Nouveau gouvernement : Barnier et Retailleau prisonniers des macronistes

Capture d’écran © BFMTV
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Enfin ! Deux mois et demi après les élections, quinze jours après la nomination de Michel Barnier, la France a enfin un gouvernement. Peu de surprises, tellement le jeu politico-médiatique a alimenté, pendant des jours, la roulette des noms des nouveaux venus ou des vieilles gloires. Jusqu'à l'écœurement.

La Macronie grand vainqueur du casting Barnier

On le savait depuis que Gabriel Attal avait montré ses petits muscles : les macronistes resteraient en force dans ce nouveau gouvernement. On compte 18 macronistes sur 39 ministres ; 10 sur 17 pour les ministres de plein exercice. Ils sont les grands bénéficiaires des barrages successifs : le barrage anti-RN a sauvé leur existence à l'Assemblée, le barrage anti-Castets leur a rendu leur statut de principal groupe majoritaire et assuré leur prééminence au gouvernement. Sont donc repêchés, et quasiment aux mêmes postes : Rachida Dati à la Culture, Pannier-Runacher à la Transition énergétique et Lecornu aux Armées. La Macronie réussit, en outre, l'exploit d'imposer ses jeunes pousses à des postes importants : ainsi le jeune Antoine Armand est-il propulsé à Bercy et la députée Anne Genetet à l'Éducation nationale. Les macronistes ont perdu les élections à deux reprises. Ils sortent grands vainqueurs de la nouvelle cuisine. Macron peut savourer. Pour l'instant. Car il faudra, ensuite, aller expliquer cette anomalie démocratique aux électeurs. Et ne pas s'étonner si leur colère monte d'un cran, au point de faire céder les futurs barrages. Surtout, la Macronie n'aura en face d'elle aucune autre force pour limiter son hégémonie. Didier Migaud à la Justice ? On n'apprécie que négativement, tout content de voir partir Dupond-Moretti... Tout ça pour ça, doivent se dire les millions d'électeurs qui ont voté et revoté contre le macronisme...

Retailleau isolé et prisonnier

On savait, aussi, que la droite LR ne pèserait que ce qu'elle pèse dans les urnes : 5 %. Elle a un visage dans ce gouvernement, celui de Bruno Retailleau, à Beauvau. Peut-on espérer qu'il fasse mieux que Darmanin ? Mais avec quel soutien ? Certes, il sera épaulé par le maire de Valence Nicolas Daragon (LR), nommé ministre délégué chargé de la Sécurité du quotidien. Mais est-ce un LR ferme ? S'il tente d'appliquer une politique vraiment de droite, il sera isolé : déjà détesté par la gauche (voir la réaction de Mélenchon), il sera, au premier accroc, la victime toute trouvée de cette cohabitation avec les macronistes. Et à la Justice, il se heurtera à Didier Migaud, socialiste fabiusien...

Pour les LR, on notera l'arrivée bienvenue de Laurence Garnier comme secrétaire d’État en charge de la Consommation, auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, et de Patrick Hetzel à l'Enseignement supérieur. C'est un homme de la maison qui a occupé les fonctions de recteur de Limoges (2005-2007), de conseiller à l’éducation du Premier ministre François Fillon (2007-2008) et de directeur général de l’enseignement supérieur (2008 et 2012) au moment où entrait en application la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) portée par Valérie Pécresse, alors ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Mais lui aussi verra sa capacité d'action limitée par Anne Genetet, une macroniste.

« Un gouvernement sans avenir »

Michel Barnier a perdu son pari d'ouverture et d'autonomisation par rapport à Macron. Il est même triplement cerné par la Macronie : à l'Élysée, à l'Assemblée et au sein même de son gouvernement. Il ne pouvait d'ailleurs pas en aller autrement, vu son poids politique. Jordan Bardella n'a pu que le constater et, par là même, déclencher le tic-tac de la prochaine motion de censure : « Ce "nouveau" gouvernement signe le retour du macronisme par une porte dérobée. Ce que les Français ont démocratiquement sanctionné, à deux reprises, ne peut revenir par de lamentables jeux d’appareils et calculs politiciens. C’est donc un gouvernement qui n’a aucun avenir. » Des millions d'électeurs doivent penser cela, ce soir.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

89 commentaires

  1. on prend les mêmes et on repart pour toujurs plus de difficultés ,de dépenses et d’impôts
    tou ça pour ça !!!!

  2. Barnier a néanmoins un atout : sa carrière est derrière lui, et il peut se permettre de claquer la porte si les néo macronistes ne filent pas droit, et là, Macron risquerait bien la destitution en état dans un corner définitif.

    • Sa carrière est derrière lui et ses multiples retraites d’argent public sont bien assurées. Il est totalement à l’abri. Sauf du mépris du peuple.

