Nouvel APB : des changements superficiels qui ne règlent pas le problème de fond
Que penser du nouveau système d’orientation destiné à remplacer le calamiteux « Admission Post-bac » pour les lycéens, annoncé hier ?
Un point incontestablement positif est la suppression du tirage au sort pour les filières dans lesquelles il y a plus de candidats que de places. Autre point positif : l’avis du conseil de classe du second trimestre transmis aux établissements dans lesquels les lycéens postulent. Certes, dans l’ancien système, les appréciations des enseignants portées sur le bulletin de notes étaient reprises et ces appréciations pouvaient être adaptées aux vœux de l’élève. Mais c’était chaque professeur qui donnait un avis et il n’est pas certain que les établissements d’accueil lisaient chacune des appréciations. On peut penser que le nouveau système permettra une meilleure adéquation entre les désirs des élèves et leur capacité à réussir dans la filière désirée.
Pour le reste, les changements sont superficiels. Beaucoup de choses annoncées se faisaient déjà, au moins en partie, et ils ne changeront pas grand-chose.
La grande nouveauté est la possibilité, pour les universités (la question ne se posant pas pour les filières sélectives), de pouvoir imposer une remise à niveau aux lycéens qui demanderaient des licences pour lesquelles ils n’auraient pas les prérequis suffisants. Il ne s’agira pas d’une réelle sélection puisque les universités ne pourront pas s’opposer à l’inscription d’un élève qui le demanderait malgré un avis négatif. Il aurait fallu, pour que cela puisse se faire, changer le statut du baccalauréat qui est, légalement, le premier diplôme universitaire. Il faudra voir la forme que prendront ces remises à niveau (l’insistance sur les MOOC, les cours en ligne, montre que le ministère est encore plongé dans l’illusion du numérique) mais il est incontestablement positif qu’on ne laissera plus des jeunes dont les acquis sont insuffisants pour réussir aller dans le mur. Rappelons qu’aujourd’hui, 98 % des bacheliers professionnels qui s’inscrivent à l’université échouent.
Le souci d’éviter un échec massif pousse le gouvernement à développer l’accompagnement des étudiants, une forme de "nursering" tel qu’il se pratique déjà beaucoup au lycée. Or, l’autonomie est une dimension essentielle des études universitaires. Y renoncer est dangereux pour la qualité de l’enseignement de ces universités.
Toutes ces mesures demanderont des moyens humains et financiers que les universités n’ont pas. Certaines peinent à entretenir leurs bâtiments. Comment pourraient-elles embaucher des enseignants supplémentaires ?
On sent que toutes ces mesures sont destinées à pallier les insuffisances du baccalauréat quand il s’agit de poursuivre des études supérieures. On l’a dit, c’est le premier diplôme universitaire. Mais c’est là une fiction légale. En réalité, il est devenu un diplôme de fin d’études secondaires dont la détention ne garantit aucunement un niveau suffisant pour accéder à l’université. Si le gouvernement avait choisi d’instaurer une réelle sélection pour l’entrée à l’université, cela aurait été le signe qu’il optait, dans les consultations qui vont s’ouvrir sur l’avenir du baccalauréat, pour sa transformation officielle en diplôme de fin d’études. Ce n’est pas le cas.
On aimerait alors penser qu’il a opté pour le retour à un baccalauréat préparant réellement au supérieur. C’est le discours de M. Blanquer depuis plusieurs mois. Mais cela signifierait le déclassement du baccalauréat professionnel en brevet ne permettant pas d’accéder à l’université et une diminution du taux de réussite des autres baccalauréats (plus de 90 % pour le baccalauréat général). Il est légitime d’avoir des doutes.
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