Mgr Ginoux, après l’attentat à l’église de Nice : « Pour beaucoup d’islamistes, les Français sont des chiens de chrétiens »

Mgr Ginoux

Un nouvel attentat islamiste a eu lieu, le 29 octobre, à Nice, où trois personnes ont été tuées à l'arme blanche, à la basilique Notre-Dame.

Réaction de Mgr Ginoux au micro de Boulevard Voltaire.

 

 

On vient d’apprendre qu’au moins deux terroristes ont attaqué des fidèles dans l’église Notre Dame de Nice. Il y aurait au moins trois morts et plusieurs blessés. Quelle est votre réaction ?

Je suis extrêmement attristé et peiné. Cela ne m’étonne malheureusement pas. Il est probable que l’on verra encore d’autres attentats de ce type. Ce ne sont pas des défilés, des proclamations et des indignations qui peuvent les arrêter. Le fanatisme est ranimé par ces caricatures dont on prétend que c’est la liberté d’expression portée par Charlie Hebdo. Je n’admets pas que l’on caricature ce qui m’est cher. On n’a pas à exprimer notre liberté par la provocation, auprès de ce qui est sacré chez les uns et les autres. Lorsqu’on caricature le Christ, cela me fait souffrir et fait souffrir les fidèles chrétiens. Lorsqu’on caricature Mahomet, cela fait souffrir les musulmans.
On dit qu’il faut distinguer les musulmans de l’islamisme et de ceux qui commettent des attentats, oui, mais en même temps on provoque aussi les musulmans dans leur religion. C’est inadmissible et cela ne fera que renforcer la situation. Publier des caricatures politiques et religieuses par un livre destiné au lycéen est insensé, anti pédagogique et cela n’est pas la liberté d’expression telle que l’on peut la concevoir dans un État.

Pour autant, renoncer aux caricatures alors même que nous sommes menacés, n’est-ce pas renier notre liberté et céder un peu au chantage à la violence que feraient les islamistes ?

Il ne s’agit pas de renoncer aux caricatures, puisqu’elles ont existé, mais il s’agit de ne pas en faire un porte-drapeau. On ne guérit pas le mal par le mal. Ce n’est pas en provoquant que l’on apaise. Il faut sévir contre les fanatiques, contre l’islamisme qui veut nous asservir. Il faut gravement et fortement sévir et il faut que la loi ne badine pas avec ce sujet. Que l’on ferme les lieux qui sont porteurs de terrorisme. Il y a des lois pour cela. C’est là que la loi doit s’exercer.
Laisser libres les gens qui veulent vivre tranquillement. En multipliant la reproduction de ces caricatures, nous agitons un foulard rouge comme devant un taureau pour que même des gens qui n’étaient pas spécialement désireux de nous combattre aillent nous combattre. Ce sera encore pire quand ces caricatures seront montrées dans les établissements scolaires. C’est un très mauvais moyen d’aider à sortir de la crise.

D’après le maire de Nice, au moins deux personnes ont été égorgées et décapitées. Cette attaque fait évidemment penser à ce qu’avait subi la communauté catholique à Saint-Étienne-du-Rouvray en 2016 avec l’assassinat du Père Hamel. Ce scénario se répète-t-il ?

Évidemment ! Pardon de vous corriger, mais nous ne sommes pas une communauté parmi d’autres.
L’Église catholique n’est pas ce qu’on appelle la communauté catholique. Nous sommes l’Église catholique.
L’Église catholique a évidemment subi l’assassinat du père Hamel et nous voyons que ce phénomène recommence. Beaucoup d’islamistes associent les Européens en général à des chrétiens.
Ils les tuent parce qu’ils sont représentatifs des chrétiens. C’est assez surprenant et paradoxal dans un régime politique absolument laïque et surtout avec des gens qui ne se veulent pas chrétiens. Dans l’hommage qui a été donné à Samuel Paty, il n’y avait rien de tout cela. On veut une laïcité au-dessus des religions. C’est là aussi, une erreur.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 30/10/2020 à 17:28.
Mgr Bernard Ginoux
Mgr Bernard Ginoux
Évêque de Montauban

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