« Noël ne sera pas une fête normale »

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Si les Français s’en doutent déjà, hélas, ils n’ont pas attendu cette déclaration inspirée d’Olivier Véran dans le JDD du 1er novembre pour se résigner. En témoigne ce sondage qui en dit long sur notre capacité d’acceptation face à ces restrictions nouvelles de ce que d’aucuns surnomment, désormais, notre République démocratique sanitaire. Ainsi, 7 Français sur 10 acceptent d’être reconfinés jusqu’aux fêtes de fin d’année (baromètre des deux crises No Com - Le Parisien). Le même sondage qui nous apprend que 56 % de nos compatriotes ont, désormais, peur d’être infectés par le virus.

Le confinement, à ce jour, est prévu jusqu’au 1er décembre. Ce qui nous laisserait encore largement le temps de consommer d’ici la Nativité. À défaut d’engraisser Amazon, nous pourrons nous masser dans de longues files d’attente pour rattraper toutes nos courses de Noël et être fin prêts, au moins matériellement, pour la naissance du Petit Jésus. Cette frénésie consumériste assouvie, nous ne verrions plus que des avantages à être confinés bien au chaud à nouveau. Quoi de plus confortable qu’un bon repas avec du pain et des jeux, et pour les pratiquants, une messe à la télévision ? Que demande le peuple ? Après tout, entre le risque de se faire contaminer ou celui de se faire égorger, en restant chez soi, on fait d’une pierre deux coups et on sauve des vies ! Si c’est le ministre qui le dit : « Il [le virus] ne va pas s'arrêter à Noël et donc il faut s'adapter. » Tant qu'on a des cadeaux dans nos petits souliers...

Et voilà comment émerge, peu à peu, une civilisation ramollie, avachie dans son canapé, prête à « réinventer Noël », quitte à renoncer à l’essentiel. Qui ne vit plus par peur de mourir : 71 % des Français acceptent d’être reconfinés jusqu’à la fin de l’année…

Notre société ainsi apeurée est en train de tout lâcher, par confort et par lâcheté. Devenue hédoniste et individualiste, elle renonce à sa liberté pour vivre gavée, recroquevillée et rapetissée. Acquise au relativisme spirituel, elle n’a plus conscience de l’importance d’aller communier, ni de cultiver ces précieuses relations amicales et familiales. Qu’avons-nous à proposer à ces jeunes radicalisés qui ont soif d’idéal, en quête d’identité et de verticalité ? Une bûche surgelée devant la télé ? Et l'on s'étonne… Qu’importe pour l’heure, au diable toutes ces hauteurs, il est temps de « s'adapter» à ce nouveau monde aseptisé et de « repenser Noël »…

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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