Mise en danger de la vie d’autrui ?

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Deux prêtres mis en garde à vue, la semaine dernière, pour mise en danger de la vie d'autrui au motif que les assistants à leur office ne portaient pas de masques et étaient trop serrés, voilà qui est sans précédent ! Et cela pour une maladie qui ne tue que 0,2 % des personnes contaminées, elles-mêmes représentant moins de 3 % des expositions.

À partir de quel pourcentage de décès met-on en danger la vie d'autrui ? Il faudra bien, un jour, qu'une jurisprudence détermine la valeur de ce motif d'inculpation, sans fondement juridique aujourd'hui.

Sinon, en poussant ce raisonnement de déresponsabilisation à l'extrême, puisqu'il y a quelques milliers de morts chaque année sur les routes, vous mettez en danger la vie d'autrui chaque fois que vous prenez le volant. Vous pourriez donc être mis en garde à vue dès que vous tournez une clef de contact !

Admettons que les autorités judiciaires, faute d'un motif valable pour récupérer des amendes dans une zone fermée, cherchent à s'appuyer sur un prétexte. Fourni, d'ailleurs, par des cafteurs, appelés aujourd'hui « lanceurs d'alerte »...

Mais on ne peut que s'étonner des autorités ecclésiastiques cherchant à en rajouter dans la démagogie en traduisant deux de leurs propres prêtres devant leurs instances disciplinaires. Il suffit déjà qu'on ait remplacé les bénitiers à l'entrée des églises par des bouteilles de gel désinfectant présentées d'un air mourant par des paroissiennes !

Les premiers chrétiens risquaient vraiment leur vie pour leur foi dans les arènes, ceux d'aujourd'hui devraient avoir peur d'un petit microbe ? On aurait compris que Néron soit mis en garde à vue pour « mise en danger de la vie d'autrui » ; c'est beaucoup moins évident pour des individus ayant décidé en leur âme et conscience d'assister à un office. Où il n'y avait même pas de lions...

Car c'est surtout faire beau jeu de la responsabilité individuelle. Les participants au dit office étaient suffisamment informés, à longueur d'antenne, des risques encourus. S'ils ne portaient pas de masques, ou ne respectaient pas les gestes barrière*, c'est en connaissance de cause. On ne pourra pas considérer indéfiniment les individus comme des enfants indisciplinés.

Cette pandémie est en train de nous contaminer avec la culpabilisation. « En faisant ou ne faisant pas ceci ou cela, vous mettez en danger la vie des autres... » Les modes de contamination sont suffisamment mal connus pour qu'on puisse affirmer avec certitude que c'est tel ou tel comportement, matériau, animal, air ambiant qui est en cause.

Nous allons tout droit vers des cérémonies où il faudra porter une charlotte, un masque intégral et une surblouse et subir même un test à l'entrée si on veut éviter de se faire incarcérer à la sortie.

* Rappelons que « barrière » est un substantif. Il ne s'accorde donc pas...

Lionel Fleury
Lionel Fleury
Ancien PDG de l'AFP

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