Nos systèmes sécuritaires et judiciaires en péril : qu’attend-on pour agir ?
Bien qu’à plus de six mois de l’élection présidentielle, et alors que tous les candidats ne sont pas encore connus, les débats sur la sécurité et l’immigration dans notre pays font déjà des records d’audience. À cet égard, et comme pour conforter la prégnance de ces sujets dans le débat public, trois faits marquants survenus ces derniers jours sont venus donner corps à ce que d’aucuns, notamment à gauche, continuent de contester au nom d’une idéologie aussi passéiste que mortifère.
Le premier événement grave a été incontestablement ce guet-apens dans lequel est tombé un équipage de la BAC Nord de Marseille alors qu’il intervenait dans le cadre d’une mission de lutte contre le trafic de stupéfiants. Accueillis par des tirs de kalachnikov et d’armes de poing, les policiers ont été contraints de s’abriter pour éviter le pire, avant de pouvoir procéder, fort heureusement, à une interpellation. Dans le même temps, dans un autre quartier de la cité phocéenne, d’autres policiers étaient pris à partie par des individus faisant usage à leur encontre de divers projectiles.
Ces agressions, qui ne sont désormais plus des exceptions à Marseille ou ailleurs en France, en disent long sur les difficultés qui attendent l’État s’il décidait, un jour, de procéder à la nécessaire reconquête de ces zones, non plus de « non-droit » mais, aujourd’hui, « hors la loi ». À n’en pas douter, la réinstauration de la paix publique dans ces camps retranchés nécessitera la mise en œuvre de véritables opérations paramilitaires seules à même de produire les résultats escomptés.
Le second fait marquant de ces derniers jours nous a été proposé par ce jeune homme se filmant sur les réseaux sociaux en train de voler un camion de pompiers et se répandant en menaces et en insultes envers les forces de l’ordre. « Sanctionné » par un « stage de citoyenneté », la faiblesse et l’inadaptation de la réaction judiciaire, compte tenu de la gravité des faits, ont aussitôt déclenché des réactions d’indignation fortement médiatisées. La faiblesse de la réponse pénale dans cette affaire n’est, en vérité, que le révélateur d’une institution complètement déconnectée de la réalité vécue par les forces de l’ordre, mais également les pompiers, les médecins, les infirmières et les ambulanciers, sur le terrain. Ce genre de décision ne fait que confirmer, comme l’affirmaient certains syndicats de police il y a peu, que le problème de la police, c’est en effet la Justice ! Là encore, le redressement de la situation sécuritaire dans notre pays passera, notamment, par la réhabilitation de la sanction pénale et de la peine de prison en particulier.
Troisième acte révélateur, la prise d’otages survenue dans l’enceinte de la prison (pourtant de haute sécurité) de Condé-sur-Sarthe au cours de laquelle un surveillant pénitentiaire a été blessé. Ce genre d’agressions se banalise gravement. Ce sont, ainsi, plusieurs milliers d’agents (4000 en 2018) qui sont agressés, chaque année, au sein des établissements pénitentiaires. Métier difficile, ingrat et peu reconnu, les surveillants pénitentiaires attirent depuis longtemps l’attention de leurs autorités de tutelle sur leurs difficiles conditions de travail dans un univers où le leitmotiv de nos gouvernants est : « surtout pas de vagues ».
Il est grand temps qu’à côté de l’indispensable construction des 40.000 places de prison manquantes, l’État apporte des réponses concrètes à celles et ceux qui sont chargés, en bout de chaîne, de contenir une population que la société a décidé de mettre momentanément à l’écart. Une des solutions passe, incontestablement, par le rattachement de l’administration pénitentiaire au ministère de l’Intérieur et la création d’une direction générale de la police pénitentiaire. En effet, aux côtés des forces de l’ordre, les surveillants pénitentiaires, dont il faut absolument rétablir l’autorité, contribuent au maintien et au rétablissement, lorsque c’est nécessaire, de la paix publique.
Ces trois affaires, survenues en l’espace de quelques jours seulement, sont l’illustration parfaite de l’état de déliquescence avancée dans lequel se trouvent nos systèmes sécuritaires et judiciaires. Il est grand temps de réagir.
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