Condamné, en mars dernier, à une peine ridicule (de laquelle il disait néanmoins vouloir faire appel, selon Le Monde) au seul motif de « provocation au crime » pour son clip « Pendez les Blancs », il aurait eu tort de se gêner. Nick Conrad brûlait peut-être même de récidiver.

Seulement 5.000 euros avec sursis pour avoir incité à pendre les Blancs et à « tuer les bébés blancs dans les crèches » sans même que l'incitation à la haine raciale ait été retenue ; l'« artiste », l'« homme libre » (tel que se définit ce charmant personnage) a donc bien retenu la leçon : un rappeur, noir, a des droits que d'autres ne connaissent pas. Mais, comme on ne sait jamais ce qui pourrait advenir – tous les jugements ne se ressemblent pas -, il semble avoir estimé plus prudent, cette fois, d'assurer ses arrières. Comme s'il suffisait, pour se prémunir de plaintes futures, de justifier à l'avance la violence des scènes et des paroles. Qui plus est, par des explications dont la pertinence, c'est le moins que l'on puisse dire, ne saute pas aux yeux. Jugez plutôt :

« Le mot France est à considérer ici comme mentalité française, médias, etc., qui se sont arrogé le droit de qualifier Nick Conrad en des termes inexacts plutôt que d'ouvrir un débat épineux. » »

Français et mentalité française ? Rien à voir ! La preuve, celui qui se dit afro-français et non pas français, avec cette délicieuse écriture inclusive chère aux rappeurs et aux jeunes de tout poil des banlieues, c'est bien connu, les plaint, ces « Français.es qui subissent malgré eux.elles, l'influence des médias et des leaders d'opinion mensongers ». Sacré Nick, après son « message d'amour » qui pendait les Blancs, toujours le mot pour rire...

Donc, non, non, ce n'est pas la France qu'il « baise jusqu'à l'agonie », ce n'est pas la France qu'il « brûle », ce n'est pas elle non plus qu'il « enc... ». Et la scène finale ne montre pas, non plus, ce bon Nick en train d'étrangler, en pleine nature, une femme à la peau blanche et s'en aller, nonchalant, au volant de sa décapotable... Figure de style, métaphore, stylisation, de l'art, quoi.

Allô, Marlène ? Mme Schiappa, on l'a connue plus réactive chaque fois qu'un « féminicide » était commis ou qu'elle croyait décrypter, ici ou là, une incitation au féminicide. En ce moment, ce qui la mobilise, c'est la discrimination des femmes voilées interdites de sorties scolaires par un amendement LR au Sénat, mais bon, une femme blanche qui se fait étrangler dans un clip de Nick Conrad qui inonde les écrans, pas de quoi déclencher un tweet à 6 h 00 du matin.

Et s'il n'y avait que notre pimpante à se faire désirer ! Pas un LREM ni un Insoumis ni un socialiste ni un écolo ni aucune autre féministe n'ont encore pipé mot ! La migraine, peut-être ?

Nicolas Dupont-Aignan (DLF), François Xavier Bellamy (LR), Bruno Retailleau, eux, ont réagi au quart de tour, et ce, dès hier en fin d'après-midi. « 30 ans de communautarisme et voici le résultat : un appel au meurtre et à la guerre civile », déclarait le premier. « […] Les lâchetés d'hier préparent les violences de demain », twittait le deuxième. « Clip immonde » : Bruno Retailleau (Force républicaine) « demande à ce qu'il soit poursuivi et condamné lourdement. Cette haine est insupportable. »

« Les limites de la liberté d'expression s'apprécient avec une plus grande souplesse lorsqu'il s'agit de rap », rappelait le tribunal correctionnel qui, il y a quelques semaines, avait rendu son doux jugement.

Nick Conrad a bien reçu le message.

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19 mai 2019 à 18:47

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