  3. Les priorités des français sont l’immigration, la sécurité du quotidien, le pouvoir d’achat et la non-augmentation des impôts. Le gouvernement ne doit s’attacher qu’à çà. Le reste est secondaire, y compris les fantasmes LGB…, les transmania, et les fantaisies écolos.

  4. Ministre Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques : Agnès Pannier-Runacher (Renaissance)

    Pourquoi cette ministre a refusé de serrer la main du jeune (22ans) député RN au cours du vote à l’assemblée nationale de la présidence ?
    Elle est redevable de son élection au LFI :
    La ministre Agnès Pannier-Runacher remporte le second tour des élections législatives dans la 2e circonscription du Pas-de-Calais. La candidate Ensemble a recueilli 55,84% des voix. En face d’elle, le candidat Rassemblement national Alban Heusèle a été battu.
    Au premier tour, Agnès Pannier-Runacher avait obtenu 21,54% des voix, derrière Alban Heusèle qui avait recueilli 37% des suffrages. Le candidat Nouveau Front populaire Alexandre Cousin qui avait recueilli 20% s’était lui désisté au profit d’Agnès Pannier-Runacher.

    • Comment n’est-elle toujours pas en prison, ni même inculpée pour recel de fraude dans l’affaire des eaux minérales frelatées?

  5. «C’est donc un gouvernement qui n’a aucun avenir, » dit Jordan Bardella. Mais jusqu’à quand tiendra-t-il ? Ces ministres sont en état de faiblesse devant le RN, à qui ils doivent leur hypothétique survie. Ce serait le moment d’exiger des excuses d’Agnès Pannier Runacher pour avoir refusé de saluer le benjamin RN de l’Assemblée. Une telle humiliation lui apprendrait la plus élémentaire des courtoisies.

    • Il faut lui laisser le temps de se planter. Son échec sera la raison politique, opposée au caprice, qui permettra au RN de montrer qu’il avait raison, tout en regardant LR se couler.

  6. Le pays est en crise, pour le sortir de l’ornière un ministre de 33 ans. Et l’ancien PM qui demande en urgence de s’occuper de l’IVG et des LGBT! Il est vrai que notre emblème est le coq, mais pas sur nos clochers, celui qui chante les 2 pieds dans la…..

  7. C’est l' »histoire belge » la plus magistrale, fabuleuse, énooorme est elle est du fait des Français !!!
    un Premier Ministre sans gouvernement et qui doit batailler pour le former, avec une « majorité » de l’ordre de 20% avec Philippe, Bayrou et la droite molle . C’est remarquable. et le refus d’obtempérer suite aux résultats des élections et des demandes de la population par le « président de la république » qui continue comme s’il était seul sur la route, c’est déroutant (sic).

  8. Que faut il attendre de ce « casting » sinon rien. Barnier « mastrichien » de la première heure qui parle de souveraineté un peu de sérieux pour une fois, celui là même qui encourageait le « oui » au référendum de 2005,donc prisonnier de la macronie peut être mais à l’insu de son plein gré.

  9. Barnier n’y arrivera pas. Pire, la probabilité est très forte qu’il serve de cache sexe à des macronistes prêts à toutes les horreurs parce qu’ils savent qu’ils n’ont plus rien à perdre . Il aurait mieux fait de claquer sa dem’. C’était le plus grand service qu’il pouvait rendre. Et qu’on en finisse avec le funeste Macron et sa clique.

  10. Le brillant Barnier s’est fait avoir !
    Après nous avoir fait une description alléchante de son projet devant le minus Attal, voilà que le même minus l’a obligé à fabriquer un gouvernement politique en lieu et place d’une équipe de choc puisant ses ressources auprès de personnes compétentes venant d’horizons diversifiés !
    Dommage, ce coup d’épée dans l’eau ne sauvera pas notre pays…
    Barnier aurait mieux fait de jeter l’éponge plutôt que de prendre le commandement d’un bâteau sans gouvernail avec un équipage de mutins !

  11. Je n’attendais aucune révolution gouvernementale et je ne suis donc aucunement déçu. On prend (presque) les même et on continue.
    Considérant que seul un référendum permettrait de restaurer la Constitution de la Vème République pour sortir la France de l’ornière, et qu’il n’aura pas lieu, nous assisterons tout au plus à un légère ralentissement se l’effondrement.
     « La France tombera bas, très bas, plus bas que les autres nations, à cause de son orgueil et des mauvais chefs qu’elle se sera choisis. » Marthe Robin

    • Oui , je suis d’accord qu’il faille restaurer la constitution qui a été totalement dévitalisée de l’intérieur par de multiples réformes qui ne s’imposaient pas sinon de nous rendre plus dépendant de l’UE.
      Je suis totalement pour que cela passe par un référendum national mais que celui-ci ne constitue pas une fin en soi mais le début d’un processus de consultation du peuple pour ce qui touche à des questions cruciales comme le recours à l’euthanasie par exemple et surtout l’immigration.
      Vous faites référence à Marthe Robin , est-ce pour ses dons de prédiction ?
      Elle l’a dit dès 1943 !

