligne Buisson ne prend pas en considération la nouvelle situation politique. Elle n'est plus du tout la même que celle de 2007, qui avait permis à Nicolas Sarkozy de l'emporter très largement à la présidentielle. Cette situation est due, notamment, à la grande coalition macronienne.

Ce matin, sur Boulevard Voltaire, Nadine Morano disait que cette victoire mettait un coup d'arrêt au Front national. Cela reprenait, en quelque sorte, les propos de Patrick Buisson qui considérait qu'il ne restait à Laurent Wauquiez qu'à "plumer la volaille" Front national. Partagez-vous leur position ?

Je crois les hommes politiques pratiquant la méthode "Coué". Ils affirment quelque chose en fonction de l'objectif qu'ils veulent atteindre.
Le siphonnage des voix du Front national me paraît possible dans la mesure où il y a une décrédibilisation de Marine Le Pen.
Encore faut-il que le positionnement LR soit cohérent pour cela. Par exemple, pour les prochaines élections européennes, LR est divisé sur le positionnement eurosceptique ou profédéraliste.
Par conséquent, je ne serai pas aussi optimiste qu'eux.
Le Parti socialiste s'est retrouvé écartelé entre Macron et Mélenchon. De même, LR pourrait se retrouver écrasé entre, d'un côté, un Front national ayant retrouvé une crédibilité et avec une position politique cohérente et, de l'autre côté, Emmanuel Macron avec, aussi, une position idéologique cohérente libérale qui pourrait souhaiter comme adversaire le Front national beaucoup plus que LR.

Laurent Wauquiez, Marine Le Pen ou Dupont-Aignan pourraient-ils gagner seuls, sans une coalition à droite ?

La ligne de fracture idéologique passe au sein du camp placé à droite.
Il y a des gens qui sont "de droite à droite" et d'autres qui sont "à droite", mais qui ne sont pas véritablement "de droite". Or, tous ceux qui sont de droite sont éparpillés entre différents partis. Là est évidemment tout l'enjeu. Il est question de savoir s'il y aura une coalition de droite pour rassembler non pas les droites, mais réaliser l'unité de la droite, au-delà des intérêts partisans. Maintenir cette division-là, c'est permettre à Emmanuel Macron et à la grande coalition libérale de se maintenir au pouvoir. Une recomposition permettrait de faire progresser le mouvement que j'ai appelé "dextrogyre", c'est-à-dire la progression des idées par la droite du spectre politique.
Il y a, là, un véritable enjeu. L'offre politique est aujourd'hui divisée à droite, tout simplement parce que les partis politiques font jouer leurs intérêts avant les intérêts du peuple de droite et le bien commun de la France.

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12 décembre 2017 à 16:54

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