Notre-Dame des polémiques
Notre-Dame va-t-elle devenir la patronne des polémiques ? Pas un jour sans qu'on en déniche une nouvelle. La dernière, c'est Le Dauphiné du 30 avril qui nous la révèle. En effet, une certaine Anne Laroutis, à la tête du groupe des Progressistes vauclusiens, a lancé une pétition intitulée « Laissons Notre-Dame aux riches », estimant que les fonds pour la reconstruction de Notre-Dame ont été débloqués plus rapidement que pour des causes qu’elle estime plus justes, telles que la précarité ou l’isolement des personnes âgées d'Avignon qui, il est vrai, est tout de même la quatorzième ville la plus pauvre de France.
Elle en profite pour réclamer, par ailleurs, plus de démocratie participative, pointant du doigt le fait que, pour le don de 100.000 euros voté par le conseil municipal d’Avignon, les habitants n’ont pas été consultés. C'est le principe de la démocratie représentative, me direz-vous. Dans un esprit très « lutte des classes », elle remarque que « c’est important pour les riches de laisser une trace dans l’Histoire… », d’où l’intitulé de sa pétition. L’argument est recevable, cependant les bonnes questions ont-elles finalement été posées ?
N’était-ce pas, en effet, à l’État d’entretenir et de restaurer les édifices religieux catholiques dont il est propriétaire depuis 1905 ? A-t-il assumé ses responsabilités quant à la sécurité du chantier de Notre-Dame, deuxième monument le plus visité en Europe ? Va-t-on demander l’avis des catholiques sur sa reconstruction, pour qui Notre-Dame est avant tout un lieu de culte avant d’être un monument historique ? Les offices avaient lieu chaque jour et, de ce point de vue, Notre-Dame était bien vivante !
Cela dit, la pauvreté a toujours existé et il est primordial de s’emparer de ce problème pour le combattre mais, de grâce, ne confondons pas tout et, je ne cesse de le souligner, nous vivons une période de confusion extrême. Si certaines familles aisées, riches, voire richissimes, se sentent interpellées par cet accident tragique et souhaitent participer financièrement à sa restauration, est-il judicieux pour autant d'opposer des causes tout aussi tragiques qu'impérieuses ?
N’est-il pas plus opportun de s’interroger sur les raisons profondes qui ont conduit ces Français du Moyen Âge à construire des cathédrales. Notre siècle est, d'ailleurs, bien incapable de bâtir des œuvres de la beauté de Notre-Dame, des œuvre qui soient la manifestation de la foi et du génie de tout un peuple et non pas l'expression de la mégalomanie ou des délires de quelques mécènes et architectes fantasques. Et il y a toujours des pauvres sur les parvis des cathédrales et... des centres commerciaux. Les riches veulent laisser une trace dans l'Histoire ? Sont-ils exaucés ? Pas certain : qui connaît aujourd'hui les noms des riches contributeurs qui permirent l'édification de Notre-Dame ?
Notre-Dame n'est ni Notre-Dame des riches ni Notre-Dame des pauvres. Il ne faudrait pas qu'elle devienne Notre-Dame des polémiques.
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