À un an de l'élection présidentielle, les opposants au président Jair Bolsonaro (élu en 2018 avec un peu plus de 55 % des voix) ont manifesté aux cris de « Fora Bolsonaro » (« Dehors Bolsonaro ») dans la plupart des grandes villes du pays pour dénoncer, pêle-mêle, sa gestion de la pandémie Covid-19, la hausse des prix, le chômage, et demander sa destitution.

Si la gestion de la pandémie a été effectivement erratique (mais dans quel pays ne l’a-t-elle pas été ?), entre dénis de réalité et absences surtout de coordinations entre les différents États (26), les chiffres bruts sont certes très importants mais néanmoins, contrairement à ce qui est régulièrement énoncé, loin d’être les plus élevés au monde : 320 décès pour 100.000 habitants pour la République de Macédoine, 288 au Brésil, 175 en France (source Johns Hopkins University, 4 octobre 2021) sans omettre de signaler que 94,7 millions de Brésiliens sont, à ce jour, totalement vaccinés !

Les manifestations ont été nombreuses et, certes, réparties sur l’ensemble du territoire mais, d’après les renseignements collectés, n’ont jamais été massives, alors qu’elles ont été organisées sous l’égide de la plupart des centrales syndicales et de plus d’une dizaine de partis de gauche et d’extrême gauche. Le constat est d’autant plus amer pour les opposants au président brésilien que celui-ci a réuni, le 7 septembre, lors des rassemblements de Brasilia et de São Paulo, plus de 130.000 personnes, beaucoup plus que ce qu’a réussi à rassembler toute la gauche, ce samedi.

Derrière les slogans de la rue, c’est un autre combat, juridico-politique, qui est mené : faire pression sur le Congrès pour ouvrir une destitution de l’actuel président. Celle-ci est cependant peu probable, car c’est un de ses soutiens, Artur César Pereira de Lira, qui est, depuis février 2021, président de la Chambre des députés. C’est, en fait, du côté de la Cour suprême que le bras de fer est engagé, avec l’ouverture de plusieurs enquêtes contre Bolsonaro et ses proches, notamment pour « divulgation de fausses informations ». Une situation ubuesque lorsqu’on sait que cette même Cour a confirmé, le 15 avril 2021, l'annulation des condamnations pour corruption de l'ex-président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva alors qu’il avait été déclaré inéligible jusqu’en 2035 !

À un an de la présidentielle, les derniers sondages réalisés (en 2018, à trois semaines de l’élection, un institut avait donné gagnant le candidat de la gauche Fernando Haddad) donnent une avance importante à Lula (44 % au premier tour, contre 26 % à Bolsonaro). La personnalité éruptive de Jair Bolsonaro, son discours cash, ses déclarations sur les juges, sur les minorités, sur le climat, etc., ont certes, à l’instar de celle de l’ancien président américain Donald Trump, la capacité à agréger toutes les gauches mais, également, à fédérer son propre camp mais aussi tous ceux qui ont encore en mémoire les scandales liés au système de corruption du groupe pétrolier Petrobras des années Lula et Dilma Rousseff (destituée le 31 août 2016).

Les conditions de l’actuelle sortie de la crise économique (14 millions de chômeurs, une inflation à 9 %) seront, bien entendu, déterminantes. À ce sujet, le FMI a annoncé, récemment, une croissance de 5,3 % pour le Brésil alors que la précédente prévision (avril 2021) la chiffrait à 3,7 %.

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07 octobre 2021 à 12:30

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