Je ne suis pas Charlie…

Nous avons tous été traumatisés par les actes barbares qui ont frappé notre pays. Nous sommes encore sous le choc, et la plaie que ces sauvages ont ouverte dans notre inconscient collectif ne va pas se refermer demain. Nous sommes encore dans le temps du deuil mais, pourtant, je commence à réfléchir sur la plus grande manipulation du peuple de France, qui s'est mise en place sous la baguette du pouvoir de l'époque.

Les choses sont allées très vite, et le slogan des manifestations spontanées qui se sont déroulées un peu partout dans notre pays (« Nous sommes tous pour Charlie ») verrouille le débat. Hollande et son gouvernement ne se sont pas trompés, et la possibilité de faire descendre dans la rue des millions de personnes au cri de ce thème principal était une aubaine. La doxa du moment est confortée. Quiconque ne serait pas pour Charlie, ne serait pas pour la liberté d'expression, serait un raciste, un fasciste, un islamophobe, un intolérant et, enfin, quelqu'un qui pratique l'amalgame.

Et pourtant, les valeurs que véhicule Charlie Hebdo ne sont pas celles qui ont construit la France.

L'impertinence poussée à l'exagération, le désordre permanent, symbolisé par le bureau de Cabu, le racisme parfois (se référer au procès Siné), une laïcité dogmatique et, enfin, un côté excessif et violent de la caricature et du titrage qui provoque des blessures chez celui qui est visé ne sont pas les marques d'une liberté qui s'arrête là où commence celle des autres.

Imaginez Le Figaro titrant, au lendemain du terrible attentat dont a été victime le journal satirique : "Balles tragiques à Charlie Hebdo : 12 morts." Comment auraient réagi nos grands défenseurs de la liberté d'expression ?

Et puis, nos forces de sécurité, et notamment le GIGN et le RAID, qui font parfois le sacrifice de leur vie pour défendre nos valeurs montrent qu'ils ont une éthique bien différente de nos journalistes impertinents.

La liberté n'est pas au commencement mais à la fin. La liberté est le résultat du bon ordre. Victor Hugo s'exprimait ainsi : "La liberté consiste à choisir entre deux esclavages, l'égoïsme et la conscience. Celui qui choisit la conscience est l'homme libre."

Ma grande peur, aujourd'hui, c'est que nous soyons obligés de dire adieu à Houellebecq, Zemmour, Tribalat, Caldwell, Obertone, Finkielkraut, etc. Et que l'opposition soit bâillonnée.

Soit dit en passant, je me pose une question : et si Hollande et son gouvernement avaient fait un peu moins de police politique, et avaient pris un peu plus au sérieux la menace terroriste ? En effet, combien de policiers et de magistrats ont été utilisés pour surveiller et écouter Nicolas Sarkozy, ses collaborateurs, ses avocats, ses relations et ses amis ? Il était tout de même cocasse d’entendre que les écoutes sur les frères Kouachi s'étaient arrêtées, faute d'éléments probants après un long temps. Bref, Nicolas Sarkozy était peut-être plus dangereux pour le pays que les frères Kouachi et Coubaly réunis.

Maintenant, vous comprendrez pourquoi je ne suis pas Charlie.

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