      • Bien d’accord avec vous. Et oui, j’accorde du crédit aux paroles de Marthe Robin que je considère comme une authentique mystique catholique.

  12. un gouvernement pléthorique, avec de noms de ministères alambiqués , un casting qui s’apparente plus à une cour pour un roi qui s’accroche au pouvoir qu’à une équipe en capacité de traiter les problèmes dont notre pays souffre. Je plains sérieusement M. Barnier, sauf miracle bien entendu, le pire n’étant jamais certain.

  13. Il faut regarder les choses en face : Macron a été élu, Macron a été ré-élu, et Macron a encore beaucoup de soutiens. Ses partisans s’en cachent car il n’est plus à la mode, mais de nombreux citoyens le voient encore comme un rempart anti-LFI et anti-RN. En ce qui concerne le RN, ses responsables ont peut-être tort de continuer à vouloir remettre en cause la réforme des retraites : la page est tournée, et maintenant, la France avance à grands pas vers la crise de la dette publique. Pour savoir ce qui nous attend, il suffit de taper Grèce 2010, et lire tout ce qui s’est ensuivi. Notre avenir est là, et pas dans une remise en cause de la réforme des retraites (qui risque d’ailleurs d’être aggravée sur injonction de la BCE). Le RN gagnera à tenir compte du contexte dans lequel il espère intervenir.

    • Vous avez raison, il y a bien plus urgent que la réforme des retraites, il y a la dette ! et… la guerre en l’Ukraine avec l’autorisation de l’envoi de missiles en territoire russe que les députés européens français ont voté, sauf 30 députés RN et c’est tout à leur honneur. Il faudrait faire la paix avec la Russie avant que tout cela nous explose à la tête.

      • Avec les médias qui galopent derrière la marrante Kamala, ce n’est pas gagné pour la fin de la guerre en Ukraine.

      • Barnier a été nommé pour cela: siffler la fin des dépenses et le début des restrictions et des augmentations d’impôt .
        C’est louable de penser à rembourser ce que l’on doit et il a le profil parfait pour faire passer la pilule .
        Sauf qu’une fois que l’on a dit cela , il faudrait aussi et surtout penser à réduire ce qui a occasionné les dépenses que les français devraient éponger y compris celles dont ils ne sont pas comptables et je ne pense pas que Barnier ait le gouvernement pour imposer des restrictions .
        A commencer par la composition du gouvernement lui même . Est ce que l’on a besoin de 39 ministres et délégués ??
        Barnier a nommé nombre d’ex LR passés chez renaissance avec l’accord de Macron ; c’est pour renvoyer l’ascenseur ?
        Dans tous les cas la première des dépenses étant liée à l’invasion migratoire qui coûte un bras à la France, ce ne sont pas des européistes convaincus qui vont changer la donne .
        Il ne faudrait pas qu’il prenne le rôle de l’idiot utile de Macron chargé d’annoncer les mauvaises nouvelles en lieu et place de celui qui est à l’origine de ces dépenses sans compter, tout ceci pour lui éviter de s’expliquer sur l’origine de toute cette gabegie surtout de la part d’un « Mozart de la finance ».
        En tout cas tout ceci sent le renvoi d’ascenseur à tous les étages , on peut se consoler en se disant que l’on a échappé au pire avec Lucie Castets mais ce n’est pas la panacée .

    • Bien vu. Le RN et les Français doivent prendre leurs responsabilités. Cf. Le dernier ouvrage de Laurent Obertone et son excellente intervention hier soir face à MBC sur CNEWS.

    • Concernant les retraites , je suis en accord avec le RN qui souhaite que ceux qui ont commencé à 18 ans puissent partir à 60 ans . Une catégorie de population qui exerce souvent les métiers les plus durs . Allez donc faire un stage d’un an chez un couvreur , et vous verrez qu’à 64 ans quand il s’agit de remettre en état un toit par 35C° à l’ombre ou en plein hiver, ça devient mission impossible. Donc ceux qui partiraient à 60 ans et ayant commencé à 18 ans auront cotisé 42 ans ! Ce qu’il faut voir c’est le nombre d’années de cotisation. En suite , arrêtons de donner des allocations à des gens qui sont très loin d’avoir cotisé pour le bien commun ( Voir ASPA)

      • Le RN pour les retraites raisonne en nombre d’annuités minimum de cotisation .
        Système plus intelligent qu’un âge de départ.
        40 annuités si on a travaillé avant 20 ans .
        Et 42 annuités ceux qui travaillent après l’âge de 20 ans

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