Poussés par la stratégie de division, de diversion, de salissure d’un Président toujours à l’affût d’un mauvais coup, l’on voit depuis dix jours des appels à transformer les élections européennes en un référendum anti-Macron. Sottise ! Ces élections sont les seules, en France, qui soient au scrutin proportionnel, elles sont l’unique occasion pour que le peuple exprime finement son opinion.

Sottise, puisque le sujet est de dire ce que nous pensons de l’Union européenne, de son fonctionnement, de son avenir ; pour comprendre l’avis des Français sur leur gouvernement… nullement besoin d’élections, nous le savons tous.

Sottise, puisque de toutes façons, à Bruxelles, LREM et LR rejoindront les partis européens qui gouvernent – et vont gouverner ! - ensemble pour toujours plus d’Europe.

Il n’y a pas de sens politique à vouloir que la liste RN « gagne » devant celle de LREM, cela ne changera pas la situation politique en France, cela changera encore moins les rapports de force au sein du Parlement européen.

Selon les sondages et les résultats des dernières élections dans les pays de l’Union européenne, les trois partis qui se sont entendus pour diriger l’Europe, à savoir le PPE, S&D et ALDE, seront de nouveau largement majoritaires, le 27 mai, le camp des euro-sceptiques augmentera le nombre de ses députés mais restera divisé et ne représentera même pas le tiers des sièges. Compte tenu du fonctionnement totalitaire de ce Parlement, autant dire qu’ils feront de la figuration avec, de temps en temps, des coups de gueule salutaires ; rien de plus, rien de mieux.

Macron avait annoncé une opposition entre « progressistes » mondialistes et populistes patriotes, c’était pertinent ; l’absence volontaire de campagne sur le fond n’a pas permis un débat, et ce duel, Macron va le gagner et le fera savoir !

Nous votons, mais combien savent comment sont attribués les sièges ? Qui sait qu’il n’y a aucun intérêt à arriver en tête puisqu’il n’y a pas de prime au vainqueur ? Qui sait que les voix des listes faisant moins de 5 % sont de facto réparties entre les autres en proportion des votes ? C’est pourtant cela qu’il faut avoir en tête. Si Les Patriotes et l’UPR avaient accepté de faire liste commune avec DLF (sans accord politique, juste présence et appel au vote), messieurs Philippot et Asselineau étaient assurés d’êtres élus, alors que les quelques pourcents qu’ils vont obtenir risquent, comme lors de la présidentielle, d’empêcher DLF de franchir le seuil. Calcul sinistre : « Je préfère vous faire perdre que d’être élu avec vous ! »

Il y a pire. Le RN aussi joue un jeu perdant. En appelant à répondre au duel proposé par Macron, il fait croire à un « vote utile » qui n’existe pas dans cette élection à un tour. Si DLF n’a pas d’élus, ses votes profiteront autant à LREM, LFI, EELV, LR qu’au RN. Cela découle de la règle de calcul. Macron triomphera, disant que les pro-UE représentent les trois quarts des français et qu’il est leur chef. Beau résultat pour le camp patriote !

Voyons, maintenant, le cas où la propagande « utilitariste » serait combattue par les électeurs responsables et calculateurs, c’est-à-dire effectuant un authentique vote politique. LREM et le RN resteront peu ou prou à égalité, les 4 ou 5 députés DLF viendront s’ajouter aux 23 du RN, le camp souverainiste sera à un tiers, ce qui empêchera Macron de pavoiser.

Il serait dommage que des électeurs sincères mais abusés ne perçoivent pas le piège : pas d’élus pour DLF n’apporte qu’un député de plus pour le RN, des élus DLF ajoutent 4 ou 5 députés au camp national.

Lorsque au second tour de la présidentielle Nicolas Dupont-Aignan, avec courage, a apporté sous soutien actif à Marine le Pen, il à choisi, pour la France, la voie de l’honneur et de la constance politique ; chacun sait ce que cela lui a coûté, il serait peut-être temps pour les électeurs de renvoyer l’ascenseur !

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19 mai 2019 à 18:59

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